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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - Octopussy (john Barry) (1983)
Par MARCO STIVELL le 19 Août 2021          Consultée 927 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Octopussy, deuxième de la série des cinq James Bond par John Glen au cinéma, sort en 1983, à quelques semaines d'intervalle de Jamais Plus Jamais, le 'hors-la-loi' d'Irvin Kershner. Ce dernier a un budget plus élevé mais un résultat de qualité bien plus mince, et il en va de même pour les recettes. Autant les retours vers Jamais Plus Jamais me le font apprécier de moins en moins, autant c'est l'inverse qui se produit pour Octopussy, pourtant décrit souvent comme l'un des plus kitschs de la série. Du bon kitsch comme ça, on savoure, et l'Inde n'est pas seule responsable !

Deux nouvelles sont à l'honneur cette fois-ci, sur les trois du recueil Meilleurs Voeux de la Jamaïque, publié un an après la mort de Ian Fleming en 1965. De The Property of a Lady/La Sphère d'Emeraude, la seule idée gardée reste l'intrigue des oeufs Fabergé et leur vente aux enchères à Londres. Il était franchement appréciable de développer ça et du coup, les scénaristes profitent du succès du film précédent For Your Eyes Only/Rien Que Pour Vos Yeux (1981) pour mélanger les styles, incorporer une trame de guerre froide, de bombe russe dans un cirque de Berlin-Ouest dans le but de faire sauter une base américaine. Heureusement, Roger Moore/James Bond veille, même si parallèlement à cela, il y a toute l'aventure en Inde, sur la trace des oeufs Fabergé convoités par Louis Jourdan/prince Kamal, un khan déchu qui traite avec les Soviétiques. Un tatouage sur le corps d'une belle femme conduit également Bond sur la trace d'Octopussy, une personne mystérieuse.

Ce qui nous conduit à la nouvelle du même nom. Dans le texte, Bond retrouve en Jamaïque un ex-agent britannique, Dexter Smythe, qui avait déserté pendant la Seconde Guerre Mondiale, après avoir trouvé un coffre de lingots caché par les Nazis dans les montagnes autrichiennes, puis tué froidement le guide qui l'avait accompagné. En lui posant l'ultimatum de l'arrestation ou du suicide, Bond venge un de ses anciens amis (le guide) avec classe. Smythe préfère se suicider, et en mourant, il tombe dans le lac de sa propriété jamaïcaine où vit une pieuvre (octopus en anglais) qu'il nourrissait auparavant et qui par la force des choses, vient se repaître de son cadavre. Une scène à la fois poétique et digne des films de créatures ou d'horreur classiques.

L'histoire de Smythe est édulcorée (plus guère de montagnes, de lingots nazis etc) lorsque Moore/Bond en parle avec Octopussy, fille de Smythe dont c'est le surnom. Elle nourrit aussi une pieuvre et nous permet de retrouver avec un bonheur immense l'actrice Maud Adams, ex-James Bond girl secondaire dans L'Homme au Pistolet d'Or en 1974. Elle n'est pas la seule femme séduisante ; ce film en révèle au mètre-carré et pas seulement des Indiennes. Pour son deuxième et dernier grand rôle, Adams se voit même presque voler la vedette par sa compatriote suédoise Kristina Wayborn, son bras droit dans le film, elle aussi James Bond girl et animatrice du cirque à Berlin (pourtant, comme Erwin, de base, je ne suis pas très grande blonde maigre, c'est dire !). Profitons-en pour dire que ce film est une belle leçon de féminisme, loin d'être aussi revanchard qu'il peut l'être actuellement, tout à fait plaisant en somme, donnant de quoi sourire avec sincérité !

Et puis, cette classe folle, cette intrigue prenante, ces scènes de backgammon, de chasse à l'homme avec serpents, tigres et éléphants, ou alors ces bagarres menées aussi bien par des hommes que des femmes. On appelle ça kitsch ? Ok, je veux bien pour le crocodile de camouflage et le cri de Tarzan pour le saut de lianes par Bond (aussi dispensable que le sifflet de 'l'envol' en voiture dans L'Homme au Pistolet d'Or), mais enfin ! Quel sens de l'esthétisme, avec de longues séquences diurnes et nocturnes tournées au Rajasthan, province royale du nord-ouest de l'Inde (là encore, pas forcément attiré par ce pays non plus à la base), dans la ville de Udaipur et deux de ses magnifiques palais d'été, le Sajjan Garh (où réside Louis Jourdan/Kamal Khan) en hauteur sur une colline, et le Jag Niwas, en plein sur le lac, celui d'Octopussy !

