Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - Le Monde Ne Suffit Pas (david Arnold) (1999)
Par MARCO STIVELL le 5 Septembre 2021          Consultée 1302 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

1999, James Bond finit sereinement le XXème siècle et attaque le nouveau millénaire. La logique voudrait qu’on attende un an ou deux encore, mais le suivant n’est prévu que pour 2002, et en termes de qualité, il vaut mieux mettre en avant The World Is Not Enough/Le Monde Ne Suffit Pas dans une telle occasion. Seul film pour le réalisateur Michael Apted (comme pour tous ceux de l’époque concernés par le retour de la saga) ; chose amusante, celui-ci se chargera ensuite d’Enigma, sorti deux années plus tard, avec une action-espionnage plus réaliste survenue durant la Seconde Guerre Mondiale mais toujours liée à James Bond car l’auteur Ian Fleming l’avait vécue en direct, contenant en outre l’ultime BO de John BARRY avant que celui-ci ne prenne sa retraite.

Troisième effort pour Pierce Brosnan et souvent vu comme le meilleur avec GoldenEye. Difficile de démentir cet état de fait quand on voit, face à lui, Sophie Marceau en Elektra King, fille de PDG de compagnie pétrolière, à la fois effrontée et dangereuse, femme fatale, ambitieuse et manipulatrice. Judi Dench/M, toujours brillante, montre d’ailleurs ses premiers signes d’émotion et de faiblesse, contrairement à celle qui passait pour une dame de fer quatre ans plus tôt, gagnant un rôle plus important et lié à l’action. Le bougon Bernard Lee, acteur de M de 1962 à 1979, confiné à son bureau du MI6, semble bien loin !

Surpassant la menace que représente son amant Robert Carlyle en Renard, chef terroriste qui ne ressent plus douleur ni plaisir suite à une blessure par balle au cerveau, Sophie Marceau devient automatiquement la plus mémorable des James Bond girl françaises. Je lui préfère tout de même Denise Richards alias Christmas Jones (ces yeux et ce sourire qui avaient déjà illuminé l’excellent film SF Starship Troopers en 1997 !), scientifique qui passe d’un look à Lara Croft à celui de la James Bond girl la plus classique avec autant de distinction.

Autres grands faits d’armes, dernière apparition de Robbie Coltrane en Valentin Zukovsky (belle reconversion à prévoir avec la saga Harry Potter), et surtout retraite prise magistralement (pourtant dans la plus grande simplicité) en images par Desmond Llewelyn. L’armurier Q et pourvoyeur de gadgets depuis 1963 présente son remplaçant (de courte durée), John Cleese des Monty Python en personne. Petite larmichette face à tant de classe british au cinéma (l’ascenseur qui descend, les dialogues en retenue mais très significatifs) et quand on sait combien le timing est parfait : le bon Llewelyn décède en décembre 1999, quelques jours seulement après la sortie mondiale du film.

Un James Bond plutôt gris en termes de paysages, entre une courte intro vitaminée à Bilbao qui n'est pas le côté le plus ensoleillé de l'Espagne, puis Londres et le QG du MI6, ensuite dans un superbe château lacustre en Ecosse (Eilean Donan, le même que Highlander et Rob Roy), puis dans le Caucase et en Azerbaïdjan, toujours autour de la mer Caspienne avec le Kazakhstan désertique pour la suite... Le ciel bleu ne revient (en partie) que durant le dernier tableau à Istanbul, Turquie, en plein Bosphore, où James Bond n'avait pas remis les pieds depuis 1963. En vérité, les montagnes caucasiennes sont les Alpes de Chamonix, et mis à part quelques plans dans le centre-ville de Bakou, toutes les scènes extérieures des pays censés se situer à droite de la Turquie sur une carte du monde ont été tournées en Espagne, en pleine Mancha ! Mais rien pour enlever à la qualité globale, indéniable, même si on a du mal à suivre les détails pétrolifères et les propriétés chimiques du plutonium. James Bond, c'est aussi se laisser porter, même avec des cahots.

Par anticipation pour le futur Daniel Craig, le troisième film de Brosnan a un léger goût d'Ecosse et de personnel pour Bond, puisque la formule "le monde ne suffit pas", empruntée à Alexandre le Grand (c'est son épitaphe) serait la devise de sa famille, ainsi qu'il l'avoue à Elektra King, soumis en pleine séance de torture éprouvante pour le spectateur (le pire reste à venir !). C'est en fait la traduction latine, "Orbis Non Sufficit", qui est employée pour nommer le morceau du générique final, un instrumental pour une fois. Remix électro vigoureux du "James Bond Theme" (saupoudré du thème principal de ce film-là) avec légères variations pour la guitare, et un décalage plutôt pas mal marqué mais complémentaire entre les beats et l'orchestre.

