CHER nous a abandonné durant cinq longues années. Souvenez-vous elle était au bout du rouleau et plus personne en gros ne souhaitait entendre parler d’elle. Elle signe chez Geffen, qui met les petits plats dans les grands pour faire de son retour un triomphe : pensez donc : nous avons ici Michael BOLTON, le pape de l’AOR, mais aussi le mercenaire Desmond CHILD, rajoutez les deux têtes pensantes de BON JOVI - Jon et Richie - alors au faite de leur gloire, et vous admettrez qu’on a pas fait les choses à moitié. D’ailleurs voyez donc cette photo de couv de CHER, la belle a su se moderniser et impose aujourd’hui un look très travaillé, elle a commencé à user du bistouri avec une certaine réussite, pour le reste, la tigresse n’a pas changé d’un pouce, toujours aussi belle et sexy. Mais quid de la musique ? Vus les parrains on doit être en territoire connu ! Voyons voir !

Trois singles donc : "I Found Someone" est une reprise du beau Michael. Efficace, mais peu différente de l’originale endossée par la rivale Laura BRANNIGAN, un classique du genre, qui atteindra la 10eme place des charts. "We All Sleep Alone" n’est pas le meilleur titre composé par Desmond CHILD. De l ‘AOR assez banal au final, et les élements pop ne parviennent pas à en faire un must pour moi. Daté et manque de couilles, donc pas un choix génial pour un single, mais 14eme du billboard tout de même. Le troisième a quelques consonances de PRINCE – ces synthés -, mais "Skin Deep" sonne très poppy au final, son refrain a quelque chose de fondamental, proche de MADONNA non ? Mais le flop est là : 79eme du billboard, c’était pourtant à mon sens le single le plus sympa…

Quelques moments à retenir : reprendre "Bang Bang" avec les moyens techniques des années quatre vingt, voila qui pourrait avoir du sens ! Gratte hard en avant, rythme lancinant… Nous sommes très loin du smooth de l’originale. Elle sonne donc très AOR, genre MEAT LOAF et on sent la taille des moyens derrière ! Mais elle est fort aimable ainsi. Polala, mais c’est Bonnie TYLER qu’on entend là… et Darlene LOVE ? Voilà un mélange de voix qui promet ! C’est sur la rythmée "Perfection", très eighties mais bien originale pour le coup. Synthés pompiers et batterie monolithique en carton mais belle ambiance et sympa d’entendre Bonnie backer la grande CHER. Evidemment ça sonne terriblement CHILD. BOLTON et CHILD ont collaboré pour le titre "Working Girl", qui devrait être un parangon de l’AOR avec des accoucheurs pareils… Bah en fait, c’est sympa, même le sujet est plutôt sympathique et révélateur des mœurs de ces années...On ne pourrait plus en écrire un comme ça aujourd’hui !

Le reste est faiblard : être le "Main Man" de CHER, ça sonne drôlement confus… Je sais pas ce que ça vous évoque les gars, mais voila une pensée bien machiste pour une femme, surtout en ces eighties qui se voulaient progressistes. "Dangerous Times" avec son refrain très téléphoné, ne m’emballe guère. "Hard Enough Getting Over You" est un slow classique taillé pour les dancefloors des weekend, mais pas de quoi en pondre des tonnes de compliments! Enfin, c’est marrant mais alors que Jon et Richie sont partout sur le disque ils ne sont pas crédités sur "Give Our Love A Fightin Chance", qui a pourtant des points communs avec "You Give Love A Bad Name", titre qui a toujours eu le mérite de m’irriter... C’est la même chose ici. Soyons juste, cela reste très écoutable.

Tout ceci est bien nouveau pour CHER ! Une autre forme de musique, de l’AOR donc, et comme son nom l’indique l’Adult Oriented Rock prouve que CHER a intelligemment changé son fusil d’épaule et ne cherche plus à faire la nique aux jeunes du moment. Nanti d’un tel entourage et avec un marketing conséquent, l’album éponyme du retour est un succès mondial fracassant, avec plus de deux millions d’album écoulés de par le monde. Le rebond est réussi, et CHER attaque une période superstar dans sa vie d’artiste.