Sorti un an après seulement, Je Pense Comme Toi (1984) se fait très proche de On Dit... (1983), dans le son, le style des morceaux...

Les années 80 sont bien représentées avec "Jumbo Loo", titre latino fun et idéal pour danser mais qui n'apporte pas grand-chose d'un point de vue qualité. La basse-synthé supplante la vraie, les choeurs sont ultra kitsch, on entend un brin de rap sur le pont vu que le style est en train d'éclore aux U.S.A.

Il y a dans un meilleur style "Fil à l'envers" qui met les claviers en avant et propose un très beau refrain nostalgique (à la fin d'une relation, l'envie de revenir en arrière et user de toute l'affection qui a manqué). Simple mais attachant, avec de bonnes guitares.

Si les rimes de "Emmenez-moi" sont parfois discutables, le morceau est de qualité, parmi les exemples de ce qui correspond désormais le mieux à SHEILA. Idem pour le slow "Vivre mieux", où la voix toujours aussi belle est soutenue par une basse veloutée, des cloches et autres sons cristallins. La ballade la plus forte reste celle de "L'écuyère" dédiée au monde du cirque, sur un trois temps avec cordes. On note un piano bastringue et quelques effets forains dans les synthés.

Les tempos dansants sont plus marqués avec pas mal de rhythm'n'blues, comme en témoigne "America" où SHEILA se fait cavalière, un peu crooneuse, et où l'on sent que les boîtes à rythmes, elles aussi commencent à prendre le pas. Dans le même genre, malgré une énergie communicative et des guitares plaisantes, "Je suis comme toi" est gâchée par un sample vocal indigent.

Yves Martin réussit en revanche l'utilisation du Vocoder sur le titre suivant, "Guerrier massai", reggae appréciable et lui aussi tout à fait dans le ton de l'époque, très "world". Il reste "La chanteuse" qui fait intervenir les seuls cuivres de l'album sur un bon groove funk des familles, avec des choeurs masculins, un piano très fourni. SHEILA joue la femme fatale comme sur la pochette de l'album, souhaitant se faire connaître, adorer dans le monde du jazz et ses standards. Un titre bien choisi pour clôturer l'ensemble, mis à part un détail : pourquoi un saxo joué au synthé quand il y en a un vrai à proximité ?

Avec cet album, l'oeuvre régulière de SHEILA prend fin et sa carrière ne donne lieu ensuite qu'à des productions sporadiques. L'avantage, c'est que c'est aussi le moment où elle décide de se mettre au disque live !