Blood on the Tracks est souvent cité parmi les plus grands albums de Dylan. Il faut bien reconnaître que ce n'est pas faux...
Le bonheur ne fait pas les bonnes chansons, la dépression par contre, c'est cool. C'est grosso modo la morale qu'on pourrait tirer de l'écoute du disque.

Dans les faits, la noirceur vient surtout des textes, déprimés et déprimants (qui n'a jamais vécu de rupture?), tandis que musicalement, on nage dans un rock folk ciselé, mélodieux sans être sirupeux, sobre sans être austère (même les tempos ne sont pas si lents), diversifié sans être hétéroclite : on pourrait dire qu'il s'agit d'un petit bijou d'équilibre et de finesse.

Sans être exhaustif:
- Un monstre de presque neuf minutes, "Lily, Rosemary & The Jack of Hearts", joué pied au plancher et accrocheur en diable (et sans pause instrumentale... c'est dire la taille du texte).
- rythmique un tant soit peu bondissante: les inévitables "Tangled Up in Blue" et "Shelter From the Storm", au sommet ; l'un peu moins important mais néanmoins dynamique "You're Gonna Make me Lonesome When You Go".
- Ecoutez le ton hargneux que Dylan prend sur "Idiot Wind".
- Dans un registre plus posé, on n'évitera pas le classique "Simple Twist of Fate", ballade blême et on louera aussi le sentimental "If You See Her, Say Hello".

Même si j'ai globalement une préférence pour le Dylan de la première décennie, il faut reconnaître qu'on tient là un excellent album. Plus mûr, donc peut-être un peu moins immédiat, mais cela n'est pas un défaut.
Blood on the Tracks, c'est du sang, des larmes, mais surtout c'est le pied.