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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - Au Service Secret De Sa Majeste (john Barry) (1969)
Par MARCO STIVELL le 3 Mai 2021          Consultée 1561 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Le seul film James Bond où il n'y a pas de 'chanson James Bond' au générique d'intro depuis Goldfinger (1963). Le seul également où il se marie. Et bien sûr, le seul avec son acteur principal.

La chanson principale, "We Have All the Time in the World", arrive au milieu du film. Le titre reprend les paroles dernières prononcées à la fin par un George Lazenby/James Bond incrédule, enserrant avec amour Diana Rigg/Tracy Bond morte dans une voiture accidentée, et s'adressant à un policier hébété, rendu muet par ce qu'il voit. Personne mieux que l'immense Louis ARMSTRONG à la voix 'tendre cassée' ne pouvait mieux illustrer une fin aussi spectaculaire et triste pour un James Bond. Une guitare classique souligne intelligemment le chant, et pour un trompettiste iconique, détail amusant, c'est un bugle qui vient offrir de la répartie dès le second refrain. ARMSTRONG, rongé par la maladie, enregistre en une seule prise, impérieusement. Hal David écrit les paroles (il l'avait déjà fait pour James Bond, mais... de façon parodique, avec le Casino Royale de 67 !), John BARRY compose une jolie mélodie éprise et nostalgique, le tout devient un tube mondial. Encore !

Si On Her Secret Majesty's Service/Au Service Secret de Sa Majesté reprend les éléments à succès des films précédents, il est clairement à part, d'abord en tant que second roman de la 'trilogie Blofeld' publié en 1963 (entre Opération Tonnerre, 1961 et On Ne Vit Que Deux Fois, 1964). On sent combien Ian Fleming voulait à travers lui faire évoluer le personnage de James Bond. Une tournure moins action/espionnage classique et plus romantique, qui fait suite à celle d'une nouvelle déjà elle-même 'à part' et publiée en 1962 : Motel 007 (ou L'Espion qui m'aimait) dont nous aurons l'occasion de reparler. Les rôles féminins y sont plus que déterminants dès le départ, et Bond a eu le temps de guérir de sa fureur à l'encontre de Vesper Lynd depuis Casino Royale (1953). Dans Au Service Secret de Sa Majesté, Fleming a aussi voulu tenir compte des idées des films d'EON Productions qui ont commencé à se produire, totalement convaincu par le jeu de Sean Connery.

Son héros littéraire aux couleurs d'Angleterre précise dès lors ses origines écossaises par son père, suisses par sa mère. Ursula Andress (actrice elle-même d'origine helvète) fait une apparition fugace au milieu d'autres célébrités dans le restaurant du Piz Gloria, refuge alpin enchanteur qui camoufle les odieuses machinations de Blofeld. Voilà donc une belle façon pour papa Fleming de renvoyer la balle, peu de temps avant de s'envoler plus haut que les sommets bernois. Au Service Secret de Sa Majesté est mon roman favori de James Bond (ex-aequo avec Vivre et Laisser Mourir), par ce romantisme, cette grâce due aux décors, mais aussi aux relations entre personnages, à toute l'intrigue liée au domaine héraldique. So british! La très belle collection Bouquins de l'éditeur Robert Laffont commet hélas une erreur en ne l'incluant pas à son intégrale, et c'est bien la seule.

Le film est prévu comme troisième de la saga, mais depuis 1963, il se voit systématiquement repoussé pour diverses raisons : droits d'adaptation, repérages en montagne, départ de Sean Connery. Pour le remplacer, tâche ô combien difficile, l'un des deux producteurs d'EON, Harry Saltzman, défend un certain Roger Moore, mais celui-ci a des opportunités de séries TV (Le Saint, puis Amicalement Vôtre au début des années 70). L'autre producteur, Albert Broccoli, choisit un Australien inconnu appelé George Lazenby, vu dans une publicité pour barre chocolatée. Il a l'allure, le rôle lui revient. Si de prime abord, le costume lui semble étroit, Lazenby qui n'était jusque là pas un 'vrai' acteur s'est formé en observant Sean Connery (plus vieux que lui de presque dix ans !), et personnellement je trouve qu'il fait le job.

