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JAMES BOND - L'espion Qui M'aimait (marvin Hamlisch) (1977)
Par MARCO STIVELL le 12 Juillet 2021          Consultée 1496 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

The Spy Who Loved Me/L'Espion Qui M'aimait est une curiosité des plus croustillantes, en roman bien sûr ! Publié en 1962, appelé Motel 007 en français à l'origine, on peut constater avec un titre pareil qu'il est ancré en plein dans l'ère Psychose, référence au chef d'œuvre cinématographique d'Alfred Hitchcock sorti deux ans plus tôt, qui n'avait pas amélioré la réputation des hôtels des bords de route, parfois isolés, aujourd'hui remplacés par des chaînes. Là, nous sommes plongés dans les forêts et collines de l'état de New York, aux Etats-Unis, proches de la frontière avec le Canada, avec des malfrats italiens qui menacent et séquestrent une jeune femme solitaire, embauchée quelques jours plus tôt par les anciens patrons qui l'ont laissée seule, en attendant la relève.

Ce qui est très drôle, c'est que Ian Fleming, homme âgé de plus de cinquante ans et donc d'une génération déjà pour l'époque, se met dans la peau de ladite demoiselle et écrit le roman à la première personne. Au début, le décor est planté, mais par le principe de la mise en abyme, la narratrice revient sur son passé, son enfance et surtout son adolescence, fugue, voyages en Europe, rencontres avec les hommes etc. Oui, un ancien chef militaire-espion écrit comme une fille, ni trop sucré, ni trop sexuel, avec une certaine classe et sans déranger, pas plus (peut-être même moins) que la littérature adulte dite voluptueuse d'autrices actuelles, voire des livres Young Adults (à partir 13 ans) ! Le pivot de l'histoire survient aux deux tiers, avec l'arrivée inopinée de James Bond (sauf pour le lecteur !), totalement par hasard, pour un final explosif et sans trop de sucre là encore !

Mauvaises critiques, mauvaise réception du public, tel est le destin de cette nouvelle pourtant bonne qui se situe en marge de la saga alors que Fleming est en pleine rédaction de la trilogie Blofeld (une BD reprend l'histoire du motel en 1967). Sur sa demande, pour la possible adaptation filmée d'EON Prod, seul le titre en VO, The Spy Who Loved Me, doit être repris, ce qui n'arrive qu'en 1977, pour un James Bond tout à fait classique dans sa forme. Les problèmes financiers de la saga voient le départ de Harry Saltzman, l'un des deux producteurs historiques, laissant Albert R. Broccoli seul aux commandes. Roger Moore rempile avec brio en compagnie de Barbara Bach (future Mme Ringo Starr) en Anya Amasova, magnifique James Bond girl liée au KGB, pour donner un tout autre style à cette romance, devenue romance espionne, conformément aux deux premiers rôles.

Côté scénario, on note une envie de dégel dans la guerre froide, avec un pacte anglo-soviétique et le retour remarqué de Walter Gotell en général du KGB pour la première fois depuis son rôle mineur dans Bons Baisers de Russie (1963), et pour les cinq films suivants. Loin des forêts de l'état de New York (malgré la séquence ski tournée dans les montagnes du Nunavut, au Canada), on voyage en terres chaudes, Egypte, Sardaigne etc, pour ce qui reste un James Bond très marin (même sous-marin). Une caractéristique qui ne s'entend que peu sur la B.O. contrairement à Opération Tonnerre (1964), et d'ailleurs autant le roman de ce dernier comprenait des longueurs dans sa partie action/sous-marin, gommées au cinéma, autant ce film de 1977 basé sur une nouvelle histoire comporte les mêmes défauts, là où il était admirable dans sa partie "romance espionne" auparavant !

Le méchant quoique peu mémorable, est un croisement savoureux entre Blofeld et le capitaine Nemo (James Mason, inoubliable tête d'affiche du Vingt Mille Lieues Sous les Mers de DISNEY, aurait été approché à l'origine). En outre, l'occasion est belle pour faire un clin d'oeil à Steven Spielberg, au départ pensé pour tourner le film (c'est finalement Lewis Gilbert, le même que pour On Ne Vit Que Deux Fois), et à Jaws/les Dents de la Mer qui depuis deux ans font réfléchir à deux fois les vacanciers sur la plage avant de se baigner, en mettant des requins. Même un Requin (Jaws en V.O), très humain celui-là, incarné par le géant Richard Kiel, tueur aux dents d'acier et caution humoristique emblème des années Roger Moore que l'on retrouvera aussi dans Moonraker (1979).

