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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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JAMES BOND - Goldfinger (john Barry) (1964)
Par MARCO STIVELL le 28 Février 2021          Consultée 841 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Gooooldfingeeeer * Tin ti ti touinnnn*... Deuxième temps fort de la légende James BOND en musique, et pas la moindre. Une fois passés le "gunbarrel" qui revient à chaque début de film, puis la scène d'ouverture faite d'action pure où Sean Connery/Bond dynamite le réservoir d'un cartel mexicain (bonne adaptation fidèle au roman pour le coup), le premier grand générique de la saga fait son apparition et offre un supplément d'identité colossal à celle-ci. C'est là où John BARRY, côté musique, et Maurice Binder pour le visuel, travaillent de concert, libèrent leurs génies respectifs.

J'aimerais parfois remonter le temps, juste me mettre à la place d'un spectateur de 1964, au cinéma. Vivre l'éblouissement par cet élan de magie inouïe qui fait se rencontrer les corps lascifs de femmes nues peintes en or sur fond noir, les paroles de Leslie Bricusse et Anthony Newley ("the Midas touch..."), la voix cinglante et forte de Shirley BASSEY (Galloise d'origine nigérianne connue depuis une dizaine d'années en Angleterre puis aux Etats-Unis grâce à des chansons d'abord sulfureuses puis tendres) poussée dans ses retranchements jusqu'à la fin du morceau. Morceau d'ailleurs audacieux dans sa construction mélodique, qui ressemble, pour les trois notes "gold" "fin" et "ger" (un si, un fa dièse et un mi), au thème "Moon River" de Henry MANCINI pour le film Breakfast at Tiffany's/Diamants sur Canapé (1961) avec Audrey Hepburn.

La plus belle trouvaille demeure l'introduction du thème "Goldfinger". En deux accords, BARRY révolutionne encore l'univers de la bande originale de film, non plus en tant qu'arrangeur simplement comme pour le "James Bond Theme". Ces accords, mi et do, majeurs tous les deux et fort peu utilisés à la suite dans le milieu musical d'ordinaire, résonnent amplement grâce à un orchestre uni comme jamais, les cuivres surtout, créant une sensation de descente aussi glorieuse que la montée.

BARRY l'élève surpasse maître MANCINI, le cinéma d'action en est marqué pour toujours, et dans la saga de l'espion britannique, la plupart des futurs génériques s'inscriront dans la même optique, accordée aux visuels de Binder, entre noirceur et séduction, avec présence de chanteuse régulière (on pourrait presque parler d'une "variété James Bond" comme genre à part entière). Shirley BASSEY reste la seule d'entre toutes à être réemployée, non pas une mais deux fois, en 1971 et en 1979 ! Quant à ce mi-do de l'orfèvre BARRY, il est lui-même repris directement en 1989 par Michael KAMEN dans une version modernisée et tout aussi frappante pour le chapitre Bond n°16, License to Kill/Permis de Tuer.

On pourrait passer vite sur la suite de la B.O de Goldfinger, faite essentiellement de multiples variations de la chanson-générique, mélangées ou non au "James Bond Theme" par de simples effets de citations, d'harmonies. Que ce soit une reprise directe, accélérée, ralentie ou réorchestrée, on retrouve la même touche sur les pistes "Alpine Drive", "Oddjob's Pressing Engagement", "Pussy Galore's Flying Circus", "Gassing the Gangster", les thèmes de Fort Knox et le duel final en sont tous imprégnés. BARRY était bien conscient de sa mine d'or, et il en use à gogo. Quant à "Auric's Factory", "Death of Tilly" et quelques autres, ils reprennent les idées de Bons Baisers de Russie (1963) dans l'utilisation de la harpe et de cordes en mode 'nocturne', avec des piques de cuivres occasionnelles pour créer le frisson.

"Bond Back in Action" use du thème original de Monty NORMAN mais avec un peu plus d'originalité, avec là aussi de l'accalmie, de la suspension. "Into Miami" et son trois temps jazz lourd (un peu trop d'ailleurs), "Teasing the Korean" poussent un peu le saxophone alto en avant. Rien de folichon, et encore une fois la B.O se repose un peu trop sur ses acquis de départ. Cependant, BARRY qui a plus d'un tour dans son sac parvient à créer quelques belles surprises, à commencer par le crescendo haletant de "Laser Beam".

Ensuite, les cuivres solennels et funèbres de "Golden Girl", quand Sean Connery/Bond, assommé par Harold Sakata/Oddjob, se réveille et 'l'éclat' musical face à la vision horrifique de Shirley Eaton/Jill Masterson statufiée (là où le film l'emporte grandement sur le livre, dans lequel c'est un détail amené très différemment). Enfin, les développements de la partie américaine du film, souvent ponctués de marches militaires, trouvent un climax sur "Dawn Raid on Fort Knox", entre syncopes et harmonies étranges, le meilleur thème atteignant les cinq minutes et qui peut d'ailleurs parfaitement s'écouter en dehors des images.

