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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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JAMES BOND - Vivre Et Laisser Mourir (george Martin) (1973)
Par MARCO STIVELL le 15 Juin 2021          Consultée 1561 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Live and Let Die, ou Vivre et Laisser Mourir, est le deuxième roman de James Bond, écrit par Ian Fleming en 1954. Une nouvelle fois, les gars d'EON Productions font preuve de beaucoup d'imagination au moment de l'adaptation cinéma et la réalisation qu'ils confient à Guy Hamilton, comme Goldfinger et Les Diamants Sont Eternels. Fleming avait écrit une intrigue qui partait de Londres et se passait ensuite à New York, puis en Floride et enfin à la Jamaïque. Cette dernière sert de décor pour le tournage (comme pour faire écho à Dr. No dix ans plus tôt et pour symboliser un nouveau départ de la saga après l'adieu de Sean Connery), mais les lieux choisis sont la Louisiane (plutôt que la Floride) et San Monique, une île fictive des Caraïbes. On retrouve Quarrel (fils, au cinéma), ainsi que Felix Leiter en appuis américains de James Bond, ce dernier conservant son bras et sa jambe dans le film contrairement au livre où il est torturé par un requin.

Le malfrat-parrain afro-américain, Mr Big à l'origine, qui contrôle une vaste 'famille' de Harlem à New Orleans, est lié directement à SMERSH, les services secrets russes pour rester dans la continuité de la guerre froide, alors qu'il s'enrichit sous la chaleur des tropiques antillais en récupérant et revendant les trésors de pirates comme le célèbre Henry Morgan. En 1973, point de SMERSH, d'attentat à la bombe dans New York, de navires échoués ni de chasses au trésor (pourtant une grande part de la poésie de ce roman génial, y compris la scène de plongée nocturne mouvementée pour 007). Les navires sont petits et à moteur, avec d'ailleurs tout ce que l'on peut reprocher aux films Bond de l'époque en une seule séquence d'action (trop longue) et une seule tête, celle de Clifton James/shérif J. W. Pepper, caution humoristique énervante et tout à fait oubliable.

En revanche, c'est tout le contraire pour Jane Seymour en miss Solitaire, superbe à tout point de vue (plus que Diana Rigg d'un point de vue personnel), dans son personnage de James Bond girl cartomancienne ingénue qui trahit Mr Big, fidèlement au roman. Et puis c'est l'entrée tant attendue de Roger Moore qui aurait dû incarner Bond depuis longtemps mais s'est vu d'abord révéler par des séries TV (Le Saint, Amicalement Vôtre). Encore aujourd'hui, il est resté le plus anglais (et le plus réemployé) des acteurs de l'espion, un Londonien perdu au milieu des autres (un Ecossais, un Australien, un Gallois, un Irlandais, et enfin un presque Gallois). Son attitude cool et sa tendance à l'humour bien visible jusque dans les traits de son visage un peu à la Monty Python tranchent avec la dureté de Sean Connery, lui valant d'être parfois le favori de certains fans (clairement pas moi). De plus, c'est l'un des rares à ne pas craindre de tourner en compagnie de serpents et de crocodiles.

Cela tombe bien car Guy Hamilton, même en s'éloignant du livre, nous réserve une petite perle de pellicule (hors course de hors-bord) en matière de couleurs tropicales, d'attaques de reptiles et de vaudou (visite d'échoppe, rites du Baron Samedi en pleine jungle). John BARRY, qui a lui aussi marqué la série Amicalement Vôtre à sa façon, n'est pas là cette fois-ci et pendant dix ans jusqu'en 1983, il ne fera qu'un James Bond sur deux. Toutefois, 'on' a tenu à lui rendre hommage et encore une fois en célébrant les dix ans de 007 Contre Dr. No, le film fondateur, en réemployant dès le départ les éléments de musique traditionnelle piochées dans le rayon Antilles/golfe du Mexique.

Pour commencer, il y a la séquence d'enterrement à New Orleans (excellente tournure scénaristique où l'homme qui y assiste voit en fait trop tard que le cercueil et le cortège sont pour lui !). Une fanfare, en réalité l'OLYMPIA BRASS BAND mené par le saxophoniste alto Harold 'Duke' DeJan, joue "Just a Closer Walk With Thee", un air lent et pataud aux reflets de ballade ensoleillée, interrompu au moment du crime pour devenir "New Second Line", variation dixieland festive, lancée par la trompette et proprement inattendue. Tout à fait réjouissant ! De même, pour le rite vaudou d'introduction, "Baron Samedi's Dance of Death" : percussions en diable, basse en walk, cuivres jazzy et débordant de malice.

