Succédant au fameux Ziggy Stardust, Aladdin Sane a tout de l'album culte. En premier lieu, impossible de passer à côté de sa pochette iconique, sur laquelle tout ou presque a pu être dit. Ensuite, c'est là que se trouve le premier morceau de Bowie à atteindre les sommets du Billboard ("The Jean Genie"). Enfin, c'est le deuxième volet d'une trilogie imaginaire se refermant avec un certain David Live (1974).

Mais encore une fois, tout ceci n'est que du folklore cachant la triste réalité d'un album raté. Ici, il n'y a que du médiocre et du mauvais, avec quand même quelques pointes de bon. Pour ça, il faut se pencher sur la chanson-titre, aux ambiances irréelles et une interprétation toute en sobriété – dommage qu'il y ait des paroles pouet-pouet. Dans la même veine, "Time" est un numéro digne d'un grand cabaret, où Bowie montre enfin, derrière un décorum glam grandiloquent, son talent de chanteur à pleins poumons.

Voilà pour le positif. Le négatif... Déjà, reprendre une chanson des Rolling Stones est suffisant pour passer en alerte rouge. Tout ce que Bowie montre, c'est qu'il aurait fait un bien meilleur leader que Mick Jagger (en même temps, serait-ce si dur ?). Et peut-être faut-il être américain pour aimer "The Jean Genie", poussif blues sur lequel mieux vaut faire l'impasse. Et entre le bon et le mauvais, on a des occasions ratées de bien faire, comme "Panic in Detroit" dont le riff remarquable ne sauve pas une chanson quelconque.

Aladdin Sane souffre donc du même problème que ses prédécesseurs, et plus gravement par rapport à Ziggy Stardust. Un album bénéficiant d'un culte particulier, masquant ainsi ses grossières imperfections. Mais le mythe Bowie devient de plus en plus solide, et donc de plus en plus susceptible d'offrir une merveille, une vraie. Tout n'est que question de temps.