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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - Tuer N'est Pas Jouer (john Barry) (1987)
Par MARCO STIVELL le 22 Août 2021          Consultée 1337 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

The Living Daylights, en français Bons Baisers de Berlin (décidément, après la Russie puis Paris, les traducteurs n'ont pas lésiné sur l'effet répétition), est la dernière nouvelle du recueil de Ian Fleming nommé Meilleurs Voeux de la Jamaïque et publié à titre posthume en 1965, la seule des trois qui n'avait pas été utilisée pour Octopussy en 1983. Le film, où Berlin est remplacé par Bratislava en Tchécoslovquie, emploie mieux la formule bondienne de Tuer N'est Pas Jouer.

Roger Moore parti, le rôle de l'espion le plus célèbre de la planète est censé revenir à Pierce Brosnan, qui se désiste toutefois car il est déjà à l'affiche d'une série TV américaine, les Enquêtes de Remington Steele. Partie remise ! En cette période 1987-89, James Bond est incarné par Timothy Dalton, 40 ans et déjà envisagé au moment d'Au Service Secret de Sa Majesté en 1969. Au même moment et avant 1987, ses rôles les plus marquants furent le roi Phillipe Auguste dans Un Lion en Hiver d'Anthony Harvey (avec Katharine Hepburn, Peter O'Toole et Anthony Hopkins, s'il vous plaît) et le sombre Heathcliff dans les Hauts de Hurlevent de Robert Fuest, durant la période 69-70.

Parler de Timothy Dalton en James Bond est quelque chose dont la ferveur équivaut à celle de révéler un secret heureux ou un trésor bien gardé. Sean Connery, Roger Moore, Pierce Brosnan, Daniel Craig ont tous leurs qualités immenses, même George Lazenby a fait ses preuves. Néanmoins, il n'y a pas mieux que Timothy Dalton pour incarner le James Bond de Ian Fleming, et d'abord par sa tête, avec son visage aux traits chafouins, son teint mat et très brun de Gallois. Bien qu'Ecossais lui-même, charmé et inspiré par Connery, Fleming n'était pas très à l'aise avec la patrie au chardon, et voilà que celle au poireau s'illustre à son tour, à merveille. Physiquement comme dans l'attitude, Dalton est 'le' James Bond des romans, qui n'a rien à envier aux autres dans son 'playing role'. Et malgré le peu de succès critique d'alors, si on le redécouvre au fil des années, ce n'est que justice.

Rien que la première scène vitaminée à Gibraltar suffit pour convaincre, achevée juste avant le générique par un bon gag séducteur lorsque Dalton/Bond atterrit sur le bateau de la fille qui s'ennuie et attend un 'vrai homme'. (Bond à M, au téléphone) Je vous retrouve d'ici un heure au QG, (la fille, espiègle) Une coupe de champagne ?, (Bond, souriant) ...Disons plutôt dans deux heures !. Comment cela a-t-il pu être boudé, sérieusement ? L'humour est moins présent qu'au temps de Moore, certes, mais pour la quatrième fois, le réalisateur John Glen prouve son habileté totale en deux heures cinq minutes, de nouveau bien aidé par les scénaristes Richard Maibaum et Michael G. Wilson (passé co-producteur avec 'Cubby' Broccoli depuis 1985).

La nouvelle de base, déjà très chouette malgré sa brièveté (à noter l'attrait croustillant de Bond pour le violoncelle, surtout quand il est maintenu par les cuisses d'une femme belle), est ici transcendée par une histoire à la couleur fin de guerre froide assez jubilatoire et à la bonne heure en 1987. C'est d'ailleurs la dernière fois que l'on croise Walter Gotell en général Gogol. L'affrontement avec SMERSH, le KGB et l'Armée Rouge, ramené par petites pointes depuis 10 ans explose ici jusqu'aux confins désertiques de l'Afghanistan, et si on imagine mal Bond enturbané et cavalant aux côtés des Moudjahidines, il faut voir ce film pour comprendre à quel point c'est réussi, original. Rambo III et Indiana Jones 3 : la Dernière Croisade, autres blockbusters d'action bien ancrés en Orient eux aussi, n'arrivent que dans les deux années qui suivent et sans forcément être aussi subtils.

Des rôles brillants sont attribués à John Rhys-Davies (qui joue aussi Salah, le copain d'Indy justement), Art Malik (le chef afghan), Jeroen Krabbé (le transfuge), Andreas Wisniewski (tueur digne de Robert Shaw/Grant dans Bons Baisers de Russie) ainsi que Joe Don Baker. Ce dernier, menant une géniale scène de bagarre finale contre Bond sur fond de guerre de Sécession recrée, aura d'autres rôles moins délurés dans les James Bond de 95 puis 97. Côté féminin, difficile enfin de manquer les interprétations soignées des deux visages aux chevelures d'or : Caroline Bliss en nouvelle miss Moneypenny et bien sûr la très fine Maryam d'Abo en Kara Milovy, d'abord violoncelliste-sniper du KGB puis James Bond girl jusqu'à la fin. Le rôle 1 de sa carrière plutôt menue, même si elle fait une apparition tantôt dans le film San-Antonio en 2004 (avec Lanvin, Depardieu, Galabru etc), puis joue dans l'Enfer de Danis Tanović en 2005 (avec une autre ex-James Bond girl des années 80 : Carole Bouquet) et enfin dans Altamira de Hugh Hudson en 2016.

