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Hugues AUFRAY - Garlick (1972)
Par MARCO STIVELL le 5 Avril 2020          Consultée 1511 fois

Garlick est un élément totalement à part dans la discographie de Hugues AUFRAY. C'est une parenthèse hors de la variété, totalement branché pop et folk dans un esprit années 70, post-rêve hippie et qui, avec un zeste d'audace en plus, aurait pu s'inscrire dans une veine progressive.

Pour l'album à la grosse gousse d'ail (équivalent français du mot anglais garlick) telle qu'exhibée sur le verso de la pochette gatefold ouvrante, AUFRAY donne l'impression de faire les choses en grand alors qu'il s'agit de son oeuvre la plus personnelle, n'hésitant pas à user de photos de ses proches, de ses musiciens, de la campagne profonde dans laquelle il se complaît parfaitement, bottes au pied, chevaux dans l'enclos, paysages de lande à peine traversées par une route...

La ruralité imprègne mieux que jamais le son, pourtant prélevé dans un studio moderne de grande ville (l'Acousti, à Paris) et renforce la sensation d'authenticité. C'est un disque affranchi comme le clame une chanson ("Moi je choisis la liberté"), sauf pour le format de chansons courtes, ce qui n'enlève rien à la musicalité. Il y a même plus d'instrumentaux que jamais !

Pour les arrangements, AUFRAY doit beaucoup à son fidèle accompagnateur Jean-Pierre Sabard. Le piano-voix le plus simple pour une chanson de séparation, "Adieu" qui d'ailleurs fait penser avec délice à du Elton JOHN alors en plein dans ses grandes années, côtoie les orchestrations plus sophistiquées de "Lila".

En deux parties, "Lila" reste un moment privilégié dans la carrière de Hugues, qui déclame simplement des images rurales, invitant la demoiselle à une soirée de village, sur fond de six-cordes saturée et d'autres guitares de toutes sortes (12 cordes notamment), d'orgue et de ballade lumineuse. Le batteur Coaty De Oiiveira se déchaîne... Puis vient la deuxième partie, plus douce et brumeuse, poussant une basse jouée au médiator en avant (bien d'époque ça aussi). C'est à la fois sucré et nébuleux, en grande partie grâce à des choeurs/vocalises semblant tout droit sortis du merveilleux album Trespass de GENESIS. Privilégié, vous disait-on !...

Un bel équilibre entre chansons simples mais efficaces et travaillées d'un point de vue instrumentation. Rien à voir avec les albums de 1970, et vous noterez d'ailleurs qu'il n'y a pas de section de cordes ici ! Une vraie parenthèse, comme on va le voir pour Nicole, l'effort suivant. On retrouve les choeurs spectraux sur "O Maria", chanson douce adressée à une jeune femme, parcourue d'un arpège aussi velouté que le chant d'AUFRAY. Frissons... Autre bijou, "On n'est pas heureux" qui lorgne vers une pop à la Paul McCARTNEY, piano porteur, flûte à bec sur les refrains.

Le reste de l'album nous plonge dans les rythmes country ou folk sautillant. Au programme, phrasés de pedal-steel guitare, harmonica sur la partie instrumentale de "Fleur d'oranger", très solaire avec ses percussions world, et même boîte à meuh pour venir embêter le piano délicat de Sabard sur "Boeuf gros sel", autre histoire sans paroles. Ce sont des moments fort sympathiques, notamment "Fleur d'oranger" avec son banjo en roue libre pour soutenir un texte âpre et sanglant (histoire d'amour devenue crime), "Moi je choisis la liberté" ou encore "Fais-moi un lit dans ton grenier".

Il y a une légère baisse de régime vers la fin, mais Garlick se conclue avec force grâce à un final bien envoyé. "À propos d'un détail" est une sorte de monologue musical blues où la voix grave de AUFRAY réunit des cosmonautes revenus de voyage avec des représentants de toutes les religions sur une île du Pacifique, pour leur prouver l'existence de Dieu en leur expliquant que même en s'étant déchirés pour avoir raison, ils se sont tous trompés lourdement. La chute vaut elle aussi le détour ! Bref, jusqu'à la fin, c'est un disque très intéressant, quelque peu maudit et ignoré du grand public (aucun tube !), mais qui reste un essentiel de Hugues AUFRAY.

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   MARCO STIVELL

 
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- Hugues Aufray (chant, guitare acoustique, harmonica, flûte)
- Jean-pierre Sabard (piano, orgue)
- Michel Colombai (basse)
- Coaty De Oliveira (batterie, percussions)
- Georges Augier De Moussac (guitares, basse)
- Marc Bozonnet (guitares, banjo)
- André Georget (guitare acoustique 12 cordes)
- Don Sanford (pedal-steel guitare)
- Gérard Salesses (piano, orgue)


1. Lila 1re Partie – Le Bal Au Bois Du Loup
2. Lila 2e Partie – Perdu Dans La Forêt
3. Moi Je Choisis La Liberté
4. On N'est Pas Heureux
5. Fleur D'oranger (instrumental)
6. Adieu
7. Fleur D'oranger
8. O Maria
9. New Baby
10. Fais-moi Un Lit Dans Ton Grenier
11. Boeuf Gros Sel (instrumental)
12. À Propos D'un Détail



             



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