Qui plus est, il y a John BARRY. On a beau dire que les Bill CONTI et autres ont pimenté l'univers des bandes originales de James Bond, BARRY n'est pas en reste pour ce qui est de la qualité, même si c'est pour défendre une facette plus lumineuse et moins groovy du personnage. Pourtant, il y a une belle déception en ce qui concerne Octopussy, c'est le déséquilibre notable entre ce que l'on entend dans le film et l'intérêt suscité par la séparation de la B.O mise sur disque, chose qui fonctionnait auparavant et avec un meilleur équilibre depuis 1962. Durant le visionnage du film, la musique fait partie des éléments capables de nous enchanter d'un bout à l'autre, mais lorsqu'on l'écoute sur disque, on se dit que c'est comme si elle avait été sélectionnée de façon idéale.

Bien entendu, BARRY profite de l'occasion pour revisiter son célèbre arrangement du "James Bond Theme" dès les premières mesures instrumentales, "Bond Look-Alike" en l'occurrence, durant la scène d'infiltration au début du film, séparée du reste comme souvent par le générique. Cependant, l'effet de marche militaire est quelque chose que l'on retrouve par la suite tout au long de la B.O, par la présence de la caisse claire ("Bond at the Monsoon Palace", "Arrival at the Island of Octopussy", "The Chase Bomb Theme"). Sur "Bond Look-Alike", pour valeur ajoutée, il y a une volonté d'inverser les mélodies de 007, excellente trouvaille.

Les suites musicales ici, qui n'ont plus la longueur d'autrefois, excèdent rarement les quatre minutes. "The Palace Fight" offre une série d'airs brefs et contemplatifs menés par la harpe (BARRY classique) puis un nouveau travail sur les accords de 007 avec finger cymbals, les grelots qui s'accrochent au doigt (nous sommes en Inde !), l'envolée rapide aux cordes et les cuivres sans lourdeur. C'est l'un des meilleurs moments du disque, hors film donc. Un air qui n'est pas présent mais que j'adore personnellement, c'est lorsque Vijay, l'agent indien collègue de Bond (incarné par Vijay Amritraj, ancien champion de tennis), rôle secondaire très sympathique par ailleurs, fait le charmeur de serpents sur le marché de New Delhi en jouant la mélodie de 007. Lorsqu'il est tué par l'homme à la scie circulaire sur les bords du lac ("Yo-Yo Fight and Death of Vijay"), BARRY fait jouer des clarinettes, flûtes et cordes frileuses, autre élément constant de la B.O.

Une BO remplie de petits détails simples et réussis, mais qui, encore une fois, ont du mal à trouver un sens en dehors des images. Malgré quelques marches lentes pleines de subtilités sur "Arrival at the Island of Octopussy" et "Bond at the Monsoon Palace", on ne peut s'empêcher de penser que le master a été déjà mieux inspiré, encore récemment sur Moonraker (1979). Au moins, il s'oblige moins à coller à l'ambiance du pays choisi, préférant la rareté de la chose, et n'en réussit que davantage ses interventions exotiques : xylophone, flûte en bambou. C'est moins tubesque que lors de You Only Live Twice/On Ne Vit Que Deux Fois (1967), mais ça fait mouche.

Et on aurait du mal à bouder les quelques instants de rêverie précieuse dont il a le secret. "Bond Meets Octopussy", même sans les images, ne peut que nous renvoyer à la beauté du film, décidément dans le top des années Roger Moore. De plus, il y a le générique où Maurice Binder met un peu plus de temps à dévoiler son talent pour une fois.

"All Time High" est l'une des chansons bondiennes qui n'emploient pas le titre du film ni même dans les paroles, écrites ici par le bien connu Tim Rice (Jesus Chris Superstar, Evita, plus tard Le Roi Lion de DISNEY etc). La voix grave de la chanteuse Rita COOLIDGE, Amérindienne-Cherokee peu connue en France, mais véritable étoile de la pop-country aux U.S.A., porte cette ballade sensuelle et merveilleuse au possible, totalement digne du génie de John BARRY. Les touches jazzy sont amenées différemment de celles de Michel LEGRAND sur Jamais Plus Jamais au même moment et d'un point de vue personnel, largement meilleures.

