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David BOWIE - Blackstar (2016)
Par STREETCLEANER le 18 Janvier 2016          Consultée 1957 fois

« Look up here, I'm in heaven
I've got scars that can't be seen
I've got drama, can't be stolen
Everybody knows me now » (1)

Paroles tirées de « Lazarus » sur Blackstar

Voilà, Bowie nous a quittés en ce mois de janvier 2016 à l'âge de 69 ans, après dix-huit mois de lutte contre le cancer, peu après la sortie de ce Blackstar le 8 janvier 2016, date de son anniversaire.

Pour Blackstar, Bowie est allé chercher des musiciens de jazz (et notamment le saxophoniste du Maria Schneider Orchestra), de ce fait l'album, très cuivré, aura une petite coloration jazzy indéniable mais n'est pour autant pas un album ayant un lien fort avec le jazz (l'album 1. Outside est nettement plus imprégné de l'esprit du jazz – et de manière plus convaincante il faut dire). Le jazz souffle ici et là dans l'album comme au moment des interactions saxophone / piano sur le second titre « 'Tis A Pity She Was a Whore ». On notera également des influences électro évidentes, et là ce n'est pas non plus une nouveauté. Et à la différence de son prédécesseur, The Next Day, Blackstar ne s'encombre pas de titres en surnombre. D'ailleurs, « Blackstar », titre d'ouverture de 9:57 minutes, d'une durée peu compatible avec les exigences du format radio, tranche du fait de sa longueur avec un album plutôt court de 41 minutes pour 7 titres ; mais cette durée sied bien à l'album, et souvent le plus est l'ennemi du bien.

Si l’œuvre de Bowie a toujours été parcourue par la hantise de la mort, les atmosphères de Blackstar sont plus que jamais sépulcrales et crépusculaires ; il y flotte une sorte de fatalité ou de résignation, d'angoisse ambiante dans la lignée de certains titres de l'album 1. Outside, et qui pourrait empêcher certains d'y adhérer (écoutez donc ces quasi-supplications à la fin d'un « Sue (or in a Season of Crime) » revisité, très rock, parfois dissonant, où l'influence de Scott Walker est encore présente ; ou les chorus fantomatiques de « Blackstar »). Rarement son timbre aura autant été hanté, même s'il joue sur toute une palette de voix différentes : Bowie est notamment bouleversant quand il chante sur « Lazarus » : « Oh I'll be free / Just like that bluebird », et vous êtes parcourus de frissons. Probablement le plus beau titre de l'album, celui où il y a le plus de souffrance (dans le clip, morbide, Bowie est alité, agonisant – rappelons que ce terme de « morbide » est approprié puisque sa signification première est « qui relève de la maladie »). Ce titre sera peut-être un même un titre majeur de la discographie du Britannique. La montée de l'intensité, qui va crescendo est remarquable mais surtout inexorable, il n'y a pas de mouvement à rebours, juste une extinction dans les derniers instants ; celui ou celle qui n'est pas touché par ce titre n'est pas humain.

« Blackstar » est une longue fresque en triptyque vaguement orientale, et richement servie par le saxophone et qui, malgré quelques passages percussifs peu ou prou drum'n'bass, joue avant tout sur les atmosphères ; le bridge plus lumineux, mais pas serein pour autant, est de toute beauté. Le clip du titre phare débute par la découverte d'un astronaute mort qui va devenir la divinité d'une sorte de secte millénariste. Donny McCaslin, le saxophoniste, avait fait savoir que cette chanson faisait référence à l'Etat islamique ; Bowie le lui aurait révélé personnellement. Toutefois, le réalisateur du clip a démenti tandis que les autres musiciens avouaient ne pas en savoir davantage. Après tout, Bowie ne donnait plus d'interviews depuis un moment, donc les interprétations vont aller bon train.

« Blackstar », « Lazarus » et « Sue (or in a Season of Crime) » sont incontestablement les moments forts de l'album. L'interaction particulièrement vivante et libre des saxophone / piano sur le second titre « 'Tis A Pity She Was a Whore » enchante, tandis que la section rythmique délivre un groove puissant. Sur « Sue (or in a Season of Crime) » cette section rythmique, plutôt déchaînée et imposante, est proche du dynamisme de la drum'n'bass. Et le titre est parcouru d'effets électro psychédéliques, le saxo n'étant pas en reste dans sa folie : superbe ! Le tout est assez post-rock. Les autres titres sont dans l'ensemble plutôt sympa, sans être renversants ; toutefois le dernier « I Can't Give Everything Away » clôt Blackstar sur une note moins sinistre, et on se dit que ce disque se termine bien.

Alors Blackstar vaut-il vraiment ce 4/5 ? Je le crois oui, l'excellent côtoie du bon et du sympathique mais l'ensemble laisse une belle impression. Et je pars sur une autre impression : toute personne qui (re)découvrira Bowie le fera revivre d'une certaine manière : David Bowie ne sera jamais une étoile noire, il continuera à illuminer et enchanter nombre d'âmes, une forme certaine d'éternité.

(1)

« Lève les yeux ici, je suis au Paradis
J'ai des cicatrices qu'on ne peut voir
J'ai connu des drames qu'on ne peut s'approprier
Tout le monde me connaît maintenant »

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   (3 chroniques)



- David Bowie (chant, guitares, arrangements des cordes)
- Donny Mccaslin (saxophone, flûte, woodwind)
- Jason Lindner (piano, wurlitzer, claviers)
- Tim Lefebvre (basse)
- Mark Guiliana (batterie, percussions)
- Ben Monder (guitare)
- Tony Visconti (cordes sur blackstar)
- James Murphy (percussions sur sue et girl loves me)
- Erin Tonkon (backing vocals)


1. Blackstar
2. Tis A Pity, She Was A Whore
3. Lazarus
4. Sue
5. Girl Loves Me
6. Dollars Days
7. I Can't Give Eveyrthing Away



             



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