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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - On Ne Vit Que Deux Fois (john Barry) (1967)
Par MARCO STIVELL le 30 Mars 2021          Consultée 1368 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Ce cormoran s'appelle David. Comme David Niven, précise l'écrivain Ian Fleming en cette année 1964, et il est rare qu'il fasse une référence aux artistes contemporains. De cette façon, Kissy Suzuki, petite plongeuse japonaise adorable à qui l'oiseau de mer tient compagnie dans le texte, rend hommage au seul acteur qui a été respectueux et gentil avec elle à Hollywood, lorsqu'elle a tenté de faire du cinéma. David Niven, dans la réalité cette fois et comme par hasard, est choisi pour premier rôle, celui de James Bond, dans le film parodique Casino Royale paru en 1967, trois ans après la mort de Fleming. La même année, miss Suzuki ne manque pas d'être dans le script de You Only Live Twice/On Ne Vit Que Deux Fois, le seul des deux films qui importe vraiment.

"You Only Live Twice" est le nom de la superbe chanson chantée par Nancy SINATRA, la fille de Frank, sur fond de générique aux humeurs et couleurs volcaniques, nouvelle trouvaille splendide de Maurice Binder. Idéalement placée après la mort (?) de Sean Connery/James Bond, qui plus est. À la base, l'interprète était une autre chanteuse et le morceau différent, mais John BARRY n'était pas satisfait. Nancy SINATRA y fait preuve d'une délicatesse mélancolique qui n'exclut pas la tension (autre approche donc que l'archi-connu "These Boots Are Made for Walkin", sorti un an plus tôt en 66).

Les percussions et le rythme offrent une légère touche extrême-orientale. La mélodie est soulignée par une guitare électrique et les grandes envolées de cordes font le reste, marquant les esprits à jamais. Lee Hazlewood, le binôme musical de Nancy et auteur de ses grands succès, ne participe pas à l'écriture (les paroles sont de Lee Bricusse, comme pour "Goldfinger"), mais ensemble, ils en font leur propre version. A propos de reprises, elles sont nombreuses au fil du temps, par Shirley BASSEY (logique), mais aussi dans le rock, la pop des années 80 (SOFT CELL) ou des années 90-2000 (BJÖRK, Robbie WILLIAMS), sans parler de l'électro.

Dernière histoire achevée par Fleming au terme de sa vie (les autres demeurent en suspens), le récit crépusculaire d'On Ne Vit Que Deux Fois dévoile un James Bond d'abord dépressif (Blofeld, le chef du SPECTRE, et son affreuse acolyte Irma Bunt ont tué sa femme le jour de leur mariage) puis poussé par son patron 'M' pour une mission de la dernière chance. Avec l'aide de Tigre Tanaka, chef des services secrets japonais et propriétaire d'une école de ninjas, celle-ci se met en place très lentement, à grand renfort de saké, de dîners dans les restaurants, de joutes verbales bourrées de clichés caustiques et corrosifs sur les débats de deux amis concernant leur culture orientale pour l'un, occidentale pour l'autre. Fleming a donc eu le courage de proposer un autre type de récit, mais celui-ci n'est guère apprécié de son ami Roald Dahl, le célèbre écrivain gallois (toujours aussi étudié à l'école primaire !) engagé par EON Productions pour le scénario du film.

Le film réalisé par Lewis Gilbert gomme donc toute la partie pourtant pleine de suspense du château de Blofeld qui, tel un comte Zaroff, a implanté un vrai 'jardin de la mort' dans sa propriété, sauf qu'au lieu de chasses à l'homme, il crée des 'invitations au suicide' pour Japonais malheureux ou déshonorés. La poésie vénéneuse s'efface pour revenir aux éléments de possible troisième guerre mondiale du début du roman, avec des vaisseaux spatiaux des U.S.A. et de l'U.R.S.S. volés par une puissance inconnue.

Roald Dahl est ainsi le premier scénariste à s'écarter autant de l'oeuvre originale pour créer quelque chose de plus classique, gardant toutefois l'idée de piranhas dans l'eau et de grimer Sean Connery en habitant japonais. Il y a plus de scènes d'action, de James Bond girls dont deux qui finissent mal et la dernière en bikini (osé pour l'aventure, mais toujours moins que dans le livre où elle porte ce qu'on appellera plus tard un string !) avec un couteau à la taille, de repérages en hélicoptère et de bases secrètes dans les volcans. Le spectacle en grand, même d'époque, fait toujours son effet, tout comme l'arrivée de Donald Pleasance pour enfin montrer le vrai visage du chef du SPECTRE, l'homme malfaisant au chat blanc, à l'origine de tant de bassesses depuis cinq ans.