'On' a aussi fait fort avec "Snakes Alive", la scène du bungalow où James Bond affronte un petit serpent venimeux. Un peu d'Inde d'abord avec le sitar, puis des congas, des cymbales sifflantes, des cordes aiguës sinueuses qui accompagnent la marche de l'animal sans pattes, et le fameux "James Bond theme" qui fait son grand retour après le gunbarrel. 'On' a d'ailleurs tenu à en user à loisir sans en abuser tout au long de la B.O. Bref, après cette illustration sonore formidable d'un animal dangereux, on a le thème des alligators, crocos et caïmans de la ferme en Louisiane, "Trespassers Will Be Eaten", où le tenancier véritable qui double Roger Moore dans la scène d'évasion en marchant sur les animaux a d'ailleurs bien failli laisser sa peau. Musicalement, un mélange de funk et de guitare western avec un côté générique d'émission télé, réussi au demeurant, avec là aussi une variation sur 007 où la guitare se fait tour à tour rageuse et empathique. 'On' est très fort !

Mais qui est 'on' ? En référence au guitariste, c'est Henry McCullough. Aux percussions, c'est Ray Cooper. Ce dernier est plutôt chez Elton JOHN d'ordinaire, mais l'autre officie chez les WINGS, tout comme les deux Denny, Seiwell (batterie) et Laine (basse). Tous sont en grande partie responsables de la qualité de cette B.O., mais ne tergiversons pas plus longtemps et venons-en au fait : 'on', c'est monsieur George MARTIN. Non, pas l'auteur de la saga des Rois Maudits version heavy-metal (Game of Thrones), mieux : le grand, l'illustre George MARTIN, cinquième membre 'officieux' des BEATLES, feu BEATLES à cette époque. Le producteur-arrangeur-bidouilleur, celui qui a fait et innové le son de tant d'inoubliables chansons anglaises des années 60 co-signées LENNON/MCCARTNEY, de temps en temps HARRISON et parfois STARR.

Si John BARRY est son seul concurrent britannique en matière d'oeuvre, de renommée et de classe grâce à son travail pour les B.O.s de James Bond (rappelons que les BEATLES et l'espion anglais au cinéma sont 'nés' le même jour de 1962 !), il reste un compositeur de film d'école classique alors que MARTIN a d'emblée eu un véritable groupe pop-rock créatif à soutenir et sur qui s'appuyer. Du coup, en l'absence de BARRY, ce cher MARTIN réussit le tour de force incroyable de faire à la fois du BARRY et du MARTIN, en dirigeant les WINGS, le groupe qu'a fondé Paul MCCARTNEY. Et Live and Let Die/Vivre et Laisser Mourir reste un bijou de bande originale.

Et cette palette de couleurs, waouh ! Sur le plan sonore, c'est encore plus grandiose que le film lui-même. Le gunbarrel donne une impression de plus d'allant groovy, avec guitare surf traditionnelle qui chante cette fois avec l'orchestre, mais aussi développement bien tenu par une rythmique rock très 70's (le son de la batterie sur toute la B.O. est juste à tomber !). En termes funky, "Whisper Who Dares" et les "Fillet of Soul" rendent bien hommage à cette époque très Blaxpoitation ainsi qu'à la présence de nombreux acteurs/rôles afro-américains dans le film.

"Bond Drops In" fait passer le thème du gunbarrel d'un état "Vol du Bourdon" avec cordes en cascades au slow le plus délicieux. Un morceau comme "San Monique", entre latino et reggae, un groupe comme SANTANA aurait presque pu le jouer. Jane Seymour en cartomancienne est à l'honneur avec deux thèmes géniaux, un plutôt oriental avec grelots et l'autre ("Bond Meets Solitaire") qui est une suite d'orfèvre : cordes et flûtes sucrées, reggae avec clavecin électronique et "theme James Bond" en fond, harpe enchanteresse mêlée aux 'cocottes' de guitare. À noter que George MARTIN ajoute à certaines de ces merveilles ses effets de cordes chromatiques psychédéliques largement retravaillés depuis "A Day in the Life" (BEATLES millésimé 67). C'est particulièrement remarquable sur le très tribal et bouillant "Sacrifice", lors du dernier rite vaudou.

