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- Style : Mgmt, Jellyfish, The Lickerish Quartet
- Membre : Dennis Wilson
- Style + Membre : Brian Wilson , Wilson Phillips

The BEACH BOYS - 15 Big Ones (1976)
Par BAAZBAAZ le 21 Août 2020          Consultée 1771 fois

L’un des grands paradoxes de l’histoire du Rock est que les BEACH BOYS aient pu engendrer des fans snobs. Des esthètes, des gens sérieux qui voient en Brian Wilson une sorte de petit Mozart contemporain (fou et maudit, par-dessus le marché) et qui louent avec adoration son œuvre dite de "maturité", c’est-à-dire en gros "Pet Sounds" et quelques bribes éparses de chansons associées à la mythologie "Smile" (l’album qui aurait peut-être mieux fait de demeurer perdu). Dans les dîners en ville, ces gens-là défendent coûte que coûte le génie de leur héros et crient au scandale si on a le malheur de réduire le groupe à ses tubes insouciants des premières années (jusqu’en 1965 pour faire simple), où il n’est question que de filles, de voitures et de surf. Ils s’acharnent à démontrer que les BEACH BOYS étaient un grand groupe, profond, incompris, etc. Et honte à celui qui se serait arrêté à "Fun, Fun, Fun" ou à "Dance, Dance, Dance" (et autres titres à la portée philosophique effectivement contestable).

Parmi ces fans, un peu rabat-joie il faut dire, s’est dégagée récemment (disons depuis les années 2000) une faction un peu à part de snobs dits "pointus" qui daignent s’intéresser à l’étonnante discographie 70's du groupe. Celle-ci comporte il est vrai des albums formidables (Sunflower, Surf’s Up ou encore le merveilleux Love You, œuvre majeure de Brian Wilson, qui ressemble à un mashup avec ELO). Mais aucun au grand jamais n’aurait l’idée d’accorder la moindre attention à 15 Big Ones, album honni, méprisé et détesté, généralement considéré avec le plus grand dédain et désigné à la vindicte populaire en tant que symbole de la décadence de la famille Wilson et de la prise de pouvoir de Mike Love et de sa clique vénale.

L’histoire est connue. Alors même que jusqu’en 1973 les BEACH BOYS démontrent disque après disque qu’ils sont capables de composer une musique à la fois mature, entraînante et vibrante, et surtout qu’ils ont survécu artistiquement au naufrage de Smile et à leur propre effondrement commercial, une catastrophe survient (aux yeux des fans snobs, du moins) : l’incroyable et inattendu succès de la compilation Endless Summer (n°1 au Etats-Unis en 1974, avec le meilleur d’avant 1965, dont Fun, Fun, Fun, etc.) met des étoiles plein les yeux des gros bonnets de Warner Records qui se disent que leurs poulains vieillissants, barbus et empâtés, redeviennent enfin les machines à cash d’autrefois. Pour les frères Wilson, l’argent rentre dans les caisses mais c’est un crève-cœur : en lieu et place de la reconnaissance artistique attendue, le grand public – le tout-venant du spectateur béat – réclame les chansonnettes d’antan, i.e. les filles, les voitures et le surf. Mike Love (qui en a fini avec sa période gourou) et Al Jardine, qui veulent capitaliser sur ce regain de notoriété, entendent le message, font leur coup d’Etat et bricolent un album de reprises 60's auxquelles s’ajoutent quelques compositions tâtonnantes de Brian ("Brian is Back" dira la pub) qui sonnent tout aussi datées. Ils imposent leur vision du groupe : non pas un groupe tourné vers l’avenir, mais vers le passé, grand barnum à l’enthousiasme criard qui vivra de la nostalgie de son public. Et le fait est que cette stratégie, bon an mal an, a bel et bien duré jusqu’à aujourd’hui.

