Sur les 8 albums live de Jean-Michel JARRE, 6 sont complètement inutiles. Destination Docklands, JARRE in China, Electronic Night..., autant de disques qui ne trouvent grâce qu'aux yeux des fans aveugles. Seul Les Concerts en Chine, avec ses relectures des classiques de J-M JARRE et surtout ses inédits, mérite d'être exposé à côté des Equinoxe et autre Zoolook. Enfin, presque... caché dans l'ombre, suffisamment unique pour ne pas passer à travers la fenêtre, il existe un autre live du musicien français vraiment intéressant à écouter, bien que pas forcément essentiel. Il s'agit de Printemps de Bourges 2002.

Rien qu'à la lecture du titre de l'album, certains ont déjà décidé de passer à autre chose. Il s'agit entre autres des nostalgiques des années 70, qui espéraient un retour de J-M JARRE au space-rock d'Oxygène et Equinoxe, et qui ont compris comme tout le monde que cela n'arriverait jamais. Et pourtant, la fuite n'est pas la meilleure solution ici. Sorti quatre ans plus tard, ce live propose de montrer Jean-Michel JARRE et Francis Rimbert jouant une musique tout à faite inédite, jamais entendue auparavant ou presque. Les quatre titres sonnent d'ailleurs de manière totalement inconnue. Quoique ce ne soit pas vrai à 100 % : "Metallic Souvenir" est un énième recyclage, datant de 1969 et joué deux ans plus tard à l'occasion de la rénovation de l'Opéra de Paris, et "Body Language" est une chute de studio de Métamorphoses. Peu importe, le principal est d'avoir compris le caractère inédit de ces pistes.

La première moitié des années 2000 (jusqu'à Aero, en fait), est assez décriée par bon nombre de jarrophiles. Et pourtant, le musicien n'avait alors de cesse de surprendre, mais aussi de toujours proposer une musique de qualité. Printemps de Bourges 2002 n'échappe pas à la règle. En phase avec son époque, il joue une électro principalement aérienne, présentant un rythme soutenu qui évite de trop sombrer dans l'ennui.

Le premier morceau, "Alive in Bourges", en est le meilleur exemple : tout au long des 23 minutes, JARRE et Rimbert sortent sur une rythmique monotone un éventail de sons et de mélodies somme toute bien joués. Côté défauts, l'aspect lounge ne sert pas vraiment la composition, et un peu plus de concision temporelle aurait été la bienvenue. Les morceaux suivants ne dépareillent pas quant à leur qualité. "Metallic Souvenir" est tout de même un remix ingrat, qui semble plus tirer de la musique bruitiste qu'autre chose. Mais la plus grosse surprise vient de "Body Language". Il est évident que ce morceau n'avait pas sa place sur Métamorphoses ne serait-ce qu'en matière de style. Pendant 4 minutes, les deux musiciens assènent une techno brutale qui ne manquera pas d'étonner son public, et encore plus les jarrophiles. Ceci étant, il ne faut pas crier au génie non plus, dans l'absolu il s'agit de techno basique, pour ne pas dire primitive. Le dernier morceau, "Paris Bourges", est plus conforme à ce à qu'on attend de Jean-Michel JARRE. Le thérémine, sorti des placards pour l'occasion, permet d'établir un côté S-F de marché assez kitsch, mais sympathique.

Printemps de Bourges 2002 n'est pas un live des plus connus, surtout au vu de sa distribution, effectuée uniquement par iTunes. C'est dommage car il présente JARRE sous un angle bien trop rare. Je n'irais pas jusqu'à parler d'indispensable, mais Printemps de Bourges 2002 est un excellent complément parmi sa discographie.