Après un véritable album en 1999 suivi d'un plus court constitué de reprises trois ans plus tard, il faut attendre 2012 pour que SHEILA en sorte un nouvel, le très bon Solide.

Yves Martin (époux de la chanteuse depuis plusieurs années) est toujours à la réalisation et aux arrangements tout en écrivant les paroles. Bruno Dandrimont fournit le plus gros de la composition, avec la participation d'autres intervenants comme l'animateur de radio et télé Florian Gazan.

Difficile cependant, avec "Une arrière-saison", de ne pas reconnaître la patte la plus évidente de Jacques Vénéruso ("Rester libre" pour Johnny HALLYDAY, "Sous le vent" pour GAROU & Céline DION...) en matière de ballade folk, à la fois classe et grand public. SHEILA, dont la voix est devenue plus grave avec les années, chante une poésie d'amour simple ("arrière-saison, c'est toujours avec toi") au milieu des pianos, guitares acoustiques et choeurs "ouh ouh" superbes.

Dans le même ton, "Je pardonnerai" avec sa sensibilité toute féminine offre un texte positif face à la réalité du temps qui passe, et ce morceau de la chanteuse désormais sexagénaire incarne bien le titre Solide donné à l'album. Le refrain, très élégant, montre bien qu'elle sait monter encore un peu dans les aiguës, sans mal !

"Et je me passe", écrite par Florian Gazan, baigne elle aussi par ses paroles dans cette envie d'affronter le reste de la vie sans s'inquiéter. Cette pop-folk californienne, inspirée, nous apparaît éclatante dès le premier morceau, "Pour sauver l'amour". Les guitares avec effet chorus font preuve d'élégance, accordées avec le nouveau ton de SHEILA au micro, l'ambiance globale des chansons.

Il n'y a pas que de la folk pure, "La même histoire" sonne plus rock tout en gardant une certaine fraîcheur et en invitant l'homme aimé à cesser de croire à l'amour pour mieux le concrétiser. Même en ayant mûri, SHEILA à 67 ans reste ce qu'elle était 35 années plus tôt. À côté de cela, on trouve des titres plus jazzy, comme "On s'en fout", "Pour un bout d'chemin" avec l'empreinte Martin que l'on connaît bien dans la gestions des "saxos" et "cuivres". Aussi et surtout, "Si je chante encore" où SHEILA laisse entendre que nonobstant les critiques, elle veut continuer de faire la musique qu'elle aime. Dans l'ensemble et musicalement, c'est fort sympathique !

Un bémol léger pour "Mon Eldorado", avec ses synthés 80's inattendus et un son dance quelque peu isolé, où les choeurs masculins tendent à évoquer les années en compagnie de B. DEVOTION. Le titre s'écoute encore mais l'envolée instrumentale reste vaine. Un beau final, enfin, adressé au public directement, avec "J'avais envie de vous revoir" qui garde une couleur légèrement électro, sur une progression musicale formant un joli crescendo. Le choix de surprises musicales permet au piano, à la basse et à la batterie, de s'affranchir un peu.

La production de ce disque, moins propre que celle de l'album de 1999, donne une sensation à la fois chaleureuse et espacée, libératrice. C'est le seul album de SHEILA pendant un bon nombre d'années, et pour tout cela, il vaut largement que l'on s'y attarde !