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SPACE ROCK   |  STUDIO

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1970 Hawkwind
1971 In Search Of Space
2019 All Aboard The Skylar...
2021 Somnia
 

- Membre : Amon DÜÜl Ii, Arthur Brown , Lemmy, Slim Jim & Danny B., Richard Wahnfried , High Tide, Pretty Things/yardbird Blues Band, MotÖrhead, Blind Faith, Cream
- Style + Membre : Hawklords, Nik Turner , Gong, Dave Brock , Robert Calvert
 

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HAWKWIND - There Is No Space For Us (2025)
Par PSYCHODIVER le 13 Mai 2025          Consultée 256 fois

HAWKWIND ... Ce groupe est terrible. C'est la première pensée qui m'a traversé l'esprit une fois la troisième écoute de cette dernière livraison terminée. Qu'un combo rescapé du pseudo paradis sous acide des 60's puisse être capable après plus de cinquante ans d'activité marqués par les trips sous plantes qui font rires / voyager très loin, les perquisitions judiciaires, les querelles entre ex-membres atteints du syndrome de la couverture qu'ils se tirent à eux-mêmes, les orientations musicales improbables et les free festivals de mijoter une formule aussi efficace et doté d'un tel pouvoir de fascination. Mais Dave Brock, l'octogénaire inclassable du rock UK, trompe la faucheuse avec aisance autant qu'il se fout plus que jamais des come-back pompes à fric de vampires à la BLACK SABBATH sous perfusion bientôt à Birmingham et des cérémonies style hall of fame (auxquelles il ne sera de toute façon pas convié de sitôt).

D'autant que tout va mal dans le pire des mondes. Après le subconscient tumultueux de Somnia, la cyber dystopie chamanique de The Future Never Waits et les méandres cruels du temps sur Stories From Time and Space, HAWKWIND décidant de renouer avec ses premières escapades nous propose un trip spatial absolu. Un vrai de vrai. Comme on n'en avait pas vécu depuis ... au moins la période Ron Tree (via Alien4 en 1995). Un retour aux origines motivé par les innombrables maux qui accablent cette bonne vieille planète bleue : IA en phase de remplacer homo sapiens, corruption tout azimut ... Hurler "carpe diem" et déplorer la cruauté de l'existence ne suffit plus. Les textes, simples en apparence, sont lourds de sens. Le Capitaine a perdu foi en l'humanité. Il semble désormais plus sage de regarder à nouveau vers l'infinie mer du dessus. Et justement. La première chose qui frappe d'entrée de jeu, c'est le son, les textures. Plus planant et au service de l'immensité tu meurs. De tous les albums récents du combo, 𝘛𝘩𝘦𝘳𝘦 𝘐𝘴 𝘕𝘰 𝘚𝘱𝘢𝘤𝘦 𝘍𝘰𝘳 𝘜𝘴 est celui qui fait le plus la part belle aux synthétiseurs. Tim Lewis s'en donne par conséquent à cœur joie. Grand amateur de vieux matériel analogique, il impose sa patte sur chacun des titres, se révélant un des claviéristes les plus doués et iconiques à avoir offert ses talents au collectif. Un tel compromis entre électronique et rock, les HAWKS n'en avaient pas proposé d'aussi maîtrisé et palpitant depuis Sonic Attack en 1981. Mieux encore, les britanniques sont revenus avec des compositions toutes neuves et pas une trace de recyclage de morceaux du passé n'est à signaler.

Avec son introduction floydienne effrénée très typée "On The Run", "There Is Still Danger There" nous laisse en compagnie d'un Dave à la voix vierge de tout bricolage, tandis que des rafales synthétiques se joignent à un rock offensif. C'est bel et bien le HAWKWIND space electro heavy metal des 80's qui répond présent (même si l'outro planante semble dans la continuité d'un "Love In Space" et autres expérimentations trance typiques des années 90). Sur "Space Continues Lifeform", la sérénité se prolonge avant de céder à l'anxiété puis à la fantaisie. Pas de doute à avoir, nous sommes bien chez les chevelus de Ladbroke Grove. Voilà une parfaite suite logique à "Space Is Deep" en guise d'exploration des tréfonds de l'univers, aventure où la psyché humaine traverse moultes facettes à la manière de la lumière passant au travers d'un prisme. Émerveillement, tension, soif insatiable de vitesse astronomique. Les influences Berlin School rencontrent le jazz rock. Du pur génie. Arrive "The Co-Pilot", single en forme de love song dédiée à Madame Brock, sur lequel les HAWKS se la jouent bossa nova cosmique (ils auront décidément touché à tous les genres musicaux ...), zen et parcouru d'une électricité subtile. L'impression d'entendre le CAN tropical de Future Days que l'on aurait catapulté sur Altaïr. Mais l'ensemble s'accélère dans sa seconde moitié, sans pour autant virer à l'attaque sonique. Et la voix trafiquée de Dave traverse le vide sidéral, épaulée par des chœurs éthérés et des claviers délicieusement rétros. Classe, immersif, beau tout simplement. La piste éponyme invoque un retour à la folk militante sans l'être des débuts avant une subite mutation en electro punk sans pitié qui sera dévoré tout cru par des synthés tyranniques. "The Outer Region Of The Universe" consacre toute la dimension synthétique contemplative et concernée défendue par le groupe, évoluant en un space kraut blues prog rock cosmique. Il y a du FLOYD, du GENESIS, du ALAN PARSONS PROJECT période Robot / Pyramid dans ce morceau fleuve jamais cliché ni soporifique. Le plus agité "Neutron Stars Pulsating Light", riche en bruitages et autres interférences, laisse les guitares sur-saturées croiser le fer avec des claviers hors de contrôle. Les mots d'ordre ? Foncer. Toujours. Et ne jamais se retourner.

