Chers amis, vous avez l'impression de reconnaître un visage connu au dessus de notre brunette succube en chef ? En effet, Gregg ALLMAN est tombé dans les griffes de l'araignée CHER, ou peut-être est-ce le contraire. Toujours est-il que les deux artistes malgré un statut culte, vivent en cette année 78 un bas tellement bas qu'ils décident, ainsi que SHEILA et RINGO l'ont fait un peu avant, de sortir un album commun, prénommé Allman and Woman, je vous laisse deviner qui est qui. On connaît déjà CHER et sa propension au racolage tous azimuths, mais on ne pensait pas que l'intègre Gregg, figure de proue du southern rock, pouvait sombrer ainsi dans la facilité... La drogue et l'alcool n'aident pas, c'est sur, ma bonne dame !

Il paraît que Gregg a le lead sur cet album, qui ressemble plus à son état d'esprit qu'à celui de CHER – qui détient une fois de plus les masters, je n'ai d'ailleurs pas l'album, et mon estimé confrère Bayou, spécialiste des ALLMAN, n'avouera pas même sous la torture qu'il l'a acheté, un geste déraisonnable sans doute guidé par une pulsion contre nature ! Alors je vous préviens de suite, il s'agit du plancher pour CHER aussi, ce qui revêt une certaine qualité de constance dans la nullité après les opus qu'elle nous a livré les années précédentes. Bref, ça va être l'éclate !

Le premier single "Move Me" se veut un funky soul présentant le mix des deux voix. On sent que Gregg maîtrise son sujet, mais la belle brunette y est transparente. La reprise des MIRACLES de Smokey ROBINSON "You've Really Got A Hold On Me" n'est pas désagréable, seul instant vraiment potable de la livraison... Oui c'est dur ! Des singles qui ne donnent rien au billboard. "I Found Your Love" les voit camper une compo proche d'un Barry WHITE, mais avez-vous remarqué la différence de gabarit entre le colossal Barry et le maigrichon Gregg ? Arf, c'était perdu d'avance !

C'est Gregg à l'orgue sur "Can You Fool", mais il semble au bout du rouleau le blondin, sur les genoux – c'est le cas de le dire -, le titre se veut bluesy, avec un harmonica mais bof. Il faut dire que la voix houblonneuse du péquenot sudiste ne va pas du tout avec celui de la contralto cherokee. Arf, nous voilà bien ! Et ceci se vérifie un peu partout, voyez plutôt "I Love Makin Love To You", déclaration d'amour du duo dont on se serait bien passé sérieux, écoutez donc ce foireux essai de complémentarité vocale, c'est une cata, seul le le refrain ou CHER est seule survit !

Jimmy WEBB est à nouveau de la partie, c'est une habitude pour CHER et "Do What You Gotta Do" ne me satisfait pas plus que le reste. "We're Gonna Make It" voit Gregg reprendre quelques couleurs, la guitare soutient un peu l'ensemble, mais ne mène nulle part. On reprend Elvis dans le coin, merde alors ! Quelle drôle d'idée... Ok, c'est un sudiste mais j'avoue ne pas saisir le concept... Ou alors il faut juste chercher dans le lien qui unit alors les deux artistes. Gregg me paraît totalement hors propos sur ce titre qui nécessite une sensibilité mêlée de douceur qu'il est à des années lumière d'avoir, Cher s'en sort mieux mais on ne peut faire plus que d'écouter ce massacre de "Love Me" poliment et sans gerber, pas simple.

"In For The Night" me semble plus consistante avec ses jolis cuivres, Gregg s'en sort bien, mais cette fois, c'est CHER dont les vibratos me semblent déplacés, on n'en sortira pas sur ce skeud. Le couple a aussi une chanson chacun tout seul histoire d'éviter le lynchage – c'est qu'on est dans le sud profond – alors « Island » ne présente pas le moindre intérêt, c'est dit. Gregg quand à lui,n doit se dépatouiller avec la chanson de Jackson BROWNE "Shadow Dream Song", l'ambiance est intimiste, une guitare tranquille, mais le chant me paraît tomber à plat comme si le chanteur n'était pas même concerné.

Le principal trait de caractère de cet album est un élément rare dans le showbiz, les deux tourtereaux ont voulu mixer deux voix qui ne conviennent pas du tout, mais alors vraiment pas l'une à l'autre. Bref, un cassage en règle, une curiosité aussi, car on assiste rarement à de pareilles tentatives, surtout aussi ratées. Quand on assiste ensuite à la débâcle de leurs rapports amoureux, on prie pour que leur enfant Elijah ait une destinée plus sympa que leur œuvre d'art discographique, dont on se serait volontiers passé. CHER est un peu habituée certes, et elle va rattraper la sauce plus tard, mais ce sera toujours plus complexe pour Gregg ALLMAN, dont le pré carré couvre un socle, rock, blues jazz d'extraction légendaire. Bref, on parvient au 1, c'est beau !