On ne sait jamais sur quel pied danser avec Rendez-Vous. A première vue, deux clans s'opposent : ceux qui saluent un superbe album en lien direct avec l'espace et donc la NASA, ainsi que le vibrant hommage aux astronautes morts dans la navette Challenger. De l'autre, il y a ceux qui clament haut et fort qu'il s'agit d'une arnaque composée de chutes de studio évidentes, et qui n'existe que pour renflouer les caisses après un Zoolook mythique mais peu rentable. Au final, tout le monde a raison : Rendez-Vous est un album qui mérite son double statut de chef-d'oeuvre et de montage frauduleux.

Pour ce dernier point, les charges sont lourdes et nombreuses. "Rendez-Vous 2" est une resucée d'une chanson de Gérard Lenorman (!), elle-même adaptée d'un thème des Granges Brûlées. Idem pour "Rendez-Vous 3", et la deuxième partie de "Rendez-Vous 5" vient de Musique pour supermarchés. Mieux, le thème de Rendez-Vous 1 se retrouve dans "Rendez-Vous 2". On savait que JARRE aimait s'auto-plagier, mais là il fait fort, mais très fort. Et pourtant, tout fonctionne à merveille, pas un poil ou presque qui ne dépasse. L'efficacité commerciale, dont JARRE est un grand spécialiste, s'allie avec la grandeur artistique pour offrir un disque grandiose. Les thèmes sont certes recyclés, mais de manière remarquable et surtout réussie. Quant au sommet majeur du disque, il ne s'intitule pas "Rendez-Vous 4" comme on pourrait le croire (et il est un peu facile, avouons-le), mais bien "Rendez-vous 5", ou du moins la première partie. Il s'agit en clair de deux minutes de grâce au sein de la carrière de JMJ. Cette ritournelle qui saisit au plus profond et provoque une émotion intense. Pour ceux qui n'aiment pas, il leur reste tout de même "Rendez-Vous 6", avec la mélodie au saxophone co-écrite par Ron McNair, qui devait la jouer dans la navette Challenger.

Rendez-Vous est une réussite sur tous les plans. Certes, il n'a pas la même grandeur artistique que Zoolook, mais les objectifs établis sont tous remplis un par un. Enfin presque : celui de lui donner un successeur immédiat tout aussi bon. Ce sera bien évidemment un échec avec Révolutions, un album bien peu engageant.