Sans originalité compte tenu de tout ce qui a déjà été fait en 1997 pour Tomorrow Never Dies/Demain Ne Meurt Jamais, David ARNOLD continue d'exploiter le filon et dignement au moins pour ce titre. Il faut noter qu'à la base, ce devait être tout autre chose pour le final : "Only Myself to Blame" (illustration musicale de la relation James-Elektra), un jazz smooth chanté par Scott Walker des WALKER BROTHERS, anciennes gloires de la pop américaine 60's. Le réalisateur Michael Apted l'a finalement jugé inapproprié et il se trouve relégué au CD de la bande originale.

Il est vrai que le James Bond de 1999 ne fait pas l'apanage du jazz contrairement à des films plus anciens, à peine autant que son prédécesseur. Et une nouvelle fois, cela tranche net avec le reste, se cantonne aux rares scènes les plus distinguées, en l'occurrence celles du casino de Robbie Coltrane/Valentin Zukovsky (on a tous bien apprécié les lunettes à rayons X de Bond autant que lui-même, car en plus de l'évaluation du nombre d'armes invisibles sous les costumes des clients, il y a aussi les sous-vêtements féminins !). Cependant et quoique joli au départ, "Casino", son piano, sa flûte, sa trompette bouchée, sa contrebasse et son vibraphone veloutés s'étirent un brin en longueur et ne sont pas un effort mémorable de l'identité Bond jazz.

Aux côtés de cette crème musicale, il y a celle du thème d'Elektra, aux cordes caressantes et tragiques, pour souligner la fausse duplicité du personnage. On a connu plus vénéneux et enjôleur, et on peut préférer la "M's Confession" (l'entrevue de Bond avec sa patronne dans le château écossais) avec son romantisme sombre, ce bourdonnement venu de nulle part à la fin. Le meilleur des thèmes musicaux tendres de cette BO est réservé pour la toute fin : "Christmas in Turkey", jouant sur le prénom du rôle de la merveilleuse Denise Richards, dans les bras de Bond face à une vue splendide du Bosphore. C'est aussi une fort belle variation du thème principal qui en compte pourtant des dizaines ailleurs.

Il s'agit-là de "The World's Not Enough", générique premier et envoûtant avec superbe lui pour le coup, co-écrit par Don Black (revenu en 1997) aux paroles et David ARNOLD, sans oublier le concours du groupe rock originaire de Madison, Wisconsin, U.S.A. : GARBAGE. Bien ancré dans la tradition bondienne, il permet au groupe qui est alors à son apogée de mêler ses grosses guitares et bidouillages aux cuivres et aux cordes éperdues avec une certaine beauté, placée sous le signe de la noirceur sensuelle qui a fait tant de beaux jours de l'histoire de la bande originale de film. La voix de miss Shirley Manson, suave et érotique, se place entre K.D. LANG et Sheryl CROW qui avaient tant fait de merveille deux ans plus tôt, mais avec une touche orientale propre aux décors choisis et à la relation Bond-Elektra. Le design de Daniel Kleinman, avec ses corps baignant dans le pétrole, est à saluer mieux encore que les deux précédents de 95 et 97.

Le début de la bande originale est à l'avenant, en parlant des scènes pré-générique. ARNOLD y confirme la bonne direction prise, rapprochant orchestre et musique de DJs. La funk-dance avec cuivres roulés de "Show Me the Money" est directement suivie par "Come in 007, Your Time is Up" aux cordes noires sur fond de beat et de scratches. Rien d'original, tout comme "Orbis Non Sufficit", maintenant qu'on connaît la formule, mais ça fonctionne. Autres éléments de choix, "Devil's Breath" (non présent sur le CD) repris dans "Going Bown – The Bunker" (la première scène au Kazakhstan dans la mine) ce dernier formant une suite d'action grandiose avec notamment ces cordes virevoltantes sur percussions électroniques tribales et fiévreuses.