L'introduction et la conclusion au saxophone alto discret, les guitares en tremolos, l'intensité notamment à travers le refrain avec batterie plus fournie et cordes caressantes en fond, sans oublier bien sûr l'élégance même dégagée par l'interprétation de Rita COOLIDGE, tout cela ne révolutionne par le genre slow, certes, mais il y a là de l'orfèvre, du savoir-faire. De même, pendant la jolie variation instrumentale aux cordes avec flûte solo, et dont on note le titre/jeu de mots espiègle et croustillant : "That's My Little Octopussy" ("c'est ma petite pieuvre à moi", "pussy" désignant le sexe féminin chez les Anglo-Saxons pour rappel). Il s'agit d'une réplique de la superbe blonde Kristina Wayborn dénudée et lascive pendant la scène d'amour avec Bond/Roger Moore dans le palais de la mousson, lorsqu'il lui demande ce que représente le tatouage au bas de son dos. Classe folle, on ne le dira jamais assez !

2/5, mais avec le film, la B.O d'Octopussy vaut en réalité 4/5.

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De nuit, sur les bords du lac Pichola :
« Ah, mes rhumatismes ! »
Q se redressa.
« J'espère au moins que ce foutu poisson va mordre. » Il leva la tête vers le palais flottant illuminé et sentit un soupçon de rêverie traverser son regard d'acier. « Au moins, dit-il tout haut, 007 doit bien s'amuser là-dedans avec toutes ces jolies demoiselles. Et moi, je suis là tout seul, non mais je vous jure ! Et la considération envers les anciens ?
-Pourtant, elles vous ont invité à rester auprès d'elles, il me semble ? demanda Vijay arrivé près de lui furtivement.
-Comment, s'étonna Q, vous n'êtes pas mort, vous ?
-C'est un film, Monsieur, n'oubliez pas.
-Enfin, oui elles me l'ont dit mais tout ça n'est plus de mon âge ! J'aimerais bien, vous savez, mais en plus, vu que je suis végétarien, je ne suis pas sûr que mes os tiendront le coup ! Bon, vous êtes là, du coup j'aurai quelqu'un pour m'entendre râler, euh parler ! »
La discussion s'interrompit brusquement car une rumeur se fit entendre derrière eux, dans la jungle.
« Qu'est-ce que c'est ? murmura Vijay.
-Je ne sais pas, allons voir ! »
Après une minute de marche, tapis dans les fourrés, Q et Vijay observaient une clairière d'où s'élevait un feu de camp. Devant, il y avait trois éléphants, mais aussi un homme au chapeau feutre, une femme aux cheveux blonds, tous les deux Européens, et un petit garçon asiatique avec une casquette, en pleine partie de cartes. Ce dernier s'écria :
« Tu triches, docteur Jones, tu triches !
-Silence Demi-Lune », répondit l'homme.
Vijay se tourna vers Q pour lui dire :
« C'est vrai, j'ai oublié de vous prévenir ! Pendant le tournage d'Octopussy, par chez nous il y a aussi celui d'Indiana Jones et le Temple Maudit !
-Salut la compagnie ! Soyez pas timides, venez-nous rejoindre au lieu de vous les peler. »
Q ne put en placer une car le flair d'Indy avait permis de les repérer. Les deux groupes n'en firent plus qu'un et la discussion alla bon train, jusqu'au moment où :
« Alors comme ça, vous aussi vous tournez en Inde ? déclara Harrison Ford. Steven (Spielberg) devait le savoir, et dire qu'il m'a quand même fait singer James Bond dans la première séquence avec les malfrats chinois !
-Oui, vraiment une mauvaise scène alors que j'étais star de cabaret et que j'aurais pu rester tranquille, soupira Willie la femme blonde.
-Chut toi femme, chut ! cria l'enfant à casquette.
-Petit démon, grogna Willie, tu es pire que l'éléphant.
-Comment, Spielberg a osé ! s'indigna Q.
-Du calme Papy, reprit Ford/Indy, c'était de bonne guerre après ce que vous avez fait à George (Lucas) dans Moonraker. »
Q grommela dans sa barbe (inexistante), et le reste de la soirée se passa pour le mieux.

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   MARCO STIVELL

 
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- John Barry (compositions, orchestrations)
- Tim Rice (paroles)
- Rita Coolidge (chant)


1. All Time High
2. Bond Look-alike
3. 009 Gets The Knife And Gorbinda Attacks
4. That's My Little Octopussy
5. Arrival At The Island Of Octopussy
6. Bond At The Monsoon Palace
7. Bond Meets Octopussy
8. Yo-yo Fight And Death Of Vijay
9. The Chase Bomb Theme
10. The Palace Fight
11. All Time High



             



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