John BARRY étant de nouveau absent – un film sur deux entre 1973 et 1983, rappelez-vous -, la partition est confiée à Marvin HAMLISCH. Pianiste et chef d'orchestre réputé à Broadway dans les années 60 et qui a déjà pas mal travaillé avec Barbra STREISAND, il accompagne également Groucho MARX ainsi que Liza MINELLI. Ses travaux les plus remarqués pour le cinéma sont la comédie L'Arnaque (1973), Nos Plus Belles Années, film avec STREISAND justement ainsi que Robert Redford la même année, ainsi que L'Espion Qui M'Aimait.

Tout comme Vivre et Laisser Mourir en 1973, on remarque combien ce nouvel opus de James Bond est ancré dans les seventies, mais plutôt de la deuxième moitié cette fois. Un son très pop s'installe, avec des sons de claviers nettement enrichis. Et si les nouveautés s'affichent parfois de façon éclatante comme sur "Bond 77", ce n'est pas toujours pour rassurer l'auditeur du bien-fondé de la chose. Le gunbarrel/thème 007 classique version disco, comment dire ? Voilà ! Heureusement bien sûr, ce n'est pas au tout début du film avant la première scène, mais quand ça débarque, ça fait mal ! Guitares funk et synthés baveux, triangle, cordes dansantes, solo de sax alto, toute la grosse machinerie débarque. C'est, heureusement, le seul exemple du style.

Avant de dire « remettez-nous John BARRY », parlons du ton soft de la BO, agréable tout de même, avec l'impression que la musique a pour bonne partie été composée pieds en éventail au bord de la mer sur une île paradisiaque, pour les besoins d'un film kitsch. Sauf que L'Espion Qui M'Aimait n'est pas kitsch, pas trop ; la première partie est vraiment classe, le duo Moore/Bach est très distingué, même quand il se fait face entre les colonnes du temple de Louxor, avec des tensions orchestrales dignes des meilleures anciennes BOs. Sauf que cela ne dure pas longtemps !

Les séquences en Egypte sont riches de leur cocktail musical, au goût fort de fusion-world. On commence avec "Mojave Club", où le sax soprano souligne bien la couleur orientale sur fond d'oud et de percussions qui jamment à loisir, une ambiance de choix. La batterie de Barry De Souza (Shawn PHILLIPS, Lou REED, Françoise HARDY…) et le piano Fender Rhodes se chargent d'apporter un soupçon de modernité et relient inéluctablement la BO au courant jazz-rock, dont le rayonnement à cette époque se situe au zénith (moins en 1977 qu'en 71 certes). Même en n'étant pas friand de cette musique, il faut reconnaître que cela colle parfaitement au James Bond d'alors et aux scènes choisies. Cela complète une palette sonore généreuse, à l'essence exotique des plus honorables depuis Dr No, en passant par On Ne Vit Que Deux Fois ou encore Vivre et Laisser Mourir !

La récréation entre musiciens se retrouve un peu plus loin sur "Eastern Lights", avec une basse goûtue dont Brian Odgers (John McLAUGHLIN, Shawn PHILLIPS...) est responsable. On note aussi le très chouette solo de guitare au ton hawaïen par Laurence Juber (The WINGS, le retour). Toutefois, c'est vrai, le meilleur moment de la partie égyptienne, visuellement comme musicalement, demeure la séquence de nuit sur le plateau de Gizeh, avec le spectacle au pied du Sphinx et des pyramides. On aurait très bien pu y entendre GRATEFUL DEAD en version instrumentale, s'ils avaient eu l'opportunité plus tôt de faire leur Live at Pompeii à eux…

Mais trêve de rêverie superflue car l'orchestre dirigé par Marvin HAMLISCH a de quoi nous émouvoir sur "The Pyramids", grâce au hautbois, aux cuivres graves et amples, aux cordes en nappes fuyantes… Une séquence très dynamique, à la fois faite de contemplation du décor ainsi que le jeu des lumières, et d'action pure avec l'arrivée de Richard Kiel/Jaws/Requin, qui du coup a presque un air de créature mythologique égyptienne, fils de Seth ou autre dieu antique conspirateur. La BO seule, détachée des images, ne peut rendre justice à la force globale de tous ces éléments conjoints, si l'on pense à la récitation éloquente du spectacle, mystique elle aussi.

