Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

Commentaires (2)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - L'homme Au Pistolet D'or (john Barry) (1974)
Par MARCO STIVELL le 29 Juin 2021          Consultée 1753 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Avant de parler de Bond avec passion, autorisons-nous une petite incartade cinématographique pour évoquer le film de 'folk horror' de Robin Hardy sorti en 1973 et qui a traumatisé une génération : The Wicker Man. L'histoire d'un flic dévot britannique qui vient enquêter à Summerisle, île située au large de l'Ecosse, pour retrouver une fillette annoncée comme disparue. Il se heurte à une population de villageois insouciante de prime abord, qui dit ne rien savoir alors qu'en fait elle sait tout. Le caractère presque hippie et très début 70's, gentillet par certains aspects, se heurte à l'ambiance glaciale qui se forme peu à peu autour du policier qui découvre les penchants païens de Summerisle, pour 'éclater' dans une séquence ultime monstrueuse, climax du film et de très haut. Christopher Lee, ancien acteur des films de la Hammer (classiques d'horreur anglais des années 50-60) qui joue le châtelain et 'maître à penser' de l'île, un rôle effectué sans salaire, gratuitement (!), estime ce dernier comme le meilleur de sa carrière (!!). Fin de la parenthèse, passons à l'année suivante : 1974.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------

James Bond a souvent des titres marquants, soit pour leur phrase courte, directe ou poétique, soit pour le nom d'une opération d'espionnage, ou alors pour le nom du méchant ou ce qui le caractérise. Après, Goldfinger en 1960 (1964 pour le film, et déjà une affaire du réalisateur Guy Hamilton), voici la deuxième mission estampilée 24 carats, The Man With the Golden Gun ou L'Homme au Pistolet d'Or (1965, publication posthume pour Ian Fleming mort quelques mois plus tôt, puis dernière adaptation ciné par Hamilton en 1974).

Le roman se passe à Londres, bien sûr, et en Jamaïque. Fleming, qui habitait l'île et écrivait dans sa propriété Goldeneye, aimait tellement le pays qu'il en fait le théâtre d'au moins quatre de ses aventures de James Bond, dont celle-ci. Francisco Scaramanga, le fameux méchant au colt d'or (en pièces détachées dans le film), ancien membre d'un cirque, est un tueur à gages qui fricote avec des patrons mafieux et même le KGB pour un projet d'hôtel luxueux dont le chantier peine à démarrer. Il engage Bond (qui a ordre de le tracer pour l'éliminer) comme garde pour veiller à ses intérêts et c'est son erreur fatale. Scaramanga est imbu de lui-même, grossier, implacable, tireur hors-pair et de sang-froid ; blessé à mort, il trouve la force de tuer un gros serpent et s'en repaître. C'est le méchant le plus charismatique de James Bond en roman, devant Blofeld ou Golfinger.

Fleming mort, le livre est achevé sans trop de travail par les éditeurs. Il est fort et beau de penser que contrairement à celui du Dr. No, comme cela avait été imaginé en 1962, le rôle de Scaramanga au cinéma revient à Christopher Lee, cousin de Fleming par la mère de ce dernier (il révèlera même que le méchant est inspiré d'un ancien camarade d'école détesté par l'auteur). Notre comédien à grande taille et voix de basse le rend toutefois plus 'cool', moins véhément, un peu à l'image de ce que l'on recherche à l'époque de Roger Moore. Il n'empêche que cela fait deux acteurs du film susmentionné The Wicker Man qui se retrouvent, puisqu'il y a aussi la superbe blonde suédoise Britt Eckland (fille des patrons de l'hôtel de Summerisle, qui tente de dévergonder le flic dévot). Ici, elle est Mary Goodnight/Bonnenuit, 'stagiaire' au MI6 alors que dans les livres on la connaît comme la secrétaire particulière de Bond (Moneypenny est celle du patron "M"). Au chapitre James Bond girls, on croise aussi déjà Maud Adams, alliée de Scaramanga que séduit Bond, et future Octopussy.

Pour le film, foin de Jamaïque (cela aurait fait trop d'Antilles à la suite), d'hôtel luxueux, de course en train dans la jungle : on pense au choc pétrolier qui vient d'avoir lieu pour l'histoire et on tourne en Extrême-Orient (Thaïlande, Hong-Kong, Macao). L'intrigue a un rythme classique, Roger Moore/Bond doit retrouver un objet technologique déterminant pour l'énergie renouvelable (le discours écolo-énergétique était alors plus subtil), se bat en duel contre Lee/Scaramanga dans l'île piégée de ce dernier (ah, ce décor de cirque/couloir de la mort psychédélique !), et le MI6 vient se baser dans la coque semi-immergée du Queen Elizabeth incendié (grande classe !). Il y a aussi un gros ventre mou avec encore une course-poursuite en bateaux, comme dans le film précédent, mais également toute une partie sumo/karaté (plutôt japonais tout ça, mais bon !) qui la précède.

En parlant de creux, c'est aussi l'avis de John BARRY qui déteste cordialement ce qu'il a fait pour la B.O. Un avis bien dur, qui englobe le gunbarrel en évolution (désormais uniquement à l'orchestre, sans la guitare caractéristique) mais aussi ce qui peut être vu comme l'un des génériques les plus sexy de l'histoire de 007. "The Man With the Golden Gun" est peut-être moins technique que "Live and Let Die", moins précieuse car il ne s’agit plus des BEATLES, mais après la parenthèse George MARTIN, notre cher John BARRY tient à prouver qu’il n’est pas en reste et c’est tout à fait le cas. Ce shuffle rapide à la batterie/basse & co, cette guitare électrique furieuse omniprésente à gauche et ces attaques de cuivres à droite dans le canal stéréo, ce refrain/thème principal de la B.O, cet effet ballade noire et courte en plein milieu pour ne pas perdre la main, avec le générique de Maurice Binder d’abord stoïque puis dansant, c’est encore du grand art !

