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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film
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JAMES BOND - Permis De Tuer (michael Kamen) (1989)
Par MARCO STIVELL le 24 Août 2021          Consultée 1149 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Un vrai dernier celui-ci. Dernier des "vieux James Bond", dernière production d'Albert 'Cubby' Broccoli, dernier des cinq films consécutifs réalisés par John Glen (qui a vraiment fait un sans-faute en ces années 80), dernier générique de Maurice Binder, dernier scénario co-écrit par Richard Maibaum, dernière prestation également pour l'acteur Timothy Dalton, déjà, hélas ! En 1989, la saga de l'espion le plus célèbre de la planète peut se targuer d'avoir perduré mieux que d'autres, et malgré la période d'incertitudes/intrigues judiciaires qui va suivre, elle ne se doute pas encore de ce que sera la suite de son histoire, toute aussi importante.

Pour l'heure, on sent que le filon d'inspiration Ian Fleming a été épuisé, tous les romans (sauf Casino Royale) mais aussi, depuis 1981, pratiquement toutes les nouvelles. Licence to Kill/Permis de Tuer est un scénario presque totalement original, qui puise juste quelques éléments par-ci par-là (comme d'ailleurs les futurs éléments de la saga). Par exemple, Le Spécimen Rare de Hildebrand, la dernière des deux seules nouvelles inutilisées (l'autre, Chaleur Humaine, inspirera juste son titre original Quantum of Solace au film du même nom en 2008) parmi les cinq du recueil From A View to a Kill/Bons Baisers de Paris (1960, qui a déjà nourri deux films en 1981 et 1985), se passe dans les îles sous le soleil certes mais plutôt du côté des Seychelles. Bond est engagé par un capitaine de navire et collectionneur du nom de Milton Krest, macho et violent envers sa femme, sans scrupule et recherchant une espèce de poisson magnifique très rare en méprisant la faune et la flore, seulement pour s'enrichir. Toutes ces raisons le rendent vite hostile aux yeux de Bond, qui en plus de sauver la jolie madame Krest, se sent mû d'une âme écologique à un moment déterminant et de façon bien maladroite (il use de produits dangereux pour sauver – en vain – un seul poisson parmi d'autres).

Nouvelle très chouette au passage, avec un bon rapport climat-décor qui est repris dans Permis de Tuer et transposé de l'océan Indien aux Bahamas en cette année 1989. Tout comme le personnage de Milton Krest et son bateau, engagés par le grand parrain international de la drogue, Sanchez (joué par Robert Davi, acteur des Goonies, Piège de Cristal etc) qui lui violente sa petite amie. Le film use aussi d'un détail ignoré par tous les autres films jusque là et que Fleming avait pourtant intégré dès son deuxième roman, Vivre et Laisser Mourir (1954) : la mutilation par un requin de Felix Leiter, grand ami de Bond et agent de la CIA, récurrent dans les histoires. Ici, il perd les jambes alors qu'à la base, c'est 'seulement' une main. C'est l'un des éléments, avec les morts de Krest (à la base piqué par son poisson rare tant convoité, ici explosant dans un SAS à haute pression) et celles des autres méchants, qui ont valu à ce film les critiques pour sa trop grande violence, montrée sans fard. Par rapport à d'autres films anciens, c'est déjà une part du 'nouveau James Bond' et qui se verra largement exploitée dès 1995.

Par rapport à son prédécesseur The Living Daylights/Tuer N'est Pas Jouer (1987), le dernier grand coup de John Glen revient à une formule plus classique, un espionnage très 'rock'n'roll'. Exit les sentiments écolos, très peu de plongée sous-marine. En revanche, Timothy Dalton transcende son rôle de 'dur sensible' en totale adéquation avec les romans, agissant sur des coups de tête et même à l'encontre de son propre patron M qui doit lui retirer son permis de tuer à contrecoeur. Bond, qui a assisté au mariage de ses amis Felix et Della Leiter (excellente scène d'intro pour dire que la vie d'espion n'est pas de tout repos, même lors des grandes liesses), veut venger ces derniers pour le traitement que Davi/Sanchez leur a infligés. En résulte un film proche des productions mafieuses/actions etc de l'époque avec des éléments kitschs plus prononcés qu'à l'accoutumée, ninjas, coupes mulets etc mais qui, grâce à Dalton, grâce à une réalisation de main maître, s'écarte comme il convient des séries B.

