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The BEACH BOYS - Summer In Paradise (1992)
Par MARCO STIVELL le 27 Septembre 2024          Consultée 246 fois

Certains fans considèrent Summer in Paradise (1992), dernier véritable album des BEACH BOYS avant longtemps, comme le 'Pet Sounds de Mike Love' de façon très ironique. Ce qui ne rend pas cet album gagnant à leur yeux, c'est que Brian Wilson en est, à un ou deux credits près, totalement absent : Carl a aidé à le débarrasser enfin de son trop collant Eugène Landy, juridiquement parlant, Brian a ensuite pu retrouver Melinda, la nouvelle femme de sa vie dont il était séparé depuis 1989, et donc il doit récupérer. Mike Love, aux rênes de l'écriture en collaboration avec l'habituel Terry Melcher, ce dernier produisant l'album, obtient ici le champ libre, bien que Carl garde une prépondérance certaine au chant.

La pochette est plutôt sympa – en tout cas dans sa version US, l'internationale revenant à du plus basique -, avec un petit côté parlant en ces années Sauvez Willy (même si le film avec l'orque ne sort que l'année suivante). Tout le monde n'est pas forcément amateur des baleines et ne tient pas à augmenter son empreinte carbone juste pour aller les regarder ou les entendre chanter, les embêter en nageant avec elles ni leur donner l'envie de satisfaire un petit creux éventuel à quatre heures, et même sur une pochette, cela reste un peu effrayant. Mais les BEACH BOYS sont ici tenus par une légère forme de sensibilité écologique, en plus de donner l'envie de rêver aux îles désertes et autres coins paradisiaques, de proposer un album dédié à l'été sous toutes ses coutures.

Ils sont ainsi un peu en avance pour cela. Idem, et ce malgré l'absence de Brian Wilson, pour un détail qui n'est pas de l'ordre de la composition, à savoir que Summer in Paradise est le premier, ou au moins l'un des, album à être enregistré via le nouveau système Pro-Tools. Celui-ci n'a pas encore commis tous les dégâts à venir des années 2000/2010 et au-delà, mais la réalisation a quand même ce caractère propret que l'on ne peut guère imputer qu'aux années 80. Il y a une certaine fraîcheur agréable et cependant, un net manque de densité. Summer in Paradise, loin d'être jugé pour ses valeurs positives, repose en outre sur des réenregistrements (comme "Surfin'", seule chanson co-signée Mike Love/Brian Wilson extraite de leur tout premier disque en 1962), des reprises ("Hot Fun in the Summertime" de SLY & THE FAMILY STONE, "Remember (Walking in the Sand)" des SHANGRI-LAS), des emprunts extérieurs remaniés...

L'album, sous le couvert de EMI et Brother est distribué aux U.S.A. par un label indépendant, Navarre qui fait aussitôt faillite, pour cause de ventes si peu nombreuses (moins de 1000 !), non aidées par les critiques assassines. Le vilain petit canard, mais est-ce totalement mérité ? Il est vrai que dès la reprise "Hot Fun in the Summertime", rempli d'harmonies doo-wop façon BEACH BOYS en bon agencement mais débordant aussi de réverb', toujours marqué par les 80's jusque dans le sax déchirant de Joël Peskin, on sent une envie de bien faire mais pour une qualité très relative. Le sax, puisqu'on en parle, est beaucoup trop présent. Carrément ronflant sur l'autre reprise, celle des SHANGRI-LAS (où le groupe fait joujou avec le pitch pour les choeurs), il gâche ce qui s'apparente plus à un vrai plaisir sur la chanson-titre, où la guitare 12 cordes électrique Rickenbaker de Roger McGuinn (BYRDS) brille comme elle le faisait vingt-années plus tôt.

Par rapport à l'album précédent, au moins on ne peut pas critiquer le copier-coller direct : la nouvelle version funky de "Surfin'" chantée par Carl et Mike, bien qu'usant à fond des sonorités bon marché (hormis les guitares toujours très vraies), est très bonne, un vrai tube manqué. "Summer of Love", également héritière de ce que les BEACH BOYS proposaient sur Still Cruisin' (1989), elle possède des sonorités rap mais sans invités cette fois, Mike Love menant l'ensemble avec une sorte de talk-over loin d'être désagréable. Avec l'ensemble des choeurs, le refrain séducteur, on ressent une évidence : cette chanson comme ce disque ne manquent pas de bonnes idées. Il y avait d'ailleurs l'envie de l'insérer dans la série TV animée Les Simpson pour y faire chanter le petit Bart, mais cela n'a pas pu se produire ; en revanche, le public d'une autre série en vogue, Baywatch/Alerte à Malibu et pourtant plus californienne celle-là, a pu l'entendre passer plusieurs fois.

