Que devient Jean-Michel JARRE depuis son dernier album en date, à savoir l'indigent Teo & Tea ? Il s'en est passé des choses. Tout d'abord, suite au camouflet de ce dernier album, notre J-M.JARRE national a signé chez EMI, pour qui il a rejoué Oxygène, avant de partir en tournées ponctuées de méga-concerts bien typiques (comme celui donné à Monaco en 2011). Les rumeurs de nouvel album commencent à poindre, à se concrétiser pour ensuite mieux s'en aller. On a même parlé de deux albums, l'un qui serait dans la lignée du JARRE pur et dur tandis que l'autre serait un ensemble de collaborations. Et voilà qu'en 2015, Jean-Michel JARRE, héros de la musique électronique, revient enfin avec un nouvel album studio sous les bras, c'est sûr cette fois. Visiblement, le projet de réaliser un album avec bien d'autres figures de la musique semble être celui qui nous attend, puisqu'à l'heure où j'écris ces lignes, le single "Conquistador" a été réalisé avec le compatriote Gesaffelstein, tandis que le suivant, "Glory", inclut le groupe M83. Un programme alléchant qui peut aussi susciter des craintes.

La première étape du retour de JARRE s'intitule donc "Conquistador". Le morceau a été réalisé en collaboration avec Gesaffelstein, un Français qui oeuvre dans le monde de l'électro depuis au moins 2008, c'est donc un homme qui a déjà parcouru un bon petit chemin. On peut s'attendre à une musique typique des grandes années de la musique électronique classique, revue sous un jour neuf.

Neuf, "Conquistador" l'est assurément. La production est rutilante, puissante et professionnelle, bref, il y a de quoi être mieux conquis (hahaha) si le morceau en lui-même est bien écrit. Le souci, c'est que ce n'est pas franchement le top. JARRE et Gesaffelstein sortent des claviers éthérés et un synthé en lead plutôt entraînant, le tout enrobé de beats lents et nonchalants. Ce beau monde forme un morceau solide, honnête, mais pas très réjouissant. "Conquistador" n'est pas très original, et surtout ne passe pas pour un futur incontournable, même en ces temps de disette musicale. Bref, le morceau a du relief, mais c'est tout.
En guise de complément au morceau, JARRE a cru bon de placer deux remixes de son cru qui sont franchement risibles. Le premier se contente de rallonger la sauce et de changer un peu les beats, tandis que le second n'en est qu'une version raccourcie. Au prix où est vendu le single, il y a de quoi rester dubitatif, au mieux.

"Conquistador" n'est pas pour ainsi dire un premier signal encourageant. JARRE et Gesaffelstein n'ont pas rien à dire, mais ils ne sont pas non plus bavards. Bien sûr, il n'est pas dit que ce morceau ne trouve pas sa place dans l'album (après tout, ce n'est qu'un single promotionnel, sorti de tout contexte), il paraît toutefois légitime d'être on ne peut plus prudent et de modérer son optimisme à son écoute.

Attendons et regardons.