A l’orée des années quatre vingt, la situation n’est guère flamboyante pour notre CHER, son dernier avatar en date, physique d’esclave sexuelle en première ligne, n’a pas séduit les foules. On savait que la brunette avait envie de chanter du rock, et il faut rendre à César ce qui lui appartient, à la base ceci est un album du groupe BLACK ROSE et non un album solo de CHER, la postérité n’en a cure, bien entendu. Après Gregg ALLMANN et Gene SIMMONS, voila que notre lionne s’est amourachée de l’autre guitariste des ALLMANN, Les DUDEK. Au moins l’influence de ce dernier est patente sur cet album, revendiqué comme purement rock ! Ne vous y trompez pas, l’artiste fait partie du groupe, pas de pub jouant sur son nom, voyez la couv, le groupe joue dans des petits clubs et Cherylin fait profil bas, c’est à souligner en ce début de décennie des eighties.

Alors certes, CHER fait du rock, le changement est notable, et quelques titres se laissent bien écouter : armée de son piano et d’une rythmique grasse, "Never Should Have Started" penche du coté de l’AOR. Le chant de Cherylin y est plus modulé qu’à l’accoutumée, c'est surprenant ! Le titre s’anime avec des choeurs masculins et sonne certes un peu daté mais l’ensemble a une bonne tête. Nous ne sommes pas si loin que ça des morceaux des RUNAWAYS… Ouais c’est un grand écart avec le reste de sa discographie ! On est ensuite carrément hard rock sur "Julie", à l’époque peu de nanas jouent ce genre de musique finalement, on pense à HEART bien sur, le refrain est de fort belle tenue et aurait mérité un destin plus conforme à sa valeur, très sympa, c'est le titre à retenir de l’opus. Nous avons aussi une jolie performance au chant sur la swingante "Ain’t Got No Money", avec un joli solo du sieur DUDEK à signaler.

"Take It From The Boys", avec son riff et son rythme dansant, présente un mix des diverses influences du groupe, la voix rauque de la brunette avec les rythmiques en cavalcade de son guitariste, et une âme finalement rock’n’roll. On retiendra un brin "You Know It" car il s’agit d’un duo qui l’associe à son amant du moment ! Sacrée CHER, un petit rock sans prétention avec un refrain agréable à la petite vibe southern, logique vu le pedigree. Refrain et couplets se laissent bien apprivoiser sur "We All Fly Home", un des titres recommandables de cette galette : des influences rock’n’roll et doo wop sur un son puissant, de l’AOR en somme, et c’est aussi ce que donne "Fast Company". Mais tout est loin d’être immaculé : "88 Degrees" semble réveiller quelques aspects pop, mais malgré des guitares bien grasses, le titre manque de relief. "Young And Pretty" sort du même tonneau assez banal, les nappes de synthés y sonnent très très datées.

Il n’y a bien sur rien de très révolutionnaire la dedans en terme de musique. Oui… mais voila un album de la chanteuse pop/disco qu’était alors devenue CHER. Il s’agit donc d’un sacré grand écart avec le reste de sa discographie jusqu’alors. C’est un effort conséquent qu’il convient de considérer, même si le flop s’est avéré monumental, les fans de la chanteuse n’étant même pas au courant de cette sortie… L’honnêteté ne prime pas franchement ! Ok la démarche est admirable, mais d’un autre coté, il n’en demeure pas moins que si la musique est de bon aloi, elle ne se démarque aucunement des autres productions rock de l’époque, la voix de CHER ne suffisant pas à faire la différence. Le trois semble de circonstance, la musique étant meilleure que précédemment.