On en revient néanmoins toujours à l'introduction de la chanson "Goldfinger" car, de tous points de vue, il fallait éblouir le spectateur qui, pour un film sur l'or (passion à l'état pur et motivation première du méchant Auric Goldfinger), en a pour son argent ! Et encore, pour un tube planétaire, la chanson a bien failli être écartée : un des deux producteurs, Harry Saltzman, la détestait. L'effet de musique massive n'est pas non plus étranger à l'envie de conquérir le peuple américain, directement concerné par une bonne partie du scénario après deux premiers films en Europe et en Jamaïque.

Outre la scène de la statue d'or féminine, toujours aussi choquante des décennies après, bien d'autres choses marquent les esprits dans ce troisième James Bond en film (septième en livre). La scène de torture au laser et les réparties entre Sean Connery et l'excellent Gert Fröbe (espérez-vous que je parlerai ? non, monsieur Bond, j'espère que vous mourrez !), la séquence des gangsters, et bien sûr l'attaque de Fort Knox, pas authentique puisqu'en dehors d'une prise de vue aérienne autorisée spécialement, le plus gros coffre-fort mondial a été reconstitué, voire inventé avec brio pour l'intérieur. Guy Hamilton, dont c'est le premier effort de réalisation pour l'espion anglais, signe un des premiers blockbusters, et pas des moindres. Pour certains même, le meilleur ; de plus, le dernier à avoir eu le soutien de Ian Fleming, car sorti en septembre 1964, un mois après la mort de l'auteur. Les files d'attente devant les cinémas, les recettes énormissimes ne font qu'entretenir la saga, pour longtemps !

Note réelle : 3,5

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Sur une route suisse, quelque part entre les cantons d'Uri et du Valais.
« Vous avez vu, miss Tilly ? demanda Bond joyeusement. M et ce vieux gredin de Q ont enfin accepté de me donner une belle Aston Martin toute clinquante. Pour vous, je respecterai les limitations de vitesse ! Mais eh, qu'est-ce qui ne va pas ?
-Rien, répondit Tilly Masterson.
-Allons, pas de ça avec moi, je vous en prie !
-C'est juste que dans cette adaptation en film, je meurs vite, alors que dans le livre, cela n'arrive qu'à Fort Knox. J'aurais aimé rencontrer miss Pussy Galore dont je suis censée tomber amoureuse ! Elle est si craquante !
-Ah, c'est donc pour cela que vous repoussez mes avances ? C'est vrai qu'avec un tournage en 2020 par exemple, votre sexualité aurait été clairement mieux défendue que la mienne...
-...
-Dites-vous au moins que votre mort dans le film est bien meilleure et plus à votre honneur !
-Comme celle de ma soeur Jill, en somme...
-Voilà !
-Au fait, ajouta Tilly, vous qui parliez de voiture, vous savez que cette séquence que nous faisons là n'aurait pas dû être tournée en Suisse ? Dans le livre, Goldfinger se rend à son usine de Genève certes, mais vous comme moi, à l'origine, le poursuivions en filature sur les routes de France, en réalité, depuis le Touquet jusqu'à la frontière en passant par Abbeville, Rouen, Chartres, Orléans (que vous n'aimez pas trop), les bords de la Loire en Bourgogne qui sont pour vous l'un des plus beaux endroits du monde, puis Mâcon où vous me faites avoir mon accident... Vous vouliez aussi que nous allions tous les deux aux Baux-de-Provence, en Camargue...
-La Suisse, reconnut Bond, c'est joli pourtant. Vous ne trouvez pas ?
-Oui mais ce qui est incroyable, c'est qu'en 1959, Ian Fleming, un Britannique jusqu'au bout des ongles, connaissait la géographie française et en vantait les mérites, tout cela beaucoup mieux que bien des Français en 2020, puisque vous en parliez aussi !
-Dans Casino Royale, j'ai droit à mon idylle normande grâce à Fleming en principe, ils vont sans doute me la sucrer quand ils le feront... Ne vous en faites pas et profitez du voyage, vous n'allez pas tarder à mourir ! »

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   MARCO STIVELL

 
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- John Barry (compositions, orchestrations)
- Shirley Bassey (chant)


1. Gunbarrel – Main Title
2. Goldfinger
3. Into Miami
4. Golden Girl
5. Alpine Drive – Auric's Factory
6. Death Of Tilly
7. Oddjob's Pressing Engagement
8. The Laser Beam
9. Bond Back In Action Again
10. Pussy Galore's Flying Circus
11. Teasing The Korean
12. Gassing The Gangster
13. Dawn Raid On Fort Knox
14. The Arrival Of The Bomb And Count Down
15. The Death Of Goldfinger – End Titles



             



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