L’association BARRY/Don Black pour les paroles claque franchement, et la chanteuse LULU est brillante, nonobstant ceux qui disent que ce titre aurait été meilleur instrumental, avec de plus la couleur décalée et hypnotisante d’une mélodie chantée binaire sur un rythme ternaire. C’est l’un des deux ou trois hauts faits internationaux, en singles et sur le long terme, de cette artiste écossaise, ex-femme de Maurice Gibb (le deuxième ou troisième BEE GEES) et qui a un peu flirté avec David BOWIE dont elle a popularisé quelques reprises, alors on ne va pas le lui enlever. Certes, ALICE COOPER aurait été un super choix également, sa chanson prévue pour le film à la base et qui figure sur l’album Muscle of Love (1973) est pleine de qualités similaires. Toutefois, après "Live and Let Die" un an plus tôt, l’équivalent féminin sexy tient de l’idéal. Même la reprise écourtée au générique de fin, plus lente et orientée music-hall, est excellente, précédée par une berceuse qui plus est.

Dans la suite de la B.O, "The Man With the Golden Gun" revient de façon directe à travers une version jazz instrumentale au ton New Orleans qui fait, là aussi, écho au travail de George MARTIN, sachant que lui-même s’était inspiré de BARRY. Donnant donnant. Batterie éclatante dès le départ, banjo, clarinette, trombone et trompette sont de la fête. Les cuivres reviennent à l’assaut de manière tout autre lors du combat de Bond avec les malfrats dans la loge de la danseuse, censé se passer à Beyrouth (Liban, impossible, en pleine guerre du Kippour). Avec deux tours de sax alto érotique pour varier les plaisirs, "Getting the Bullet" n’est toutefois pas l’un des highlights musicaux de ce film.

Pour cela, il vaut mieux chercher du côté de "Goodnight, Goodnight" (Fleming s’en donnait à cœur joie avec les jeux de mots autour du nom de mademoiselle Mary, le film en est moins chargé), une ballade suave où les cordes dominent, ainsi que la harpe, la flûte et la trompette bouchée qui nous font part d’idées différentes. Très belle progression jazzy sur une durée généreuse, et petit point d’orgue avec le changement en marche 'dérangeante' sur le final. Cette B.O est aussi l’occasion de retrouver les influences extrême-orientales d’On Ne Vit Que Deux Fois (1967) en un peu moins scolaire mais toujours avec une belle contemplation. L’instrument dominant est un hammered dulcimer, pour imiter le yang ch’in sans doute. "Kung Fu Fight" et "Chew Me in Grislyland", évoquant tour à tour 007 ou "Golden Gun", en sont imprégnés jusqu’à la moëlle, et c’est le point le plus positif à retenir de ces scènes-là. Meilleur encore, la partie hammered dulcimer de "Hip’s Trip" s’est vu sampler des années plus tard par le duo électro/hardcore PRODIGY ("Mindfields").

Le meilleur de cette B.O réside encore dans tous les thèmes propres au grand méchant Scaramanga, qui décidément éclipserait presque notre James s’il avait le charisme de son personnage littéraire. Ah, cette partie où Bond arrive en bateau dans l’archipel, "In Search of Scaramanga’s Island", avec ses rouleaux de houle aux cordes et ses montées de piano grave ! Et bien sûr, la double suite liée aux duels-poursuites dans la "fun house", ce fameux couloir-cirque propice aux hallucinations, entre harpe seule et dramatique, fanfare New Orleans pour le mannequin d’Al Capone, grandes ruptures blues au piano honkytonk/bastringue pour le saloon, apparition subite de 007, marches de contrebasses et touches de flûtes qui rappellent les moments de tension de Bons Baisers de Russie (1963) ; sans oublier le maelström final, les glissements de cordes que BARRY emprunte à MARTIN… À scène géniale, musique géniale !

Finalement, la seule chose à redire tient en un menu détail, le fameux sifflet débile du saut sur le pont cassé en voiture pendant "Let’s Go Get ‘em". À l’image du ton humoristique alourdissant un film qui aurait pu être meilleur !

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Si vous croyez m’avoir, Bond, vous vous fourrez le doigt dans l’œil ! Mouahahaha !", cria Scaramanga depuis sa voiture-avion dans le ciel, sourire béant aux lèvres.
"Je l’aurai un jour, je l’aurai !" grommela Bond, en voyant les policiers à ses trousses le pointer avec leurs revolvers.

A lire aussi en VARIÉTÉ INTERNATIONALE par MARCO STIVELL :


JAMES BOND
Mourir Peut Attendre (hans Zimmer) (2021)
Le chat entre chien et loup




DISNEY
Wish (2023)
100 ans


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- John Barry (compositions, orchestrations)
- Don Black (paroles)
- Lulu (chant)


1. Main Title: The Man With The Golden Gun
2. Scaramanga's Fun House
3. Chew Me In Grislyland
4. The Man With The Golden Gun (jazz Instrumental)
5. Getting The Bullet
6. Goodnight Goodnight
7. Let's Go Get 'em
8. Hip's Trip
9. Kung Fu Fight
10. In Search Of Scaramanga's Island
11. Return To Scaramanga's Fun House
12. End Title: The Man With The Golden Gun



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod