En 1976, JUDAS PRIEST n'est toujours pas devenu le monstre de METAL en fusion, dominé par le grand, l'unique, le grandiose Rob Halford, aka le METAL GOD. Non, le quatuor de Birmingham se cherche encore et se construit petit à petit, même si les progrès gagneraient à être plus importants.

Sad Wings of Destiny, pourtant, représente une avancée remarquable depuis Rocka Rolla. Le deuxième album du PRIEST contient des chansons qui méritent clairement d'être inoubliables pour toute personne s'y intéressant d'assez près. Je pense bien sûr à "The Ripper", la suite "Dreamer Deceiver"/"Deceiver" et l'enchaînement "Prelude"/"Tyrant". Quelques défauts émaillent ces morceaux (en particulier, la guitare, la deuxième moitié de "The Ripper" qui fait penser à une poule qui caquette), mais dans l'ensemble, ils sont irréprochables. Plus encore que sur Rocka Rolla, JUDAS PRIEST tient là ses premiers tubes.

Le reste n'est pas très glorieux, en revanche. "Victim of Changes" montre encore une fois que Halford, Tipton et Downing ne sont pas doués pour de longues plages épiques à tendance prog, tandis que "Epitaph" passe vraiment trop pour du sous-Queen pour être bon – et pourtant, il s'écoute facilement. Quant à "Genocide", le chant de Rob dans la dernière partie est surprenant, et surtout catchy, mais cette bonne idée est hélas trop peu exploitée.

Sad Wings of Destiny est un deuxième album d'un groupe encore bancal, mais dont les progrès font plaisir. Maintenant, il ne reste plus au PRIEST qu'à quitter l'infâme maison de disques Gull afin de se poser en véritable grand groupe à suivre.