Si ce film oublié de la saga met la barre aussi haut en qualité, c'est en partie grâce à son caractère vieilles Europe de l'Est, Autriche et Angleterre mélangé aux terres chaudes du Maroc, de l'Afghanistan (Maroc toujours dans le tournage cependant) et de Gibraltar. Et cela se ressent en musique, musique symphonique incluse à l'action. Durant les scènes à l'opéra ou au théâtre, MOZART (Symphonie n°40 à Bratislava, le Mariage de Figaro à Vienne avec voix donc), BORODINE (Quatuor à cordes en ré majeur) puis TCHAÏKOVSKY (Variations sur un thème rococo) à la toute fin sont dignement représentés, sans oublier DVOŘÁK et son Concerto en ré mineur pour violoncelle que Maryam d'Abo/Kara Milovy répète toute seule dans la villa marocaine sur son Stradivarius. Les mains qui jouent et la virtuosité sont bien entendu celles d'un vrai musicien, Stefan Kropfitsch, au sein de l'Austrian Youth Symphony Orchestra. De quoi donner une touche plus précieuse à cet excellent James Bond, en sachant que lors de la scène finale au château de Schönbrunn à Vienne, le chef d'orchestre n'est autre que John BARRY en personne.

John BARRY pour qui l'histoire s'arrête précisément là au bout de 25 années de bons et loyaux services (même pour les quinze dernières années) en musique d'espionnage. The Living Daylights/Tuer N'est Pas Jouer en 1987 est en effet son final, et lequel ! Car au-delà de tous les emprunts symphoniques occasionnels, des aspects traditionnels pour les BO's James Bond, BARRY s'est offert une belle dernière, a fait les choses en grand. Il s'agit là encore d'une oeuvre totalement sous-estimée pendant longtemps et on comprend pourquoi : même pour lui, cela sonne différent, pas là où on l'attend. Toutefois, cette B.O est devenue la préférée de nombreux fans, et j'avoue y songer régulièrement aussi.

Sans doute galvanisé par son travail avec DURAN DURAN pour Dangereusement Vôtre en 1985 et le succès qui en a découlé, John BARRY a tout simplement voulu prolonger l'expérience en rapprochant son style habituel des nouvelles tendances, en l'occurrence la pop des années 80. Le cocktail est ici digne de la vodka martini au shaker, pas à la cuillère, où il y a peu de chances de ne pas sentir la dose d'alcool forte, de l'avis des connaisseurs. Si l'idée d'un "James Bond Theme" avec une boîte à rythmes sur le papier vous fait rire, peut-être n'aimerez-vous toujours pas à l'écoute. D'un point de vue personnel, c'est une tuerie. Contrairement au film précédent, les variations proposées par BARRY en 1987 autour de ce thème historique du cinéma, qu'il n'a pas composé certes, mais l'a quand même façonné, font partie des meilleures existantes. Et contrairement à Octopussy (1983), la B.O non seulement est très bien sélectionnée et montée dans le film, mais en plus, elle est encore deux voire trois fois meilleure à écouter séparément.

Pas une chanson, ni deux, mais trois ! À la base, ç'auraient dû être les PET SHOP BOYS avec "This Must Be the Place I Waited Years to Leave", ritournelle aérienne et agréable qu'on peut entendre sur leur album Behaviour de 1990. Le deuxième choix, The PRETENDERS, laisse à son tour et momentanément place au trio norvégien A-HA débarqué dans les top 50 de la planète en 1985, dont le chanteur voire le claviériste sont des Apollon nordiques au public féminin très admiratif et bruyant. C'est toutefois le troisième homme, le guitariste Pål Waaktaar, qui compose "The Living Daylights" comme il l'a fait pour une majorité de tubes de A-HA. Il existe deux versions de ce morceau dont celle du groupe, purement dans leur style pop à synthés légère et enlevée aux accents dance, que l'on peut entendre sur leur troisième album Stay on These Roads (1988).

La version de BARRY est à l'image de son ultime travail classieux pour James Bond. Il y a eu conflit entre lui et le groupe par rapport au choix final et aux credits : tout comme pour DURAN DURAN, le master est essentiellement arrangeur. Néanmoins, entre les deux versions, il n'y a pas photo, et même les Norvégiens en reconnaissent les aspects positifs par rapport à la leur qu'ils défendaient bec et ongles. Rien que le chant de Morten Harket tout en falsetto délicat et choeurs pleins de richesse, est bien meilleur. Les claviers se mélangent aux cordes et aux cuivres orchestraux sur fond de rythmique chaloupée à la boîte à rythmes savamment dosée. Et quelle ambiance d'une mélodie à l'autre : il y en a trois, la plus belle demeurant ce refrain des plus simples avec ses accords clairs de guitare rendus tranchants pour coller à l'esprit Bond. Et ces attaques de cuivres, ce gros clavecin bizarre ! Sans oublier, même si elles sont coupées au générique, la partie finale avec les saxophones, très éloignés du BARRY habituel eux aussi. Arrangeur, un métier qui s'est perdu.