Une parenthèse pour la saga comme pour lui qui ne croit pas à un succès durable de celle-ci (mais il ne retrouvera jamais un tel rôle) et nonobstant la critique, il 'porte' ce qui reste un des meilleurs James Bond, ce qui n'a été reconnu qu'avec le temps. Le réalisateur Peter Hunt a été monteur sur les cinq premiers opus, créant des innovations. Pour un premier effort global, le seul Bond pour lui aussi d'ailleurs, on peut dire que c'est 'son' bébé, et un beau ! Telly Savalas (Kojak) remplace Donald Pleasance en Blofeld devenu 'hypnotiseur' pour ses mauvais desseins, auquel il apporte un charme oriental mais toujours chauve. Quant à Tracy Draco, fille du parrain corse et pour qui notre James est prêt à se ranger, elle est jouée par la lumineuse Diana Rigg, déjà espionne en 1966-67 dans la fameuse série Chapeau Melon et Bottes de Cuir, autre emblême britannique audio-visuel.

Le film suit fidèlement l'histoire du livre, à quelques détails près, avec un rythme de montagnes suisses (pour changer des russes), une envie de retarder au maximum le moment où l'on comprend les projets réels de Blofeld, sa confrontation avec Bond, même si On Ne Vit Que Deux Fois, deux ans plus tôt, a déjà mâché le travail, grosse entorse au travail de Fleming. Contrairement à la réalité, les ascensions (en hélicoptère) demeurent plus faciles que les descentes (en ski puis en bobsleigh) fort mouvementées pour Bond, et la partition de John BARRY semble suivre cet état de fait. Pas sa meilleure mais elle demeure riche en idées. Les contrastes y sont plus saisissants que dans n'importe quelle bande originale de la saga jusque là, entre les scènes d'action et les passages doucereux.

Ceux-ci contiennent les rares moments où BARRY mène la danse avec son précieux piano : "Try" et une variante instrumentale de "We Have All the Time in the World". Moments jazzy smooth et grâcieux, fort beaux avec contrebasse veloutée, cordes rêveuses, soli de flûte traversière enjôleuse. Une élégance sans faille d'un niveau comparable à celui de "Journey to Blofeld's Hideaway", thème féérique à cordes célestes et cuivres solennels qui accompagnent James Bond dans son premier voyage en hélicoptère vers ce nid d'aigle que représente le Piz Gloria. Moment magique avec pour seul élément perturbateur la présence de l'affreuse Irma Bunt, compagne de Blofeld, jouée avec brio par Ilse Steppat, actrice allemande décédée quelques semaines après la sortie du film (le doublage français de Jacqueline Morane est une attraction à lui seul !).

Le moment le plus léger demeure l'autre chanson, "Do You Know How Christmas Trees Are Gone?", pop pure interprétée par la star danoise NINA (remarquez, avec ARMSTRONG, l'équilibre romantique homme-femme travaillé jusque dans la B.O !) soutenue par des choeurs d'enfants. Elle permet à George Lazenby/James Bond et à Diana Rigg/Tracy de passer une nuit de Noël rocambolesque dans un village alpin, tout en fuyant sur des patins à glace puis en voiture pour échapper aux sbires de Blofeld. Morceau grâcieux agrémenté de cuivres et de clavecin, où la chanteuse semble un peu fausse par moments (sur le refrain), non essentiel mais sympathique.

Les autres thèmes se concentrent sur l'action classique, avec quelques baisses d'inspiration, malgré une volonté de renouvellement très claire de la part de BARRY. Bien entendu, les exceptions restent le gunbarrel et le générique de début, allié au design traditionnel de Maurice Binder. Instrumental pour cette fois-ci seulement donc, "On Her Majesty's Secret Service", énième variation du "James Bond Theme" de Monty NORMAN, surprend par son groove, sa batterie folle, mais aussi ses attaques de cuivres et surtout celles de clavier Moog qui tissent une anatole espagnole/andalouse (tout comme "Hit the Road Jack" de Ray CHARLES, pour mieux situer) avec ses quatre accords en descente à l'esprit noir, malicieux. Si BARRY, à l'image du film, retranscrit le Summer of Love de 1967 à sa manière (espion amoureux, mariage), il s'en éloigne joliment et tout en s'adaptant à la tournure que prend la pop music à la fin des années 60.

