La curée continue ! Vous me direz, nous n’en sommes plus à une bouse près avec notre jolie brunette ! Après avoir éclusé les rock stars, elle a largué Leo DUDEK et la voilà repartie dans sa discographie de pop star. Après le folk, la pop, le disco et le rock, on se demande à quelle sauce on va être mangé ! Bref, cette fois, c’est l’ex-SHADOWS John Farrar qui est aux manettes de la production, et le nom du mercenaire Desmond CHILD traîne dans les crédits des compositions, son 'premier' disque pour la Columbia. La maison de disque a fait son maximum pour que CHER puisse proposer sa meilleure performance et remonter la forte pente désormais sous ses pas. L’artiste fête ses 36 ans en cette année 82.

Deux singles sont chargés de tenter l’accès au billboard. Le premier est "Rudy" bien connu des mélomanes français fans de DALIDA qui la chantait sous les traits de "Quand je n’aime plus je m’en vais". De la pop avec de grosses grattes rugissantes, de l’AOR en somme, et une orchestration plutôt sympa. Le second est l’éponyme "I Paralyze", et l’atmosphère générale du titre penche vers une forme de... New Wave ? Bien possible, un petit côté fun avec des cuivres ensoleillés, pas si mal franchement ce petit beat de synthé. Ne faites pas la teuf pour autant les gars, pas un de ses titres ne va charter. Dur… Ces titres étaient pourtant bien dans l’air du temps d’alors. CHER est boudée par ses fans !

Nous avons donc trois compositions de Desmond CHILD. En cette années 82, Desmond n’est pas encore le dieu vivant des billboards du monde entier et les stars ne se l’arrachent pas encore, mais on reconnaît vite les tics du bonhomme sur les accords de piano du slow killer "When The Love Is Gone" où la voix rauque de CHER fait merveille. "Walk With Me" lui ressemble aussi, avec le mix habituel de mélodie et de grosses grattes. Plus rock, "The Book Of Love" nous fait jouxter le hard rock FM. Il faut être juste cependant, ces trois titres plutôt cools manquent sans doute d’un peu d’émotion.

"Say What’s On Your Mind" avec son rythme et sa guitare bien en avant, nous laisse à penser que la belle brune a choisi de poursuivre son expérience avec la musique rock, c’est de bon augure pour la suite de sa carrière. Alors certes c’est un peu édulcoré, mais ça se laisse écouter. Pas le moindre doute sur l’identité de "Back On The Streets again", AOR en diable, on croirait presque entendre la rivale galloise Bonnie TYLER par instant, et c’est un titre tout à fait recommandable, même si l’ensemble sonne un peu daté pour des oreilles des années 20. On retient d’ailleurs le splendide solo de Steve LUKATHER, présent sur tout l’album.

Enfin, les slows ne sont pas oubliés pour autant : "Games" nous plonge dans une compo mi soul mi new-wave, agrémentée d’une jolie guitare classique, et Cherylin chante bien. "Do I Ever Cross Your Mind" est une composition du frangin Dorsey BURNETTE, légende des débuts du rockabilly. Une guitare steel propose une ambiance laidback et propice à un slow très chouette de forme countrysante. Deux titres courtois qui ne laisseront aucune trace dans les mémoires.

Le succès est tel - !- que ce disque sera le 'premier et le dernier' de CHER pour la Columbia. Un four d’un autre monde, je ne serai pas étonné que Cherylin possède la aussi les masters de ces enregistrements de manière à ce qu’ils ne voient plus jamais le jour. Cette fois, l’addition est salée, et notre sexe symbole vivant va prendre un net recul avec le monde de la musique pour se concentrer sur celui du cinéma. Ce hiatus va durer plusieurs années, les cinéphiles la verront dans Le mystère Silkwood - où elle est nominée aux oscars - , Mask ou Les sorcières d’Eastwick, pas mal pour une chanteuse has-been ! Cet album était pourtant très correct !