Un tel moment ne suffit pas à relever la moyenne. "The Tanker", la voiture sous-marine concoctée par ce cher Q, offre un amas de "strings" graves (peut-être un peu dictées par Spielberg là encore, et John WILLIAMS du coup) un rien trop poussif. "Ride to Atlantis" tire un peu trop sur la corde pépère fin 70's, même si on se rapproche de BARRY avec évidence, l'esprit Bond étant présent sur le refrain. "Anya", thème plein de douceur mêlant harpe et tambourin, flûte, hautbois et cordes, s'étire un peu paresseusement sur les rivages du Nil, alors que Barbara Bach/Anya Amasova la magnifique a déjà doublé Roger Moore/Bond après l'avoir séduit puis contraint à s'endormir, somnifère aidant.

Le générique s'écoute agréablement comme il se regarde, mais "Nobody Does It Better", en plus de marquer un retour net aux ballades mélancoliques et langoureuses après l'exceptionnelle période 68 + 73/74, garde un caractère slow/pop soft californienne qu'on a du mal à retenir ou à apprécier pleinement. Le duo HAMLISCH/Carol Bayer Sager (pour le texte) n'égale pas la formule BARRY/Don Black ou d'autres paroliers. C'est joli, comme un coucher de soleil sur une plage, et on peut tout de même saluer Carly SIMON à la voix toujours aussi chaleureuse, même si la superposition de chœurs sur le final apparaît laborieuse. L'instrumental joué pendant le film, avec piano ample et bluesy, solo de sax alto demeure anecdotique, tout comme le générique final.

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À Londres, dans les bureaux du MI6...
« Vous m'avez fait mander Monsieur ?
-Oui Q entrez, répondit M, mais cessez donc de parler comme un vieux livre ! Alors, cette fois ça n'a pas été trop mal, hein ?
-Ce morveux… Je veux dire 007 m'a effectivement renvoyé Lotus Esprit amphibie presque en bon état. Il y a juste des traces noires d'explosifs sur les ailes, mais bon…
-Vous devez donc être content, pour une fois !
-Ce mot ne fait pas partie de mon langage monsieur, mais enfin…
-Dites donc Q, à propos de ce que je vous ai demandé l'autre fois… ?
-Le gadget-caméra pour espionner 007 durant ses ébats amoureux en fin de film, après qu'il nous les cache ? Je dois vous avouer que j'ai voulu mettre les bouchées doubles en voyant la petite demoiselle Amasova, mais je…
-Laissez tomber Q, dit M gravement, on arrête.
-Mais, monsieur…
-Ou, tout du moins, si un tel gadget doit voir le jour, je ne veux pas le savoir… Avant de le voir. De la voir surtout !
-Voilà qui est parlé, Monsieur ! À notre âge, vous savez, il faut ce qu'il faut.
-D'ailleurs, il faudra penser à vos vacances Q.
-Oh Monsieur, je n'y pense pas moi-même, vous savez. Mais je ne cache pas qu'il me plairait pouvoir un jour me prélasser quelques instants dans un pays chaud comme ceux de la Méditerranée où va Bond en ce moment… Il n'y a pas de raison que ce soient toujours les mêmes qui profitent !
-Vous avez tout à fait raison, approuva M, mais je ferai mieux que ça ! Un jour, dans un pays chaud, vous aiderez Bond dans sa mission ! Alors, ça vous dit ?
-Et comment ! »

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   MARCO STIVELL

 
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- Marvin Hamlisch (composition, piano, claviers, direction)
- Carol Bayer Sager (paroles)
- Chris Rae, Mike Egan (guitares)
- Barry De Souza (batterie)
- Bruce Lynch, Brian Odgers (basse)
- Laurence Juber (guitare électrique)
- Carly Simon (chant, choeurs)


1. Nobody Does It Better
2. Bond 77
3. Ride To Atlantis
4. Mojave Club
5. Nobody Does It Better (instrumental)
6. Anya
7. The Tanker
8. The Pyramids
9. Eastern Lights
10. Conclusion
11. End Titles (nobody Does It Better)



             



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