Outre "The Co-Pilot", deux hits se distinguent. Le premier : "Changes Burning Suns And Frozen Waste". Déterminé et rêveur, d'une efficacité certaine, la sensibilité originelle du combo ne s'est décidément pas estompée malgré les passages à vide de la fin des 90's et des années 2000. Les parties de guitares sont superbes, diffusant une énergie pure illimitée, sans négliger une orientation délicieusement mélodique. Le plaisir de jouer est roi sur ces neuf minutes de pur bonheur spatial et frondeur qui renvoie autant au sacré 𝘋𝘰𝘳𝘦𝘮𝘪 𝘍𝘢𝘴𝘰𝘭 𝘓𝘢𝘵𝘪𝘥𝘰 qu'à la non moins extraordinaire période Calvert. Que j'aurais adoré l'entendre interprété par Mad Bob d'ailleurs, tant cette écriture aussi écorchée vive et débordante de vie me rappelle les inoubliables brûlots punk/new wave oniriques, désabusés mais pugnaces et appliqués à entretenir un espoir vivifiant, que le groupe composa en pagaille à la fin des 70's, "Spirit Of The Age", le seul l'unique, en tête. Les voix à l'unisson terminent de garantir un sentiment de camaraderie propice à l'aventure avec un grand A. Oui. Voilà un nouveau standard hawkwindien, auquel je promets un bel avenir en concert. Enfin, le conclusif "A Long Long Way From Home" est bien l'autre classique de ce cru 2025. Bucolique et lyrique à souhait, avec ses quelques accords acoustiques vite rejoints par la six corde électrique et des chœurs doux amers, avant qu'un piano cristallin ne s'invite à ce message d'au revoir aussi apaisé que poignant. On aimerait qu'il dure une éternité. Le dernier mot revient au Capitaine Brock, avec la mention du titre du présent morceau, prononcé avec la bienveillance diminuée et attendrissante d'un conteur refermant l'ouvrage auquel il aurait donné vie par sa parole. L'ouvrage de son existence ? Étant donné que Dave évoque depuis l'album précédent et avec une humilité touchante son prochain et dernier grand voyage à venir ?

À l'issue d'un disque aussi honnête que solide et inspiré, une seule pensée traverse l'esprit de l'auditeur : quel beau groupe ! Le regain d'énergie créative amorcé au crépuscule des 2010's ne cesse de porter ses fruits. J'irai même plus loin : ce dernier volet rejoint d'emblée un quintette consacré à mes opus préférés du collectif, aux côtés de The Xenon Codex, Hawklords Live 78, Quark Strangeness And Charm et Doremi Fasol Latido. Les années 2020 appartiennent sans conteste aux freaks les plus attachants de Grande-Bretagne. There Is No Space For Us, plus peaufiné et concis que ses prédécesseurs, soutenu par une production équilibrée entre ambiance garage rock sans concession et electro/pop progressive, s'impose comme un immanquable de leur discographie comme de la production musicale de ces cinq dernières années. Susceptible de réconcilier les anciens fans ayant jeté l'éponge après le passage à l'an 2000 avec ce qui fut leur groupe de cœur, il pourrait également faire office de porte d'entrée idéale à tout néophyte par ses velléités pop affirmées. Ce qui relève de l'exploit tant le collectif se sera jusqu'alors arrangé pour ne pas faciliter la compréhension de son œuvre hors-norme et souvent indéchiffrable pour quiconque se limite aux fréquences mainstream, au classic rock calibré boomers ou à l'art d'état (le pire des oxymores).

Le croiseur au rapace interstellaire reviendra-t-il doté d'une telle inspiration enfin retrouvée ? Qui vivra verra. Pour le moment, les HAWKS refusent toute retraite et Dave, malgré ses déclarations de l'an dernier, s'avère toujours d'aplomb lorsqu'il s'agit de reprendre d'assaut les scènes d'Albion. Mais si par malheur cet album devait marquer la fin de la grande histoire du plus crucial des groupes underground, cette dernière s'achèverait alors sur un des plus somptueux adieux qu'il m'ait été donné d'entendre.

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- Dave Brock  (chant, guitare, claviers)
- Magnus Martin  (chant, guitare, claviers)
- Doug Mackinnon  (basse)
- Tim 'thighpaulsandra' Lewis  (claviers)
- Richard Chadwick  (batterie)


1. There Is Still Danger There
2. Space Continues Lifeform
3. The Co-pilot
4. Changes Burning Suns And Frozen Waste
5. There Is No Space For Us
6. The Outer Region Of The Universe
7. Neutron Stars Pulsating Light
8. A Long Long Way From Home



             



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