Une question me travaille depuis longtemps : si Painkiller est un excellent album de Heavy Metal, est-ce un excellent album de JUDAS PRIEST ? Je m’explique : qui (comme moi) a découvert ce groupe avec l’excellent Unleashed in the East ou le formidable tryptique British Steel/Screaming For Vengeance/ Defender of the Faith (je mets de côté le moins réussi Point of Entry), apprécie ce groupe pour des raisons multiples et variées. JUDAS, c’était le groupe capable de vous pondre des hymnes imparables comme "Leaving After Midnight", des morceaux beaux à pleurer comme "Victim of Changes", des titres métal ultimes comme "The Hellion - Electric Eye" ou "The Sentinel", mais aussi apaisés et aériens tels "Some Heads Are Gonna Roll" par exemple. Tiens, j’ajoute même un titre comme "Out in the Cold" du si opportuniste Turbo pour compléter ce florilège de styles qui fait tout le sel du groupe.
Lorsque sort Painkillers en 1990, les prêtres restent sur deux échecs sans appel, chacun pour des raisons différentes. Ils ont échoué à s’intégrer dans la vague FM qui déferle sur les ondes en cette fin des 80’s, et se sont méchamment laissé déborder sur leur droite par la vague Thrash du big 4. L’orientation choisie pour le nouvel album sera donc résolument 'métal', et je ne peux m’empêcher d’y voir à nouveau une forme d’opportunisme et de calcul dont l’aboutissement logique sera le fameux split intervenu seulement 2 ans plus tard.
Pour revenir à la musique, c’est à la fois excellent et fort pénible : la double grosse caisse à fond du premier au (presque) dernier morceau, il faut pouvoir l’encaisser, et dieu sait si mes oreilles ne jouent que rarement les saintes nitouches en la matière. Evidemment, Rob est immense (comme d'hab') et les duels de guitare à tomber par terre : on connaissait déjà le savoir-faire de JUDAS en la matière, mais la démonstration est imparable. Les titres de l’album sont presque tous excellents, mais pourquoi ai-je si peu et si rarement envie d’écouter cet album et finis-je par lui préférer Nostradamus sorti presque 20 ans plus tard ? Peut-être que le vrai JUDAS, celui qui sait allier finesse et tueries métal, n’était pas invité lors des sessions d’enregistrement et qu’un album entier à une seule facette ne fait finalement rien avancer, si ce n’est démontrer un talent pour ce genre de musique que personne ne songerait à contester aux Anglais ?