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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - Rien Que Pour Vos Yeux (bill Conti) (1981)
Par MARCO STIVELL le 12 Août 2021          Consultée 1170 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Un beau sol majeur, dessiné par deux notes caractéristiques, sol puis ré, sa quinte, mais dans le sens descendant, ré-sol donc. Si vous ne comprenez rien à cette phrase, dites-vous simplement que ce sont les deux notes que vous entendrez le plus dans For Your Eyes Only/Rien Que Pour Vos Yeux (les nouvelles hein, "007" reste hors-concours), joué par les claviers sur différents registres, medium ou aigu, et souvent à la suite. Accord sol-aire, mais le sol, autre nom de terre, n'évoque pas la mer. Or, on y est en plein dedans, la mer, dès les premiers instants de la très jolie chanson-titre chantée par Sheena EASTON, toute nouvelle star britannique suivie de son parolier Michael Leeson, et grâce au générique de Maurice Binder même si on peut apprécier moins l'orientation clip avec visage apparent de l'interprète (le film sort deux mois seulement avant le lancement de la chaîne MTV). Très belle ballade soft ou slow en puissance, meilleure que sa grande soeur "Nobody Does It Better" de L'Espion Qui M'Aimait en 77. Et il y a cette touche "Grand Bleu" avant l'heure, enivrante au possible dans les synthés, les résonances, la pureté, le ré-sol magique et flûté qui revient à l'envie jusqu'à la fin.

Le James Bond des années 80 est aussi appelé 'période John Glen' puisque le réalisateur (ancien technicien de la saga depuis 1969) enchaîne à lui seul les cinq films parus durant la décennie (sans compter le deuxième et dernier outsider de 83, bien entendu). Rien qu'avec ce premier-là, il place la barre haut ! Scénaristiquement parlant, c'est une sacrée prouesse et l'un des James Bond au cinéma les plus inspirés. Il faut dire qu'après avoir usé tous les romans originaux depuis 1962 (sauf Casino Royale, le premier outsider de 67 ne comptant pas non plus !), John Glen va devenir spécialiste pour s'inspirer des recueils de nouvelles de Ian Fleming. Tout en nous donnant ici en introduction et de manière appréciable quelques nouvelles de Blofeld, ancien chef du SPECTRE et méchant principal de la saga, plus guère croisé depuis dix ans, et qui martyrise Bond avant que celui-ci ne se débarrasse de lui avec fracas, définitivement (?).

Les scénaristes Richard Maibaum (là depuis vingt ans) et Michael G. Wilson (qui débute ici même et toujours là en 2021 !), qui travaillent de concert pendant presque toute la décennie, rapprochent ici deux nouvelles très différentes parmi les cinq du recueil From a View to a Kill/Bons Baisers de Paris (1960), le texte éponyme étant gardé pour un peu plus tard. La première, Top Secret, est celle qui contient l'idée de vengeance pour Melina Havelock (au départ Judy de son prénom) qui veut tuer l'assassin de ses parents. L'occasion aussi pour 'M', patron de Bond, de se livrer un tout petit peu, très touché par la mort de maman Havelock et ayant nommé le dossier de mission For Your Eyes Only/Rien Que Pour Vos Yeux. Bernard Lee, l'acteur de 'M' depuis les débuts, est mort au début de l'année 81, et en hommage, le rôle est absent du film. Au départ à l'écrit, pour décor, c'est la Jamaïque chère à Fleming puis toute une scène dans les forêts du Vermont, à la frontière canadienne, avec une flèche de Havelock bien placée pendant un plongeon du tueur dans la piscine. Dans le film, on préfère l'Espagne, même si les scènes méditerranéennes sont tournées en Grèce.

L'autre nouvelle s'appelle Risico, et elle concerne le bras de fer entre les contrebandiers Kristatos et Colombo qui s'en remettent tous deux au service de Bond 007. Ce dernier rencontre Kristatos dans une trattoria italienne dans la nouvelle puis se rend à Venise. Alors que dans le film, pour ne pas faire redite avec Moonraker (1979), il y a une séquence à la station de ski Cortina d'Ampezzo, et l'arrivée de nouveaux personnages croustillants comme Bibi (Lynn-Holly Johnson) l'adolescente patineuse à la fois innocente, effrontée et éveillée sexuellement, protégée de Kristatos (joué par l'acteur Julian Glover, futur Donovan du troisième Indiana Jones entre autres). La scène de l'attaque du hangar par Colombo et ses pirates est fidèle au récit, mais toute la séquence au monastère St. Cyrille dans les Météores (centre-nord de la Grèce) est elle aussi inventée pour le caractère cinéma à grand spectacle, et avec une qualité non négligeable !