Générique franchement grandiose, n°1 en Norvège (seulement 5 en Grande Bretagne), comme toujours illustré avec talent par Maurice Binder, suivi de deux autres chansons au cours de la B.O et toutes deux interprétées par Chrissie Hynde et ses PRETENDERS, venus redorer le blason britannique. Pour une fois, la chanson de fin est différente de celle du début, et "If There Was a Man" s'en sort avec les honneurs, en matière de slow-ballade. Finesse rare et feutrée, touche BARRY dans le mystère et la sensibilité, mais aussi prestation du groupe notable grâce à la chanteuse Chrissie Hynde toute en dentelle, soulignée par la guitare délicate et légèrement saturée de Robbie McIntosh. Dans l'histoire des PRETENDERS, "If There Was a Man" mérite tout sauf de passer après leur plus gros tube, "I'll Stand By You". Leur autre morceau pour ce film est celui que le méchant Necros (joué par Andreas Wisniewski) écoute dans son walkman. "Where Has Every Body Gone" où Hynde joue plutôt l'effet sorcière avec brio (timbre de chant, rires maléfiques) est un pop-rock à synthés bien de son temps, mais avec encore une fois BARRY et ses cuivres sexy pour fait la différence.

Tout est réussi dans cette B.O et aucune chanson ne fait exception. On pourrait parler pendant des heures des variations instrumentales pour chacune, aussi intelligentes que celles de Dangereusement Vôtre et "A View to a Kill". Du refrain de "The Living Daylights" durant la scène de l'avion chargé d'opium et d'explosifs ("Hercules Takes Off"), les multiples variations de "If There Was a Man" durant tous les thèmes doux ("Into Vienna", merveilleux avec sa texture ample), mais ce ne serait jamais assez rendre grâce au travail de BARRY ici. À aucun moment de cette B.O, on ne pense aux mots 'médiocre', 'superflu' ; même si certains thèmes mineurs ("Air Bond", "Airbase Jailbreak") ont été gardés en bonus CD, ils sont de belle facture (les 'bonus' sont tous eux aussi un passage obligé). La beauté fragile de "Kara Meets Bond", les parfums orientaux de "Mujahadin and Opium" où les bongos rejoignent les cordes, sont de vrais bonheurs en musique. Idem pour les basses-synthé de "Ice Chase", les trompettes de gloire et tapis de cordes lumineuses de "Koskov Escapes" sans oublier, sur ces deux mêmes titres et une nouvelle fois, les dernières notes traditionnelles de 007 gérées par la présence bien réelle du master, dans le suave comme dans l'enlevé à la mode 80's !

Le plaisir d'écoute est aussi haut qu'on peut l'imaginer en voyant un grand nom comme BARRY mettre le paquet, sachant ou non dans l'action que c'est son baroud d'honneur, tandis qu'il innove comme il ne l'a jamais fait avant. Qui sait où cela l'aurait mené, s'il avait continué ? Déjà, en 1985, il avait su marquer autrement les esprits avec Out of Africa. Après la fin de Bond pour lui, il récidive sur Danse Avec les Loups (1990), avec un Oscar pour récompense, et c'est sa vraie grande dernière avant décision d'une carrière au rythme considérablement réduit jusqu'en 2001, année de la retraite. Heureusement, sa mort une décennie après, en 2011, l'empêche de vivre, deux années plus tard, celle de Kate, sa fille qu'il avait eue avec Jane BIRKIN lors de leur premier mariage respectif en 1967, une photographe réputée.

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Près du pipeline transsibérien, à la frontière austro-slovaque.
« Ne vous inquiétez pas Koskov, assura James Bond, ce plan a été répété pendant des mois !
-Et cette capsule où je monte, demanda Koskov en tremblant de peur, vous l'avez essayée ?
-... Vous l'inaugurez !
-Боже мой, mon dieu ! Si je meurs Bond, pouvez-vous dire à Kara que je l'aime ?
-Je le lui dirai, acquiesca Bond avec un fin sourire, plutôt deux fois qu'une !
-Ah non, vous allez me la vol...
-Bonne chance Koskov !!
-Aaargh ! »

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   MARCO STIVELL

 
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- John Barry (compositions, orchestrations)
- Morten Harket, Chrissie Hynde (chant)
- Magne Furuholmen, Rupert Black (claviers, programmations)
- Pål Waaktaar, Robbie Mcintosh (guitares)
- Malcolm Foster (basse)
- Blair Cunningham (batterie)


1. The Living Daylights
2. Necros Attacks
3. The Sniper Was A Woman
4. Ice Chase
5. Kara Meets Bond
6. Koskov Escapes
7. Where Has Every Body Gone
8. Into Vienna
9. Hercules Takes Off
10. Mujahadin And Opium
11. Inflight Fight
12. If There Was A Man



             



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