Peu de poésie, ou alors typiquement bondienne, avec du John BARRY parfois en mode traditionnel japonais, toutes proportions gardées. En bon Occidental, il ne se classe pas à la hauteur des maîtres, et dans les parti-pris instrumentaux, on reste dans un exercice d'orchestre de variété qui s'adapte. Néanmoins, en dépit du fait de substituer le koto par une mandoline (!), de faire jouer aux flûtes symphoniques ce qui pourrait l'être au bansuri, la couleur mélodique est parfois bien là, et très envoûtante. La séquence du mariage, inspirée des airs délicats japonais, est particulièrement éloquente. Une sucrerie offerte avec délice, saupoudrée de marimba et de harpe. Dans le même sens, on peut citer "Tanaka's World", le rythme de "Mountains and Sunsets", la froide beauté dramatique de "Death of Aki" où l'on remarque une fois encore l'attrait de BARRY pour les harmonies étranges.

Ce qu'il y a de bien avec cette B.O, par rapport aux précédentes, c'est qu'elle réemploie à loisir les deux thèmes principaux, à savoir celui de "You Only Live Twice" et (pour les moments d'action) celui de "Capsule in Space", en le faisant intelligemment et sans créer d'impression de trop. Le thème du vaisseau spatial américain 'mangé' par celui du SPECTRE est un superbe crescendo, pesant et majestueux à la fois. Dans les bonus de l'album, "Soviet Capsule" est une variation avec des cordes folles qui rendent hommage au "Vol du Bourdon" de RIMSKY-KORSAKOV. Vieux cliché certes, mais simple et efficace ! Tout comme "Astronaut?", où la harpe, instrument fétiche de BARRY plus que le piano par moments, accentue la tension.

On en oublierait presque le thème chéri de notre James Bond. Il faut dire que le film commence par sa mort. Oui mais au final, loin du personnage devenu neurasthénique puis amnésique dans le livre, et même si Sean Connery hésitait déjà fortement à reprendre son rôle, il est plus vivant que jamais. Le "gunbarrel" est cependant plus lent musicalement, et la partie de guitare n'est plus strictement l'originale de Monty NORMAN. L'une des rares évocations de notre cher 007 dans la suite de la partition se situe à travers les jolis enchevêtrements de "Bond Averts World War Three", un cocktail savoureux digne de la Vodka Martini.

Dernier élément de choix, puisqu'on parlait de guitare : la basse. Au mediator et peut-être sans frettes, c'est elle qui fait le sel de "A Drop in the Ocean" et surtout de "Fight at Kobe Dock – Helga", une des meilleures suites concoctées par BARRY depuis 1962. Quoique décousue, toutes les idées se tiennent, la basse se fond dans les cordes rêveuses et les explosions de cuivres avec fougue et chaleur, s'octoyant même une partie de guitare surf. De bons points à foison pour une bande originale parmi les plus inspirées et les mieux équilibrées.

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(Suite au roman, extraits choisis du départ de Bond du Japon, vers Vladivostock.)
Rêvant sur le rivage face au soleil levant, il n'a pas encore retrouvé la mémoire. Il a toujours l'adorable Kissy Suzuki en tête mais sa mémoire perdue avant les derniers mois lui est très floue.
Il se lève et arrive sur une place avec des magasins et des restaurants. À une table de bar, deux hommes boivent, riant fort et faisant claquer leurs petits verres sur la table.
« Ah, ça y est, je me souviens ! Le saké... Tigre Tanaka, mon ami japonais ! Il faudra que je retourne le voir pour lui dire que j'ai réussi et pour qu'il reconnaisse la supériorité de l'homme occidental, ce bouffeur d'algues et de poisson cru. Minute ! Je devais réussir quelque chose pour lui, mais quoi ? »
À l'entrée d'un restaurant, il entend le son d'une poële à frire. Intrigué, il s'avance et voit un cuisinier casser la coque d'un oeuf pour verser le contenu à préparer.
« Un oeuf ? Mais oui, crâne d'oeuf, c'est ça ! Comme Blofeld, ce salopard. Ah ! Je l'ai bien eu, enfin ! J'ai fait tout sauter ! Un château dans le livre, puis un volcan dans le film, l'enfance de l'art. J'aurais aimé savoir pourquoi Ian Fleming voyait toujours ses méchants chauves avec une moustache, mais c'est trop tard maintenant. Au moins, dans les films, tout le monde est glabre, ouf ! Bon, direction Vladivostock, mais après ?... »
James Bond passa ensuite devant une épicerie. Un étalage de légumes retint particulièrement son attention.
« Des asperges ? Bon sang mais oui, ça y est, je me souviens de tout ! L'Angleterre, mon chez moi, mission pour le MI6, dernière chance... C'est bon, je rentre, j'arrive ! Mon pauvre Q, vous n'aimeriez certainement pas savoir que c'est une asperge qui m'a rappelé votre bon souvenir. Raison de plus pour que je vous le dise... »

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   MARCO STIVELL

 
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- John Barry (composition, orchestrations, direction musicale)
- Lee Bricusse (paroles)
- Nancy Sinatra (chant)


1. Gunbarrel
2. Capsule In Space/death Of Bond
3. You Only Live Twice
4. Fight At Kobe Dock – Helga
5. Tanaka's World
6. A Drop In The Ocean
7. The Death Of Aki
8. Mountains And Sunsets
9. The Wedding
10. James Bond – Astronaut?
11. Countdown For Blofeld
12. Bond Averts World War Three
13. (bonus) Soviet Capsule



             



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