La leçon de scénario et le retour à moins d'excentricité par rapport à Moonraker contiennent donc une belle fusion d'idées diverses, sans oublier une séquence excellente où Roger Moore/Bond et Carole Bouquet/Melina Havelock sont torturés en mer, traînés à l'arrière d'un hors-bord qui fonce au milieu des requins et récifs de corail, tirée du roman Vivre et Laisser Mourir (1954) et laissée de côté en 1973. Entre ça et les moments en plongée au milieu des vestiges grecs ou dans l'épave engloutie du Saint-George (horrifique pour ma part avec les respirations dans le silence aquatique et les plans du méchant scaphandrier pris à la première personne !), cela donne lieu à des scènes fortes teintées d'action et de sensualité. Toutefois, le ton marin annoncé au générique est presque mensonger au regard des éléments montagnards peut-être encore plus développés dans l'ensemble.

Et en matière de métissage, la bande originale suit cet état de fait avec brio. En l'absence de John BARRY, on fait de nouveau appel (autre point commun avec L'Espion Qui M'Aimait) à un chef d'orchestre américain qui n'est autre que Bill CONTI, champion musical de la saga Rocky de Sylvester Stallone. Cette simple idée amène forcément en tête le concept de funk attitude, et on ne va pas vous mentir : c'est bel et bien le cas ! Des moments comme "For Your Eyes Only", il n'y en a pas tant que cela.

Funk et même disco, si l'on considère l'autre chanson, "Make It Last All Night" aux paroles, soupirs etc totalement suggestifs par les choristes de RAGE, au moment de la scène de la piscine en Espagne avec les jeunes femmes (et même trans) en bikini. Par ailleurs très réussie et moins kitsch que la moyenne à l'époque, elle propose même un solo de guitare bienvenu dans une B.O où les instruments rois sont les claviers de Mike Moran et la basse de Mo Foster. Basse goulue, gargantuesque, dont vous vous délecterez tout le long si le slap et les "ouin-ouin" ne vous font pas fuir !

Ici, c'est très 'branché', dès les premiers instants de "A Drive in the Country" et jusqu'à "Runaway" en passant par "Melina's Revenge", Bill CONTI donnant l'impression de vouloir nous offrir un disque funk-rock avec soli de synthé modulaire énervé, percussions à gogo, basse et cuivres généreux. Le tout dans un esprit libéré, très musicien, et aucun n'est autant appréciable que Mo Foster, le bassiste ("Take Me home", crème musicale crépusculaire sur les plages de Corfou !). Par rapport au travail de Martin HAMLISCH en 77, c'est presque pleinement maîtrisé, sans lourdeur mais parce que le temps consacré s'arrête quand il le faut, aussi. En tout cas, il n'y a pas de meilleur contraste entre ce type de musique et la fuite en 2CV sur les collines espagnoles de Grèce, avec le charme particulier de Carole Bouquet/Melina Havelock, très fine dans l'esprit de son rôle mais dont je goûte peu au physique greco-parisien.

Si à deux ou trois reprises, Rien Que Pour Vos Yeux exploite le versant pittoresque en nous montrant des danses grecques en plein village sous le soleil méditerranéen, pour ses partitions Bill CONTI se risque moins à reprendre ces éléments qu'à user de la facilité hispanique, notamment au début de "Melina's Revenge". Cela ne l'empêche pas de faire évoluer son écriture orchestrale à bon escient, avec de savantes ruptures et des citations judicieuses de '007', presque aussi idéales que celles de George MARTIN en 73. Le mélange rock et cuivres, funk ou classiques, est passionnant, dans la lignée des Rocky mais en moins tubesque. "Gonzales Takes a Drive", d'abord ballade flamenco, brille d'un feu sauvage à la SANTANA, jusque dans les percussions diverses.

