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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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JAMES BOND - Bons Baisers De Russie (john Barry) (1963)
Par MARCO STIVELL le 7 Février 2021          Consultée 1272 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

From Russia With Love/Bons Baisers de Russie, nouvelle de Ian Fleming publiée en 1957, est souvent l'un des chapitres favoris du public dans la saga James Bond. En livre, c'est le cinquième, mais en film (1963) ce n'est que le deuxième ; il suit donc de peu 007 Contre Dr. No, alors que l'histoire originale est censée précéder ce dernier, avec pour lien narratif le fameux Beretta qui s'enraye et le séjour de Bond à l'hôpital. Le livre, plébiscité en 1961 lors d'une interview par John F. Kennedy en personne qui le cite parmi ses favoris, ne pouvait espérer meilleure publicité. Le film, quant à lui, explose les compteurs d'entrées au cinéma et connaît même une popularité certaine de l'autre côté du Rideau de Fer puisque Leonid Brejnev, premier secrétaire du Parti et dirigeant suprême de l'U.R.S.S, le visionne trois fois en cachette, ce qui relève de l'exception pure et simple.

Sur le plan de l'histoire, le livre offre la première véritable épopée de James Bond en Europe, avec quand même une grosse partie d'introduction (70 pages sur 170) dédiée aux Services Secrets russes et à la mise en place du piège. Terence Young de nouveau à la réalisation, sous la houlette des producteurs Albert Broccoli et Harry Saltzman, veut diminuer le ton 'guerre Froide' en faisant en sorte que le plan machiavélique émane moins de SMERSH (les Soviétiques farouches opposants du MI6 et de la CIA) que du SPECTRE, autre organisation 'libre' et dangereuse, mieux mise en valeur dans les films dès Dr. No – avec notamment la présence du chef au visage invisible, caressant son chat blanc - que dans les livres.

Sean Connery, star nouvelle, se retire quelque peu au second plan tant qu'il est avec Pedro Armendáriz/Kerim Bey, son supérieur en Turquie, pour mieux revenir dès que survient la douce et belle Daniela Bianchi/Tatiana ou Tania Romanova à ses côtés. Là où Fleming écrit de rares scènes d'action (le cercle gitan avec le combat de femmes et l'intervention des tueurs, le long voyage en Orient-Express), les cinéastes se font plaisir. Avec la bénédiction de l'auteur toujours en vie - plus pour longtemps -, ils ajoutent des scènes de bateaux et obtiennent même la première autorisation connue (!) de faire entrer des caméras à l'intérieur de la basilique Sainte-Sophie à Istanbul. Ce lieu d'orfèvre et si important dans l'histoire byzantine est l'une des deux splendeurs du film en matière de décor intérieur, avec la salle du tournoi de jeu d'échecs de Venise, inventée quant à elle de toutes pièces pour le film par contre. Une réussite sur le plan visuel donc.

Musicalement, tout commence avec le "gunbarrel" et le "James Bond Theme" de Monty NORMAN, preuve que la marque de fabrique était déjà en place l'année précédente. Pour ce film, le thème se voit revisité par John BARRY grâce aux cuivres forts et au rythme plus jazzy ("007") pour signifier le retour du héros à l'écran et souligner les moments d'action. Survient alors une danse chaloupée instrumentale avec percussions et cordes sensuelles, auxquelles répondent les cuivres de temps en temps.

On a affaire là au deuxième et dernier générique "prototype" de James Bond par Maurice Binder, et si cette fois il vient seulement après la première séquence, comme il se doit, si on ne voit plus les vilains points de couleur, "From Russia With Love" spécialement pour les crédits et dans sa forme non-chantée n'est toujours pas la carte de visite de la saga. La ballade nostalgique, écrite par Lionel BART (qui s'est rendu célèbre avec la comédie musicale Oliver!, inspirée par Dickens en 1968), jolie au demeurant, n'arrive véritablement qu'à la fin du film. Sur fond de piano joué comme un clavecin, elle met en avant Matt MONRO, sommité de la chanson à cette époque, et dont la voix splendide, réputée 'd'or', fait un peu penser à un Tom JONES qui saurait se contenir (mieux connu de la postérité, le Gallois chantera lui aussi pour James Bond mais deux ans plus tard !).

Contrairement à Dr. No, John BARRY délaisse toute autre envie de chanson et réduit les effets 'kitschs'. Ils se ressentent sur "Leila Dances" - avec la belle gitane - et "The Golden Horn", la Corne d'Or, évocation de l'une des côtes portuaires d'Istanbul sur le Bosphore, qui gardent une teneur exotique à base de marimba, guitare et finger cymbales (aux doigts). On trouve ici un peu de douceur et de mélancolie bienvenues ("Guitar Lament", "Bond Meets Tania"), où la harpe se met en couple avec le glockenspiel tandis que les cordes tissent des ambiances rêveuses. Surtout, on se laisse prendre par un "Gypsy Camp" intense (guitare gitane avec flûte piccolo), un "Tania Meets Klebb" entre sensualité et inquiétude, et pour cause : les penchants lesbiens de Klebb, en plus de sa froide sévérité, n'aident pas la belle Daniela Blanchi/Tatiana à se sentir plus à l'aise, avec l'oeil du SMERSH sur elle et face à ce qui l'attend !

