Avec ce tout premier album, on découvre un jeune artiste folk qui brûle de s'imposer. Cela se sent dans la façon de chanter, de jouer, avec ces gimmicks qui renvoient à la fois à la tradition et à une certaine spontanéité juvénile. Le style n'est pas encore tout à fait en place, mais ne démérite déjà pas. Les rythmes sont plutôt enlevés, et comme il s'agit principalement de reprises, le contenu est d'emblée d'une qualité respectable (on peut estimer que le Dylan compositeur a encore besoin d'un petit ajustement, même si "Talkin' New York" et "Song to Woody" ne sont nullement déplorables).

Ce qui fait aussi l'attraction, c'est cette façon toute particulière de chanter, les cordes vocales contractées au maximum, qui produisent un son dur et puissant. On imagine que ce devait être éprouvant pour la voix, puisque Dylan ne chantera plus ainsi ensuite, mais le résultat est assez enthousiasmant.

Pas mal de titres accrocheurs, notamment un "Gospel Plow" survolté. D'ailleurs, j'avoue préférer le présent "In My Time of Dying", plus modeste, que le mammouth poilu qui pue de Physical Graffiti. En revanche, la "House of the Risin' Sun" n'est pas vraiment inoubliable, la faute à une amplitude vocale insuffisante ; la version référentielle reste bien évidemment celle de Johnny Hallyday...

Bref, un album franchement sympa, plein d'allant, qui met de bonne humeur et que l'on aurait qualifié, si nous avions vécu à l'époque, de prometteur. Oh yeah !