Cette B.O contient a contrario quelques moments planants de différentes sortes, ambient ou non, et de haute volée. À commencer par l'une des plus belles variations sur "James Bond Theme" (déjà suffisamment retentissant et 'heavy' pendant le gunbarrel) pendant la plongée vers les abysses du sous-marin de Bond et de Havelock. Il y a là une façon très séduisante d'étirer le plaisir, de rendre les cuivres dramatiques, sur les images bleues tirant vers le noir. Et cette rupture aux instruments bois, avec réponse des cuivres et de la basse ! "St. Cyril's Monastery" est marqué par des éléments plus enfantins et joue sur le grandiose à sa manière avec enfin quelques couleurs grecques et même religieuses. On peut lui relier son pendant orchestral pur et tout aussi inspiré, "Rum them Down" (absent du disque) qui accompagne Bond dans son escalade ô combien périlleuse !

Même les thèmes 'mineurs' sont très bons : "Cortina" et son timbre cristallin, puis l'improvisation de "Ski...Shoot...Jump" (inédite sur l'album) avec d'excellentes parties de piano évanescent, la variation instrumentale de "For Your Eyes Only" aux claviers célestes, courte mais magnifique, dans un décor d'Atlantide, et son enchaînement idéal avec l'arrivée du générique final, le même qu'au début. Parmi les inédits, on peut également retenir "Recovering the ATAC" où le piano atonal et les cordes frileuses, loin de l'angélisme de certaines scènes, signalent l'arrivée du scaphandrier antagoniste tel le requin des Dents de la Mer (clin d'oeil évident mais plus intelligent que ceux de Moonraker).

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Le soir, dans une villa sur une plage, décor paradisiaque, Bond est entre de bonnes mains.
« Puisque vous avez prévu du champagne comme je les aime, avez-vous aussi du caviar Belouga ?
-Monsieur Bond, voyons ! Je suis végétarienne...
-Flûte, pesta Bond, je me croyais dans un rêve et je pensais que j'étais avec la belle miss Havelock !
-Je ne suis pas mal non plus, vous verrez, répondit Lisl.
-C'est vrai que vous avez la peau sur les os quand même ! Je risque de regretter la petite Bibi, toute en rondeurs juvéniles, et qui, même si elle patine, doit forcément aimer la viande, elle. Kristatos lui donne des gifles pour calmer son ardeur, mais moi j'ai bien envie de claquer derrière et plus bas... Ou alors, je retournerai voir l'une des filles en bikini au bord de la piscine en Espagne. Trop de 'beauties' dans ce film, ah... Pas vous en tout cas !
-Monsieur Moore, pardon Bond, si vous croyez qu'être sèche et grande est incompatible avec plaisir, je...
-Et votre nom ? coupa Bond d'un air provocant. Lisl von Schlaf ! Pas étonnant que mon contact Marko Stivellov ne m'ait guère parlé de vous à Cortina... Il manque certes de goût pour ne pas aimer les Grecques parisiennes comme l'actrice de miss Havelock, mais il a parfois du nez. Une Australienne pour jouer une Autrichienne, on me la fait pas à moi. Sac d'os ! »

Le lendemain matin, dans les bureaux d'EON Productions :
« Monsieur Broccoli, je vous en prie, retirez-moi de ce film !
-Ne vous inquiétez pas, mon petit, vous mourrez dans la séquence suivante qu'on tourne aujourd'hui !
-Ah bon, ça va alors ! J'espère, de mon vivant, ne plus jamais avoir affaire à James Bond !
-Ne vous inquiétez pas pour cela. Au fait, venez par là, j'aimerais vous présenter quelqu'un, et ce ne sera pas rien que pour vos yeux, je vous le garantis !
-Bel homme, chuchota l'actrice. Dites, vous allez nous arranger le coup ? » Puis, tout haut : « Comment vous appelle-t-on Monsieur ?
-Brosnan. Pierce Brosnan. »

(Cassandra Harris/Lisl von Schlaf fut mariée avec Pierce Brosnan, futur James Bond, depuis 1980 et pendant onze ans jusqu'à son décès prématuré en 1991).

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Bill Conti (compositions, orchestrations, direction)
- Sheena Easton (chant)
- Harold Fischer (batterie)
- Mo Foster (basse)
- Martin Kershaw (guitares)
- Mike Moran (claviers)
- Eddie Blair, Derek Watkins (cuivres solistes)
- Rage (chant)


1. For Your Eyes Only
2. A Drive In The Country
3. Take Me Home
4. Melina's Revenge
5. Gonzales Takes A Drive
6. St. Cyril's Monastery
7. Make It Last All Night
8. Runaway
9. Submarine
10. For Your Eyes Only
11. Cortina
12. The P.m. Gets The Bird/for Your Eyes Only (reprise



             



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