Et pour la bande originale, même constat. C'est à la fois bien ancré dans son époque, avec des moments contestables, mais à côté de cela, un sens du sérieux, de la surprise et du précieux qui ne font que prolonger le plaisir. John BARRY étant définitivement parti de la saga, la direction musicale revient à un 'petit jeune' d'environ 40 ans, avec un joli palmarès déjà et dont cette période demeure l'âge d'or, étendu à la décennie qui va suivre, avant qu'une affreuse maladie ne stoppe tout. Michael KAMEN a non seulement travaillé avec des groupes/artistes de rock (PINK FLOYD, avant METALLICA, STING, QUEEN, Kate BUSH etc) mais également sur des BOs reconnues pour des films qui ne le sont pas moins : Brazil de Terry Gilliam en 1985, Highlander en 86, L'Arme Fatale en 87 et tout le reste de la saga ensuite, Die Hard 1 : Piège de Cristal en 1988.

Permis de Tuer est son 'gros vendeur' de l'année 1989, pas son chef d'oeuvre certes (il faudrait plutôt aller du côté de la forêt de Sherwood deux ans plus tard), mais il demeure une belle démonstration de son talent et une marque de continuité dans une période faste de compositeur à succès. Pourtant, je ne peux m'empêcher de trouver à son style une certaine lourdeur, et nul doute que le plus célèbre groupe de thrash metal en fera bombance.

La bande originale, divisée en deux faces et un peu dans la tradition des films d'alors, offre pour partie des chansons toutes différentes les unes des autres. L'exercice pourrait paraître un peu forcé quand on pense par exemple à "Wedding Party" (effectivement entendu pendant la fête de mariage chez Della et Felix), une soca/jump up ou un calypso endiablé joué par le groupe IVORY venu de la Barbade, donc beaucoup plus bas dans les Caraïbes, et qui ne comprend pas de clavier à la base alors que celui-ci mène la danse. D'anciennes BOs de James Bond sur disque nous avaient privés de ce type de musique traditionnelle entendue dans le film, et ici, "Wedding Party" se sent bien seule.

Un rock à grosses guitares tendance 80's et chaloupé, ponctué de cuivres-synthés, lui fait suite : "Dirty Love", entendue pendant la scène nocturne du troquet à stripteaseuses où Dalton/Bond s'aventure pour retrouver son alter-ego féminin, Pamela 'Pam' Bouvier (superbement jouée par Carey Lowell, ex-madame Richard Gere). Elle est interprétée par le Canadien Tim FEEHAN à voix rocailleuse, fierté de la province Alberta pour l'époque et grand copain de David FOSTER. Pas mémorable mais de quoi rendre la BO assez diversifiée.

Le slow aérien "If You Asked Me to" placé en générique de fin, chanté par Patti LaBELLE qui évolue dans un registre acidulé, avec plein de choeurs suaves, remporte mieux les faveurs. De même pour la chanson-porteuse "Licence to Kill", où l'on peut profiter une toute dernière fois de Maurice Binder pour gérer lui-même l'esthétique envoûtante des génériques de début, comme c'était le cas depuis 1962, et décédé deux ans plus tard, lui aussi d'une maladie proprement détestable. Cette chanson est l'affaire de Gladys KNIGHT, star géorgienne de la soul, et qui livre une belle prestation chaleureuse et séductrice dans un ensemble très cinéma de fin 80's : slow ample, pianos froids et digitaux, cuivres et basse-synthé, réverb' et boîte à rythmes lente...

Cette chanson produite par les jazzeux Narada Michael Walden et Walter Afanasieff (juste avant que celui-ci ne connaisse la consécration en travaillant pour Mariah CAREY, puis toutes les chanteuses à voix dont Céline DION), ne figurerait pas longtemps en bonne place parmi les chansons Bond mémorables ou même identitaires, s'il n'y avait le 'détail qui tue'. Présents dès le début, et ce qui fait pour bonne moitié l'intérêt de la chanson, ce sont les deux accords repris à "Goldfinger" (1964), si simples mais beaux et frappants, typiques de l'esprit de la saga.

Le reste, c'est le jeu de Michael KAMEN, menant le National Philharmonic Orchestra à la baguette. Toute la seconde face, exclusivement symphonique ou presque, donne l'occasion d'entendre ses développements savants, ses emprunts au thème de 007 avec lesquels il se débrouille fort bien, comme Bill CONTI quelques années avant lui. Et ce, malgré encore une fois, quelques lourdeurs ou une trop grande agressivité dans les attaques de cuivres et multipliées sur certains morceaux, particulièrement "Sanchez is In the Bahamas/Fish Rising" qui commençait pourtant bien avec son boléro.

KAMEN a ses lubies, une vision un peu STRAVINSKY de la chose, une envie de mettre en avant des instruments auxquels on n'aurait pas forcément pensé pour un tel film, comme la clarinette basse (peu voire jamais utilisée en soliste dans les BOs James Bond passées) ou encore la guitare classique, directement importée d'Andalousie. Il s'agit d'ailleurs de la touche la plus exotique de l'ensemble à part "Wedding Party".