Le "James Bond Theme" n'est véritablement cité qu'à une ou deux reprises. D'autres effets redondants font toutefois leur apparition durant "Over and Out" et l'autre suite 'forte' appelée "This Never Happened to the Other Fella", avec leurs arrangements alambiqués. BARRY se contente parfois de deux notes en octaves, au clavier ou au glockenspiel. Bien qu'ils soient accompagnés par le reste de l'orchestre, on reste un peu circonspect face au résultat, celui-ci n'égalant pas les fantastiques moments improvisés de Bons Baisers de Russie (1963) par exemple. Malgré un excellent début avec la scène de la plage où James sauve Tracy de sa tentative de suicide tout en affrontant les 'méchants', la fin de "This Never Happened to the Other Fella" apparaît comme fade. L'anatole du générique se voit accéléré sur "Battle at Piz Gloria" et mélangé avec un "vol du bourdon" aux cordes. On retiendra plutôt "Ski Chase" et sa flûte 'slapée', ses violoncelles/contrebasses magnifiques et son final féérique.

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« Tracy, pardon... Puis-je vous voir un instant ?
-Oh, bonjour Moneypenny ! Entrez, je finis de mettre ma robe. Comment la trouvez-vous ?
-Elle est splendide ! Vous n'êtes pas trop nerveuse, dites ?
-Quand même si ! répondit Tracy. Le jour de mon mariage, pensez-vous, alors qu'il y a encore deux semaines, je voulais me noyer... Grâce à James, je suis enfin heureuse, je veux vivre !
-Quelle chance vous avez.
-Oh, pardon Moneypenny, j'oubliais, je suis désolée...
-Non, répondit la secrétaire de "M" avec un sourire, c'est moi, ne vous en faites pas. C'est une aventure assez folle quand on y pense ! Votre père Marc-Ange Draco, chef de la pègre corse veuf, qui apparaît comme un papa gâteau aimant sa fille par dessus tout ! James amoureux qui souhaite démissionner, se marier ! Mais c'est beau, magnifique même. Déjà à notre époque, cela paraît loin de notre réalité, alors imaginez dans cinquante ans, quand les méchants "badass" auront la cote plus que les gentils ; quand les mots "mariage" et même "sentiments" dérangeront ; quand on ne se parlera que par messages électroniques interposés et, au moment de se voir, ça ne se fera pas et il y aura toujours une mauvaise excuse...
-Vous avez raison ! affirma Tracy rêveusement. Dites, à propos de ce qui ne se fait pas, avez-vous remarqué qu'encore une fois la France a été snobée dans ce film ?
-Pas possible, c'est vrai ?!
-Oui, Ian Fleming avait écrit clairement que la plage où je veux me noyer au début est en Normandie, pas loin de Royale-les-Eaux et de son fameux casino ! Là dans le film, on est à Estoril, au Portugal et chez mon père on a même droit à une scène de corrida !
-Je pense, reconnut Moneypenny, que c'est pour qu'on ait vraiment un goût de sud profond et chaud avant que notre... votre James n'aille risquer sa vie sur les hauts sommets enneigés...
-Fire and ice, en effet ! Mais franchement, la scène à Marseille avec le chauffeur de taxi, quand James retourne voir mon père pour prévoir l'attaque du Piz Gloria, ça ne méritait pas d'être écarté, comme tout ce qui est provençal. Ah ça, pour montrer Paris dans Opération Tonnerre comme il se devait, en revanche, là tout le monde était d'accord !
-Je suis bien d'accord avec vous, c'est une honte ! Ces bloody bastards vont m'entendre... »

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   MARCO STIVELL

 
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- James Barry (compositions, orchestrations)
- Hal Dvaid (paroles)
- Louis Armstrong (chant)
- Nina (chant)


1. We Have All The Time In The World
2. This Never Happened To The Other Fella
3. Try
4. Ski Chase
5. Do You Know How Christmas Trees Are Gone?
6. On Her Secret Majesty's Service
7. Journey To Blofeld's Hideaway
8. We Have All The Time In The World (instrumental)
9. Over And Out
10. Battle At Piz Gloria
11. We Have All The Time In The World (générique De Fi



             



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