Le divorce entre SONNY et CHER consommé, le show télévisé ne tarde pas non plus à être annulé pour d'évidentes raisons. La moitié des seventies est donc l'époque ou l'artiste Arméno-Cherokee doit prendre elle même son destin en main et ne peut plus compter sur la moitié avec laquelle elle a conquit le monde. C'est ainsi son premier album chez Warner Bros, énorme firme s'il en est, ou les moyens devraient la soutenir efficacement. A défaut d'autre chose, cette fois, la photo de couverture tente un aspect moderniste qui ne la quittera dorénavant plus.

Un seul single, c'est fort peu quand on vise la domination des charts, il y a donc de la pression autour de la sortie de "Geronimo's Cadillac". Le titre , taillé pour les billboards est un exemple frappant des évolutions mixant variété et country, avec quelques relents pop. Bref, nous sommes en terre de countrypolitan, surtout avec de puissants choeurs. La performance de CHER est assez bonne, mais la compo manque d'un peu de fond pour percer la couche d'indifférence, ça s'écoute, mais sans déchaîner les passions. L'introductive "Love Enough" confirme cette direction musicale, bien que l'orchestration pousse à mort vers la variété de "la croisière s'amuse". "Just This One Time" en fait un peu trop cette fois, un véritable mur de son de cordes !

Et des paquets de reprise, et oui, CHER est une interprète ! Dans les réussites, un petit blues se trouve sur notre chemin, composé par Eric CLAPTON pour les besoins de la cause de DEREK and The DOMINOS, il s'agit de "Bell Bottom Blues" et CHER y est très convaincante, le refrain nous éloigne d'ailleurs de son pré-carré avec une fort influence pop à la BEATLES. Malgré des orchestrations assez lourdes, je conseille aussi volontiers l'écoute du mid slow "These Days", la mélodie de Jackson BROWNE étant vraiment réussie, je préfère cette version à celle de NICO. L'éponyme "Stars" sort de la besace de Janis IAN, une grande oubliée des années 60/70. Cette fois, la chanson ne porte guère le flanc à la sur orchestration, ce qui nous la laisse à peu près entière.

On sera un peu moins satisfait de "Mr Soul", qui porte pas mal son nom, avec un petit rythme qui swingue, mais l'originale de Neil YOUNG est intouchable. Les influences parlent et voici à présent une reprise des EVERLY BROTHERS, idoles de jeunesse avec "Love Hurts", mais nous sommes à des années lumières de la connivence des frangins. On reconnaît les ambiances iliennes de Jimmy CLIFF sur le classique "The Bigger They Come The Harder They Fall", Cher n'y est pas ridicule, mais ne parvient pas à s'aligner sur l'esprit nécessaire au titre. On part dans tous les sens et cette fois, Lowell GEORGE et son LITTLE FEAT sont de la partie avec "Rock And Roll Doctor". La démarche est honorable, mais le résultat me semble très en deçà.

Il convient de noter une vraie différence avec les albums précédents, qui me semblent tous plus faibles que ce stars. Plusieurs reprises sont forts réussies et s'il fallait sortir un album du lot de la discographie seventies de CHER jusqu'à présent, ce serait incontestablement celui ci. Je reviens notamment sur le surprenant titre "These Days" qui mérite une écoute sérieuse. Pour ce qui est de CHER en revanche, l'album fait un flop retentissant et nous entrons de plein pied dans la longue traversée du désert. Dieu merci, la belle brune a déjà touché de gros sousous !