C’est la légende noire de 15 Big Ones. L’album de la décadence, la fin des ambitions, le putsch de Love (et ses rêves d’être le grand frontman des BEACH BOYS, lui qui n’est justement à l’aise sur scène que dans le répertoire léger et direct des 60's), l’opportunisme, etc. Tout ce que les fans snobs abominent encore des décennies plus tard, eux qui regardent depuis lors, de loin, avec consternation, le groupe continuer à tourner (sans les Wilson) avec une setlist dégoulinante de Coppertone où culminent en rappel "Kokomo" et… "Fun, Fun, Fun" (pour ne pas la nommer).

Mais alors ce disque ? Il est évidemment très bon. Très futile, très dispensable, mais très bon. Parce que même si les fans snobs n’ont pas tout à fait tort, il faut bien les remettre de temps en temps à leur place. Contrairement à un mythe tenace, le choix des reprises est plutôt judicieux : le "Rock and Roll Music" de CHUCK BERRY coule de source avec ses chœurs clinquants et "Chapel of Love" (un hit de 1964 des DIXIE CUPS), d’une fluidité parfaite, est transfigurée. Finalement, seule "Blueberry Hills" est un peu hors propos, sonnant comme la resucée pataude d’un vieux standard qui n’en sort pas grandi. Et surtout, oui surtout : il faut écouter très attentivement "Palisades Park" (initialement chantée en 1962 par FREDDY CANNON)… Car nous sommes à l’hiver 1976 et l’histoire du Rock est en train de se télescoper méchamment. Alors même que les BEACH BOYS travaillent sur 15 Big Ones à Santa Monica, les RAMONES enregistrent leur premier album à l’autre bout du monde, à New-York. A peu de choses près, et quelques guitares, la musique est la même : même format, mêmes mélodies, même fascination pour les années 60, la Californie et la culture surf (les deux groupes n’ont-ils pas en commun la reprise de "Do You Wanna Dance" de BOBBY FREEMAN ?). Mais ce "peu de choses" fait toute la différence entre un groupe qui s’enlise dans une époque révolue, et un autre qui écrit l’avenir. Alors, Punks les BEACH BOYS ? Presque… Love n’aurait sans doute pas chanté "Now I Wanna Sniff Some Glue".

On s’entendra sur le fait que les compositions du groupe ne sont sans doute pas aussi décisives que les hits mentionnés. Quoique : si "It’s OK", "Had to Phone Ya" ou "That Same Song" font rire les amateurs de "Caroline No" ou de "God Only Knows", si elles constituent indéniablement une forme de régression artistique par rapport à l’apogée éphémère de Brian Wilson, elles sont parfaitement à leur place sur ce disque (pour le meilleur ou pour le pire, au choix). Même Love, qui n’a jamais été un compositeur manchot, case une jolie petite ballade avec "Everyone's in Love with You". Tout l’album est sur un même format : Rock californien suranné à la production polie, délesté de toute agressivité et rehaussé de chœurs splendides qui s’envolent partout comme des ballons d’hélium. Autant de qualités qui peuvent tout autant faire horreur. L’album sort pour l’été 1976, la réception critique est désastreuse et la postérité snob aiguise déjà ses couteaux. Mais la réception publique est plutôt bonne : l’album n’est pas vraiment un best-seller, mais c’est le dernier succès (modeste) des BEACH BOYS. Sert-il à quelque chose ? Faut-il vraiment se l’infliger au milieu d’une discographie qui recèle des surprises bien plus subtiles, ne serait-ce que "Love You" un an plus tard ? Pour ceux qui goûtent les plaisirs simples du répertoire 60's du groupe – et qui ont déjà écouté jusqu’à plus soif ses classiques –, c’est un incontournable. Pour les autres...

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- Mike Love (chant)
- Brian Wilson (chant, piano, synthétiseur arp)
- Carl Wilson (chant, guitare, basse)
- Al Jardine (chant, guitare)
- Dennis Wilson (chant, batterie)


1. Rock And Roll Music
2. It's O.k.
3. Had To Phone Ya
4. Chapel Of Love
5. Everyone's In Love With You
6. Talk To Me
7. That Same Song
8. Tm Song
9. Palisades Park
10. Susie Cincinnati
11. A Casual Look
12. Blueberry Hill
13. Back Home
14. In The Still Of The Night
15. Just Once In My Life



             



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