Nous avions laissé CHER aux prises avec les difficultés du show biz et la crainte d'être reléguée dans les divisions inférieures des pop stars. Elle signe chez Kapp et choisit de se séparer de SONNY pour la charge de producteur, mais il reste présent sur deux titres. C'est aussi l'époque ou l'artiste change de look, passe de hippie au futur sex symbol qu'elle s'apprête à devenir pour l'éternité. Elle anime aussi avec SONNY le show télévisé qui en fait des superstars du quotidien des américains. Nous sommes déjà en 1971 et il est encore temps pour elle de relancer sa carrière solo.

On se souvient surtout des tenues sexys et chamarées que portait CHER pour chanter "Gypsys Tramps And Thieves" à la télévision devant les masses populaires. Et ça a marché, le titre n'est pas vilain, une petite dynamique rythmique, énorme succès au billboard puisqu'il atteint la première place, entre pop et variété. "The Way Of Love" est en revanche variété en diable, sonne un brin BO, mais atteint aussi la 7eme place... Bon, c'est écoutable, de là à parler de classique ! IL n'en demeure pas moins que le pari est tenu et que CHER a rebondi sans le moindre doute !

Deux compositions sortent de la plume de son alter go SONNY, ainsi "Classified 1A" est basée sur une jolie ligne de piano, une belle basse vibrante et un Hammond très actuel pour l'époque, une gratte bien tranchante aussi, voila qui nous rabiboche avec l'artiste ma parole, et on n'oublie pas la glorification américaine sur la fin, comme il se doit, n'oublions pas que l'artiste lutin a envie d'un destin national ! "Don't Put It On Me" ressemble aux compos de SONNY, avec un petit coté piano bastringue bien moins remarquable.

"When You Find out Where You 're Goin Let Me Know" ? Ouf ! On a rarement vu un titre aussi long - N'est pas BAL SAGOTH qui veut ! -, mais cette petite compo espiègle s'en sort pas mal du tout et colle à merveille à l'ambiance de ses années. "He'll Never Know" est un midslow romantique ou la voix de la brunette prend une belle envolée. "Fire And Rain" est tirée du même moule en plus transparent. "I Hate To Sleep Alone" sonne complètement CHER, c'est bluffant, c'est sympa et frais, en plein dans la cible de l'époque. "One Honest Man" est de la même trempe. Des cuivres doucereux et une orchestration seventies sur "Touch And Go", pas désagréable mais franchement daté. Et un petit coté countrypolitan sur "He Ain't Heavy He's My Brother", bof.

L'important pour CHER est d'avoir réussi à recoller les morceaux de sa carrière solo et de ce point de vue, c'est un succès total. La télévision va entériner cela dans les grandes lignes. CHER reste au sommet du stardom mondial et le résultat du single "Gypsys Tramps and Thieves" qui parvient tout de même au sommet du billboard ! La destinée discographique de l'artiste est loin d'être terminée ! L'opus a toutefois pas mal vieilli, la note est donc de trois étoiles, mais c'est un retour réussi !