Là où cette bande sonore tire son épingle du jeu, tout comme d'ailleurs le film par rapport au livre, c'est dans les moments d'action. BARRY travaille dès la première scène sur des thèmes improvisés plutôt soft, au parfum de mystère. "Stalking" et "Man Overboard/SMERSH in Action" illustrent à merveille cette présentation visuelle de Robert Shaw/Grant, en plein exercice de ses aptitudes de tueur glacial, redoutable, à travers les cordes col legno (jouées avec la baguette de l'archet), la harpe et le vibraphone encore. Sans oublier les incrustations brèves du "James Bond Theme" intelligentes et qui cristallisent l'angoisse. Deux autres partitions fortes encore : la visite mouvementée de Sainte-Sophie (cloches tubulaires et tambours, cuivres bouchés pour effet d'approche silencieuse) et la marche funèbre de Grant dans l'Orient-Express, qui s'accélère prodigieusement. Rien qui n'égale le thème de la tarentule du Dr. No sur le long terme, mais un ensemble égal et réussi.

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(ndlr : une scène coupée de l'Orient-Express). Aussitôt après la défaite de Grant, devant le cadavre de celui-ci, James Bond s'adresse au contrôleur :
« Vous ne direz rien, n'est-ce pas ?
-Cela va m'être difficile, monsieur...
-Prenez cela, dit Bond en tendant les cinquante souverains en or qui ont été fatals à ce salaud de Grant (dans le film seulement), et rafraîchissez votre mémoire, pensez au livre. Vous avez été mis au courant par mon ami Kerim Bey, il vous a déjà payé des services. Comment vous appelez-vous ?
-Marko Stivelov.
-Vous savez qui je suis donc. J'imagine que vous saurez vous taire...
-Oh oui, monsieur. On me surveille vous savez.
-Allons, SMERSH tient là une cuisante défaite.
-Pas SMERSH monsieur. J'ai peur de SASKATCHEWAN !
-Qui est-ce ?
-Quelqu'un qui tient à ce qu'on ne dise pas trop de bêtises sur les Russes. Il dit que nous, les petits Occidentaux, nous n'y entendons rien...
-Attends ! Tu t'appelles Marko Stivelov et tu dis « nous, les petits Occidentaux » ? Allons, pas d'entourloupe !
-Retirez votre arme, monsieur, nous sommes du même côté ! »
Puis, tout bas, le faux contrôleur dit :
« Je suis en lien indirect avec le PACS. Bureaux d'espionnage provençaux.
-Jamais entendu parler. PACS, hein ?
-Oui, Provence-Alpes, S pour Service et le C je ne sais pas vraiment ce qu'il veut dire. Oh, ils ne sortiront pas de l'ombre, mais en cas de besoin, vous pouvez les contacter par moi-même...
-Je doute en avoir besoin ! trancha Bond, avec une fierté toute britannique.
-Dans tous les cas, veillez à ne pas trop chatouiller les Russes, ne leur dites pas qu'ils ne se lavent jamais ou je ne sais quoi...
-Tant pis pour les Russes. J'agis pour l'Angleterre, l'honneur de la Reine et je préfère que M garde une humeur cordiale.
-Et Desmond Llewelyn aussi, monsieur. Je veux dire... Vous-savez-qui. »
Sean Connery/James Bond sourit en pensant à cette asperge râleuse aux cheveux déjà grisonnants.
« Ah oui, c'est la première fois que je le croise en film et m'est avis que ce n'est pas la dernière !
-Il peut être satisfait : vous lui ramenez la valise piégée, votre seul armement spécial pour ce film, en bon état.
-À propos du film, vous avez aimé, vous ?
-Oui mais pas autant que d'autres.
-Un détail à souligner ?
-Il y a plus de moyens. C'est bien de mettre déjà le SPECTRE en avant... Enfin, façon de parler ! Pour SMERSH, on voit déjà Walter Gotell en général G. au début, et c'est fort quand on sait qu'il ne reviendra qu'en 1977 ! Et puis Robert Shaw en Grant ! Il ne parle pas pendant les trois quarts du film, et il joue bien le colosse tueur de sang-froid. Quand on sait que dans douze ans, c'est lui qui blaguera sans cesse et chassera le requin avec acharnement dans les Dents de la Mer...
-Bon merci, tu parles trop. Prends ton pourboire plus que généreux et pars.
-Juste, faites attention ! Contrairement au livre, l'Orient-Express cette fois ne passe pas par l'Italie ni la France...
-Oui, en haut ils veulent que ce soit plus dynamique ! dit Bond en riant. Il ne manquerait plus que je fonce sur l'Adriatique avec un zodiaque en créant une marée noire en feu...
-Et Venise, monsieur ! Vous n'étiez censé qu'y passer dans le livre, mais là vous pourrez mieux en profiter avec Mlle Romanova.
-Que voilà une charmante perspective », reconnut Bond avec un sourire espiègle.

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   MARCO STIVELL

 
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- John Barry (compositions, orchestrations)
- Lionel Bart (composition)
- Matt Monro (chant)


1. Opening Titles
2. Tania Meets Klebb
3. Meeting In St. Sophia
4. The Golden Horn
5. Girl Trouble
6. Bond Meets Tania
7. 007
8. Gypsy Camp
9. Death Of Grant
10. From Russia With Love
11. Spectre Island
12. Guitar Lament
13. Man Overboard/smersh In Action
14. James Bond With Bongos
15. Stalking
16. Leila Dances
17. Death Of Kerin
18. 007 Takes The Lektor



             



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