AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Après la jolie réussite de la B.O. précédente Girls! Girls! Girls!, l'humeur est au joli temps. Cette éclaircie se confirme avec ce nouveau skeud. "Beyond the Bend", ouverture toute en rythme, est un morceau qui met le tempo au centre du débat. Et, miraculeusement, la suite n'est pas décevante ! Si les rythmes rock sont majoritaires, on peut ajouter qu'ils tiennent la route ; c'est le cas de "Happy Ending", avec sa guitare qui tricote très correctement et Elvis que l'on souhaiterait plus agressif mais qui abat un boulot conséquent. Tout comme sur la très chaloupée "Take Me to the Fair" qui donne envie de danser. "One Broken Heart For Sale" est dans la veine des rock mid-tempo dont Elvis a fait l'essentiel de son répertoire depuis Elvis is back!, pour un résultat très correct, même si la chanson ne fait qu'un single moyen n'atteignant pas le top ten du Billboard.

"Relax", une évidente sœur jumelle de "Fever", voit une contrebasse insolente se tailler la part du lion et Elvis renouer avec sa passion des blues lents. Bien sûr, on n'atteint pas le niveau de la légendaire chanson fiévreuse, mais c'est bien agréable ! On ne s'arrête pas là car "Cotton Candy Land" nous plonge une fois de plus dans les méandres de la culture sudiste des Etats-Unis : sur un vieux rythme traditionnel, le King livre une autre grande performance.

Il reste à souligner l'étonnante "They Remind Me Too Much of You", avec une performance d'Elvis qui laisse pantois d'admiration. Il y a un monde d'écart entre certains slows sirupeux de mauvais alois, comme j'en ai descendu 'quelques uns' depuis 'quelques' albums, mais celui-ci est franchement réussi. Un croisement entre "Are You Lonesome Tonight" et "Can't Help Falling In Love", ce qui n'est rien moins qu'une comparaison flatteuse.
"How Would You Like to Be" est l'histoire d'une chanson basée sur le tintement d'une boîte à musique. Nombreux sont les chanteurs à avoir tenté ce gimmick ; Elvis s'en sort avec les honneurs.

Ouf ! nous parvenons à éviter la noyade sur ce skeud ! Mieux même, un plaisir évident naît à son écoute. L’année 1963 débute sous les meilleurs auspices avec la B.O. de It Happened At the World’s Fair, film qui ne partait pourtant pas gagnant avec un scénario inexistant sur un sujet digne du 13 heures de Pernault : l’exposition universelle de Seattle en 63. Vous imaginez la passion torride ! Le bel Elvis s’emmerde tellement pendant le tournage qu’il prend l’habitude de jouer des tours pendables, genre vider sa chambre d’hôtel – c’est Jerry Lee Lewis qui saccage le premier sa chambre d’hôtel, Elvis est un bon garçon ! –, ou faire peur au personnel.
Enfin, ne laissons pas passer l’improbable rencontre entre le King et Kurt Russell qui lui donne la réplique à 10 ans, avec une célèbre scène où il assène un coup de pied à Elvis. Kurt qui jouera le rôle d’Elvis bien des années plus tard dans le téléfilm Elvis de John Carpenter.