Le plus beau de la B.O. est encore à venir, même si on l'entend dès le départ. C'est "Live and Let Die", contribution aussi géniale que sacrée de Paul MCCARTNEY qui se devait de ne pas manquer un tel tour de force, aux côtés de Linda et de ses WINGS. Il a composé et enregistré le titre après avoir lu le livre de Fleming, en quelques jours seulement. Heureusement que EON Prod a fini par croire en ce titre incertain (et quasiment progressif !), qui commence à la façon Macca gentille avec ballade au piano avant de balancer aux figures son refrain lourd et aussi noir que la nuit, sorte de marche funèbre rockorchestrale qui précéde une explosion générale inattendue, climax du morceau.

Après le gunbarrel de Dr. No en 1962, après les deux accords de Goldfinger deux ans plus tard en 1964, c'est le troisième temps fort et innovant de James Bond en musique, sans BARRY toutefois. Incroyable et démentiel, ce riff de guitare doublé au xylophone, porté par les WINGS et l'orchestre furieux. Le pont reggae est excellent, les reprises le sont également, et tout cela pendant que Maurice Binder fait de son côté visuel ses propres étincelles au générique, comme il en a l'habitude. Paul et George se sont eux aussi surpassés, c'est un tout qui marque à jamais.

Au milieu du film, dans le cabaret Fillet of Soul, une chanteuse soul, B. J. ARNAU, face à l'assistance (dont James Bond et Felix Leiter) propose sa version de "Live and Let Die" sur fond de piano bien balancé, entre deux instrumentaux groovy avec sax et guitare électrique rageuse. Une idée brillante même si loin de marquer autant que la chanson de base, jamais égalée par la suite de toute manière (la décence m'empêche de dire un traitre mot de la version GUNS N' ROSES, vingt ans plus tard). C'est peut-être, malgré un tas de concurrentes d'un point de vue qualité mais plutôt sous forme de ballades classiques, la chanson James Bond la plus difficile à reprendre ; pour confirmer, elle est l'unique temps mort de l'excellent 007 in Concert donné en 2012, pour la sortie de Skyfall. N'est pas MCCARTNEY qui veut ! Et pour le reste, c'est George MARTIN qu'il faut remercier.

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« Très chère, susurra James Bond au creux de l'oreille de Solitaire, maintenant que vous voilà satisfaite pour la cinquième fois ce soir, et si vous me laissiez faire une pause et tirer une carte ?
-Oh James, oui ! Et après, on y retourne.
-Je ne saurais me lasser de vous ! Alors, cette carte... La Mort ! Mais, nous ne craignons plus rien maintenant que tous les méchants...
-C'est pourtant ce que vous méritez ! trancha Solitaire dont le visage fin s'était durci subitement. Vous avez dit qu'il ne fallait pas écouter les BEATLES sans boules quiès ! »
Incrédule, 007 fouilla dans ses souvenirs.
« J'ai dit ça moi ? Après une telle musique pour le film ? Ah non, c'était mon prédécesseur, en 64...
-Pas votre prédécesseur, vous ! Deux acteurs, le même rôle ! La Mort ! La Mort ! »
Bond fronça les sourcils. D'un coup, Solitaire éclata de son plus joli rire.
« J'ai réussi à vous avoir quand même. Mon jeu que vous tenez là est faux, toutes les cartes représentent la Mort !
-Solitaire, ma petite chérie, vous commencez à prendre beaucoup d'assurance ; trop à mon goût ! Je vous ai laissée m'avoir, mais il est temps pour moi de reprendre le dessus... Si vous voyez ce que je dire !
-Oh, James... »

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   MARCO STIVELL

 
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- George Martin (compositions, orchestrations)
- Paul Mccartney (chant, piano, composition)
- Linda Mccartney (claviers, choeurs, composition)
- B. J. Arnau (chant)
- Henry Mccullough (guitares)
- Denny Laine (basse, choeurs)
- Denny Seiwell (batterie)
- Ray Cooper (percussions)
- Olympia Brass Band (fanfare)
- Harold Dejan (direction de la fanfare)


1. Live And Let Die
2. Just A Closer Walk With Thee/new Second Line
3. Bond Meets Solitaire
4. Whisper Who Dares
5. Snakes Alive
6. Baron Samedi's Dance Of Death
7. San Monique
8. Fillet Of Soul–new Orleans/live And Let Die/fillet
9. Bond Drops In
10. If He Finds It, Kill Him
11. Trespassers Will Be Eaten
12. Solitaire Get Her Cards
13. Sacrifice
14. James Bond Theme



             



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