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The BEACH BOYS - Smiley Smile (1967)
Par TOMTOM le 19 Février 2017          Consultée 5710 fois

Brian WILSON aura donc été le premier à péter les plombs. Difficile de dater précisément l’affaire… Entre l’automne 66 et le printemps 67, fourchette large. A l’époque, Brian en a fini avec « Good Vibrations », un titre qui lui tordait les neurones depuis les sessions de Pet Sounds. Après avoir usé 90 heures de bandes magnétiques (!), notre petit génie accouche d’une chanson monumentale, la grande cathédrale de la pop américaine. Sortie le 10 octobre 1966, « Vibrations » version single est immédiatement catapultée number one.

Chez Capitol Records, on commence à se détendre. La maison de disque n’a pas du tout aimé Pet Sounds, qu’elle s’est fait un plaisir de torpiller tout en faisant comprendre à Brian qu’il fallait qu’il arrête ses conneries. Le cousin Mike est bien d’accord. « Good Vibrations » (dont il a écrit les paroles) est sa revanche, un retour aux tubes capables de remplir les juke-box. Brian voit les choses autrement et décrète que « Good Vibrations » n’est que le premier mouvement du chef d’oeuvre qu’il entend léguer à l’humanité : Smile.

Ce qui commence à ce moment précis n’est rien d’autre que le premier mélodrame surmédiatisé de l’Histoire de la pop music. Brian fout son piano dans un bac à sable et charge Van Dyke PARKS d’écrire les textes. La maison de disque imprime les pochettes. Brian se gave de LSD et enregistre des kilomètres de bandes. Ce bout-ci viendra après ce bout-là. Brian doute. Brian prend plus de temps que prévu. La sortie du disque est repoussée. Brian se re-gave de LSD. Brian ne sait plus où il va, il a toute la pression du monde sur ses épaules. Paranoïa, confusion, perte de contrôle… le studio est en train D’AVALER Brian WILSON.

Printemps 1967, Brian annonce qu’il abandonne le projet « Smile ». Voilà, voilà.

J’ai lu des choses affreuses sur le net à propos de Smiley Smile, le disque qui est sorti à la place. Du genre « ambient », « merveille de pop minimaliste ». Oui et non. Cet album est avant tout un naufrage. Celui d’un groupe qui s’est toujours reposé sur un leader aujourd’hui à côté de ses basques. Cet album est un plan B qui n’a rien à voir avec le projet initial, un disque torché dans un état second et parce qu’il fallait bien sortir quelque chose à ce moment-là.

Enchaîner Pet Sounds et Smiley Smile est une expérience traumatisante. Brian WILSON a abdiqué. Le studio comme arme d’émerveillement auditif ? Fini tout ça, retour à une production bas du front. Avec des bruitages couillons en plus. Ainsi, Paul MCCARTNEY craque du céleri (!) sur « Vegetables » (un titre logiquement chanté par Al JARDINE). Sur « Wind Chimes », il y a tout un délire avec des bruits d'eau. Brian, qui avait trouvé tous les arrangements fabuleux de Pet Sounds, est devenu obsédé par cet orgue au bruit bizarre, très fin-de-soirée-au-cubi-de-rosé. Il en met partout. « Fall Breaks And Back To Winter » est angoissante au possible.

La présence de « Heroes And Vilains » et de « Good Vibrations » sauve l’affaire et en même temps n’aide pas vraiment les BEACH BOYS. « Heroes » a été composée pour être la pièce centrale de Smile (le disque qui est pas sorti, donc). Et c’est un chef d’oeuvre. Même si (déception) la version présentée ici a été réenregistrée dans le studio maison de Brian, soit sans les orchestrations initiales. « Vibrations » a une page Wikipédia longue comme le bras et reste probablement, encore aujourd’hui, une des plus grandes chansons jamais enregistrées.

A côté de ces deux titres légendaires, le reste fait un peu cheap. A la place de « minimaliste », je choisirai « en chantier ». Sur « Little Pad » ou « She’s Goin’ Bald », on ENTEND les morceaux de chansons et les mélodies qui se succèdent. La différence, c’est que sur un titre comme « Heroes And Vilains », tous ces bouts de chansons étaient arrangés pour créer une mini-symphonie, LA grande vision de Brian WILSON.

Les BEACH BOYS étant ce qu’ils sont (de grands chanteurs), évidemment que ce disque n’est pas à fracasser contre le mur. Leurs harmonies, même dans un registre opposé à celui de leur début, restent inestimables. L’atmosphère enfantine et fucked up de l’ensemble peut en émerveiller certains et il y a de très belles mélodies planquées à droite à gauche (« With Me Tonight », « Gettin’ Hungry »). Mais comme l’a écrit un collègue, le groupe entre avec Smiley Smile dans sa période post-traumatique. Passé le choc, il va leur falloir un peu de temps pour sortir la tête de la vague psychédélique qui submerge la Californie et assumer leur nouveau statut de « surfeur mystico-dépressif ». Et à partir de maintenant, il faudra surtout faire sans Brian WILSON.

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   TOMTOM

 
  N/A



- Brian Wilson (chant)
- Carl Wilson (chant)
- Dennis Wilson (chant)
- Mike Love (chant)
- Al Jardine (chant)


1. Heroes And Villains
2. Vegetables
3. Fall Breaks And Back To Winter
4. She's Goin' Bald
5. Little Pad
6. Good Vibrations
7. With Me Tonight
8. Wind Chimes
9. Gettin' Hungry
10. Wonderful
11. Whistle In



             



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