L'accordéon de Van Dyke Parks, autre ami de longue date, plane régulièrement comme sur "Island Forever", à l'effet "Kokomo" et ouvert par des bruits d'île tropicale, rétro et rose bonbon mais frais et sympathique, avec une bonne progression mélodique et même un p'tit solo guitare 50's. Idem sur "Lahaina Aloha" pas si hawaïenne en dehors du titre, sur la bluette entêtante "Still Surfin'" pour demoiselles encore sensibles au genre à l'époque, menée par Mike et sa voix canard, où le refrain voit l'ajout d'une batterie massive.

Alors que "Under the Boardwalk" offre une soul mignonnette et planante conduite par une boîte à rythmes Roland un peu groovy, on apprécie tout autant le caractère smooth et soft de "Strange Things Happen" (bien joli petit solo de 12 cordes) ainsi que de "Slow Summer Dancin'", seule contribution créative de Bruce Johnston. Mais c'est bien "Summer in Paradise", malgré son sax incongru (contrairement, à la rigueur, aux chansons mentionnés juste avant), qui retient l'attention, non seulement pour la participation de Roger McGuinn, mais parce que l'effort, sous l'appui de Mike qui cite ouvertement "Barbara Ann", "Kokomo" etc, demeure un beau moment folk-rock avec l'esprit de voyage.

Les BEACH BOYS ont certes fini par succomber à une grande légèreté, mais elle n'est pas condamnable, d'autant plus sur un album qui se rapproche autant de leurs débuts avec un ou deux apports supplémentaires et malgré une production moderniste. Les sons de guitares et de claviers sont splendides, les mélodies et harmonies bien que moins classieux que vingt ans auparavant sont toujours là. Et cependant, c'est avec "Forever", jolie ballade finale en clin d'oeil à Dennis Wilson (il l'avait composée justement pour l'album Sunflower, 1970), ici chantée par John Stamos, acteur et vieux fan du groupe, que l'on comprend ce qui manque à cet album, à travers son pont bien trop court notamment.

Une accalmie tout aussi aérienne mais plus aérée que d'autres moments pop plus fournis ailleurs sur les chansons qui ont précédé, avec juste les voix survolées par Carl, l'accordéon, des arpèges délicats et de petits percussions ; c'est si beau, franchement ! En somme, des moments plus acoustiques et fins de ce calibre, en nombre supérieur auraient sans doute aidé à donner un autre visage à Summer in Paradise. Album maudit de réputation, mais toujours nettement préférable à ce que les BEACH BOYS, cette fois en compagnie de Brian, nous réservent pour l'année 1996, nouvelle fin d'une époque puisqu'il s'agira également de l'ultime expérience avec le bon Carl Wilson.

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   MARCO STIVELL

 
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- Carl Wilson (chant)
- Mike Love (chant)
- Al Jardine (chant)
- Bruce Johnston (chant, claviers)
- Terry Melcher (claviers, choeurs)
- Danny Kortchmar (guitares)
- Craig Fall (guitares, mandoline, basse-clavier)
- Rod Clark (basse)
- Ken Mary, Sammy Merendino (batterie)
- Sal Marullo (congas)
- Richard Titus (programmations clavier)
- Keith Wechsler (claviers, programmations clavier, batterie)
- Joel Peskin (saxophones)
- Van Dyke Parks (accordéon, claviers)
- Gary Griffin (accordéon)
- John Weston (pedal-steel guitare)
- John Stamos (chant, batterie)
- Adam Jardine, Adrian Baker (choeurs)
- Roger Mcguinn (choeurs, guitare électrique 12 cordes)


1. Hot Fun In The Summertime
2. Surfin'
3. Summer Of Love
4. Island Forever
5. Still Surfin'
6. Slow Summer Dancin'
7. Strange Things Happen
8. Remember (walking In The Sand)
9. Lahaina Aloha
10. Under The Boardwalk
11. Summer In Paradise
12. Forever



             



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