L'approche contemporaine atteint un beau sommet avec "His Funny Valentine", entre vagues folles d'orchestre et résonances diverses, ajout de phasing, de claviers cristallins. La suite "Ninja" exploite un peu les mêmes idées, mais paraît un peu longue pour ce qu'elle offre en inspiration et en partitions assénées. Le final est ce qu'elle contient de plus appréciable, tout en noirceur. Tandis que la première séquence est illustrée avec panache et retombées quand il le faut ("James & Felix on Their Way to Church"), quitte à faire paraître le gunbarrel un peu plus terne (mais avec le retour de la guitare surf tout de même !), le meilleur de cette fournée est concentré dans "Licence Revoked". Il y a cet effet danse slave ponctuée de guitare à cordes nylon, cette façon d'entremêler l'esprit du thème 007 et celui de "Au Service Secret de Sa Majesté" loin d'être négligeables. Du grand art, et cette fois, la longue durée (9 minutes) n'est pas un tort.

Last but not least, KAMEN propose avec "Pam", dédiée à une James Bond girl trop sous-estimée (malgré un sacrifice de cheveux bien triste), un moment d'orfèvre tout en douceur. Ambiance séductrice et noire de prime abord, le thème se transforme peu à peu en ballade lumineuse avec une fausse guitare classique (contrairement au début du thème où elle était vraie !) jouée au synthétiseur. Sensible, un rien hésitante, cette petite merveille est jouée durant la scène légère et très belle à la fois où Carey Lowell/Pam Bouvier et Timothy Dalton/James Bond se laissent aller à leur passion réciproque tout en dérivant sur les flots caribéens au milieu de nulle part, sous un ciel nocturne fait d'or et d'étoiles... Rien que de penser à tout cela, j'en ai des frissons !

Michael KAMEN n'a fait que passer, et dans l'ensemble, il a bien fait les choses. Timothy Dalton, lui, même s'il a au moins eu droit à son James Bond ensoleillé, reste le gros gâchis de la saga car employé trop peu de temps, et aurait bien mérité deux films de plus. Fin d'une grande époque...

Note réelle : 3,5

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Sur un bateau de pêche, au large entre Key Largo (Floride) et les îles Bimini (Bahamas).
« Félix ?
-Oui vieux ?
-Je peux t'avouer quelque chose ?
-Accouche James !
-Hier, conta l'espion anglais, Della a eu une attitude provocante, et je reconnais avoir eu du mal à ne pas céder à ses avances...
-Quel homme le pourrait ? Tout comme moi, tu as eu la chance de l'entrevoir en douce dans sa robe blanche. Ses épaules, ce décolleté ! Hein ? C'est à se demander pourquoi on tâte le goujon présentement, alors qu'on pourrait trouver gibier plus appêtissant !
-Oui mais quand même, Félix, j'aurais vraiment voulu... !
-Baste, vieille branche ! Elle est en pleine ferveur car elle sait qu'elle va se marier demain, ce n'est rien va. Et puis moi aussi je dois t'avouer quelque chose : si elle me trompe même après cela, j'aime autant que ce soit avec toi. Parole d'agent de la CIA !
-Que... Comment ? demanda James Bond héberlué. Tu sais que cela pourrait très bien arriver quand même, surtout après que tu as dit ça ?
-Je le sais ! répondit Félix Leiter. Et je te connais suffisamment pour savoir que tu tiens trop à ton métier et les avantages qu'il t'apporte pour t'attacher facilement. Même si, une fois, tu as bien failli.
-Tu parles de Vesper ou Tracy ?
-Les deux, mon neveu. Surveille ta ligne, je vois un banc qui s'amène. Puis, au bout d'un instant de silence : Si ça se trouve, James, Della te posera un gros 'smack' sur la bouche demain, devant le gâteau géant et sans que tu t'y attendes !
-Allez je me sens mal, fais comme si je n'avais rien dit !
-T'inquiète pas, je te charrie ! On est potes ou pas ? Bon. Ah ça y est, ça mord ! »

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   MARCO STIVELL

 
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- Michael Kamen (claviers, compositions, orchestrations)
- Gladys Knight, Patti Labelle (chant)
- Tim Feehan (chant)
- Jimmy Duncan, Derek Fields (guitares)
- Philip Brennan (basse)
- Maxie Taylor (batterie)


1. Licence To Kill
2. Wedding Party
3. Dirty Love
4. Pam
5. If You Asked Me To
6. James & Felix On Their Way To Church
7. His Funny Valentine
8. Sanchez Is In The Bahamas/shark Fishing
9. Ninja
10. Licence Revoked



             



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