Toutefois, avec The World is Not Enough/Le Monde Ne Suffit Pas, on a l'impression regrettable que David ARNOLD se repose déjà sur ses lauriers. La longue suite "Submarine", dix minutes au compteur et qui illustre la séquence d'action finale en plongée, n'est remarquable que parce qu'elle reprend le thème musical du bunker : avant cela, ce sont cinq bonnes minutes plutôt fatigantes de crescendos orchestraux. La plupart des titres de la seconde partie semble trop aisée et manque d'idées mémorables ("Pipeline", "Caviar Factory"). "Ice Bandits", pour la première scène en ski de longue date, peut en faire partie, grâce à un beau crescendo mélodique et une touche industrielle bienvenue.

Quelques points positifs subsistent dans "Remember Pleasure", aussi glaciale et pesante de frustration que peut l'être une scène d'amour avec Elektra vécue par Renard, jouant bien sur le thème principal du film. Meilleur encore, "Acces Denied" en Ecosse propose un piano Rhodes avec cordes en fond tout en douceur électro pour une très belle ambiance. Un morceau rare dans ces instants et d'autant plus appréciables.

De même, il est bienvenu de la part de David ARNOLD de rappeler son expérience Stargate (1994), où il avait bien utilisé les influences world orientales, ici sur des titres comme "Body Double" (la scène de nuit quand Bond prend la place de Davidov, chef sécurité d'Elektra) ou encore "Welcome to Baku" (capitale de l'Azerbaïdjan). Sur ce dernier, titre orchestral planant, la voix féminine qui plane est celle de Natacha ATLAS, grande star des musiques traditionnelles maghrébines modernisées à l'européenne durant ces années-là. Lisa GERRARD n'a peut-être pas été appelée, mais l'année suivante, l'an 2000, elle se réserve la BO du Gladiator de Ridley Scott. Epoque bénie pour ces chanteuses solistes donc, mais aussi pour les instruments comme le kanoun, cithare des régions perses, dont Abdullah CHHADEH, mari de Natacha ATLAS, joue sur "Body Double" aux côtés des basses, beats, Rhodes et cordes pour un résultat sympathique, oriental et branché.

Malgré ses lourdeurs, sachant que plusieurs titres ont été écartés du CD sans qu'il n'y ait matière à le regretter (mis à part "Orbis Non Sufficit"), James Bond n'a pas fini de résonner à l'internationale.

----------------------

La nuit, sur les pontons de l'usine de caviar appartenant à Valentin Zukovsky, au bord de la mer Caspienne.
« Tactactactactac... Dzinnnnnng...
-Des mitrailleuses, des hélicos bûcherons à scies circulaires, quel comité d'accueil ! Il va falloir jouer serré... » pensa Bond, changeant vivement de lieu de défense.
Puis il jeta un coup d'oeil au-dessus de lui, où Christmas Jones et Valentin Zukovsky avaient fui.
« Vous voilà bien avancé Jaïmes Bouond, lança ce dernier avec moquerie.
-Valentin, lança Bond, je sais que la mini-robe violette de miss Christmas la rend encore plus craquante que d'habitude, mais je vous assure que si je me sors de ce bordel et retrouve la moindre empreinte digitale vous appartenant sur ce tissu, je vous noie dans votre piscine de caviar !
-Ah, zérrro zérrro sept, nous pouvons fairrre les comptes à prrrésent. J'ai aussi les clés de votrre voaturre. Mon genou vous rrremercie ! »
Le regard ulcéré de Bond ne tarda pas à devenir amusé. Il jubila de voir Valentin, ayant joint le geste à la parole et entraîné Christmas Jones dans la voiture afin de fuir cet enfer, faire une mauvaise marche arrière sur le ponton et faire un beau plongeon dans la Caspienne.

A lire aussi en VARIÉTÉ INTERNATIONALE par MARCO STIVELL :


Natasha ST-PIER
Christmas Album (2023)
Voix en or et chants de noël




Murray HEAD
Wave (1992)
Un secret bien gardé !


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- David Arnold (compositions, orchestrations)
- Garbage (chant, instrumentation)
- Scott Walker, Natacha Atlas (chant)
- Abdullah Chhadeh (kanoun)


1. The World's Not Enough
2. Show Me The Money
3. Come In 007, Your Time Is Up
4. Acces Denied
5. M's Confession
6. Welcome To Baku
7. Casino
8. Ice Bandits
9. Elektra's Theme
10. Body Double
11. Going Down – The Bunker
12. Pipeline
13. Remember Pleasure
14. Caviar Factory
15. Torture Queen
16. I Never Miss
17. Submarine
18. Christmas In Turkey
19. Only Myself To Blame



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod