Non mais quelle photo ignoble ! Mais que fait la police, enfin, la maison de production ? Etre à la tête d'un physique pareil et laisser filtrer une telle horreur pour un album sensé être vendu ? C'est grotesque autant se tirer une balle dans le pied ! SONNY est pourtant encore dans la place, comme co-producteur cette fois et l'équipe de Gypsy Tramps and Thieves est reconduite. Evidemment le couple profite de son show télévisé pour en faire la pub de manière permanente, il y a en 72 trois albums de CHER dans les charts, celui ci, son précédent et l'album du duo. Tout est en place pour conforter sa place de superstar. C'est aussi l'époque ou son look évolue vers la sophistication, elle quitte peu à peu les rivages du flower power.

L'autobiographique "Living In A House Divided" évoque sans ambages les difficultés qui assaillent le couple de vedette. La chanson est un mid slow aux intonations pop et sans doute le titre à retenir de cette année 72. Elle y parle du "couple parfait", la chanson aura un certain succès et grimpe à la 22eme place du billboard. Le single suivant "Don't Hide Your Love" sonne sympa mais pas transcendante, et cette petite contine countrypolitan de Neil SEDAKA ne laissera aucune place dans la mémoire collective. On apprécie plus les pseudos ambiances music hall de "Let Me Down Easy" même si l'orchestration sonne horriblement seventies.

"It Might As Well Stay Monday" ressemble à s'y méprendre à une composition de sir Elton JOHN. La mélodie est mignonne et l'orchestration n'a pas trop mal vieillie. Que va-t-elle faire de la "Song For You" du mythique Leon RUSSELL ? La voix rauque de CHER rend pas mal, elle se laisse même un peu aller à vocaliser, c'est franchement agréable. Les THREE DOG NIGHT ont fait du "Never Been To Spain" de Hoyt AXTON un grand succès : CHER s'égosille un peu, ne démérite pas pour autant mais les émotions ne sont clairement pas les mêmes, parfois, il ne suffit pas de reprendre un classique pour en tirer quelques billets verts.

La guillerette "Down Down Down" me semble cependant pencher vers une variété countrypolitan peu reluisante. On dispose d'ailleurs immédiatement de la confirmation avec "Don't Ever try To Close A Rose", qui sonne comme du sous ELVIS à la même époque. La voix de Cherilyn n'est jamais prise en défaut, ce sont juste les compositions qui sont indigentes. Mais attirons plutôt notre attention vers "The First Time", l'unique composition signée par SONNY sur cette livraison : l'ambiance est vaguement westernienne, le rythme lent et finalement on reste très variétoche, avec peu d'émotions à la clé. "If I Knew Then" sonne à peine moins téléphonée.

Comme la photo, l'album n'est guère réussi, on se souviendra du premier single et avec un peu de chance de la "Song For You" du père RUSSELL. Et malgré des ventes correctes, SONNY et CHER ne peuvent se montrer satisfait d'un opus qui stagne autour de la soixantième place du billboard. Ceci provoque encore plus de remous dans leur couple déjà moribond, en plus de violentes disputes quand à la production de Snuff Garrett. Un cru décevant.