Le deuxième album jaune du King présente les mêmes caractéristiques de mise au monde que son prédécesseur. Cependant, chers lecteurs, ne vous arrêtez pas en si bon chemin car il est d’un niveau bien supérieur, ce qui n’est pas une performance, je vous l’accorde. Patientez cependant, vous pourrez trouver sur ce skeud de grands classiques du King.

Ça, nous sommes en présence de plusieurs titres emblématiques de cette époque du King, à commencer par l’époumonante "Long Legged Girl" issue de la B.O de Double Trouble mais qui conserve intacte toute sa verve et son entrain. Je l’ai déjà évoquée dans la chronique du film du même nom, je me bornerai donc ici à souligner l’aspect moderne et génial de cette chanson, une des meilleures du King toutes époques confondues! La terrible "A Little Less Conversation" poursuit la quête de la perfection musicale d’Elvis. Ce titre est une tuerie sublime, rien n’y est laissé au hasard, et ce n’est pas un hasard si nous la retrouverons une trentaine d’années plus tard survitaminée et encore belle sous le remix de XL pour la B.O du film Ocean’s Eleven avec Georges Clooney et Brad Pitt en 2002. Une postérité tenace et sacrément efficace, c’est le moins qu’on puisse dire !

Deux tubes pareils sur un même album, c’est même un sacré carton ! Et c’est le sourire jusqu’aux oreilles qu’on déplace le saphir sur le microsillon pour découvrir un troisième et superbe tube, je veux parler de "Rubberneckin". S’il est moins connu que les deux autres, il possède cependant une classe et une identité qui lui sont propres, une excellente chanson qui fait partie des classiques d’Elvis. Elle connaît elle aussi une seconde jeunesse en 2003 suite au remix de Oakenfold. La présence de "Stay Away Joe" surprend jusqu’à ce que l’on apprenne qu’il s’agit d’une erreur du label. Avec tous les gros sous en jeu dans ces sorties d’albums, on se demande comment cela a pu arriver… RCA souhaitait à la base introduire le titre "Stay Away" issu du film Love a Little Live a Little, ils le feront sur la réédition de 1973. Quels nazes!

Pour le reste, il y a à boire et à manger: "US Male" reprend le rythme et les gimmicks de "Guitar Man", avec une certaine réussite, tout en préservant une identité originale. Le petit rythme chaloupé samba de "Almost In Love" est sympa, je me surprends à vouloir la réécouter. Elvis y chasse sur les territoires de Frank SINATRA. "Edge of Reality" est influencé par le travail de the FIFTH DIMENSION sur "Let the Sunshine", comme c’est étonnant ! Elvis chez les babas cools science-fictionnaires! Une vraie curiosité. Cela dit on imagine mal notre King jouant la comédie musicale "Hair". Un petit bluegrass "Clean Up Your Won Back Yard", dont la présence est rigolote, avec une lap steel guitar de bonne facture. Enfin, le tittle-track du Western Charro achève l’album dans une ambiance inquiétante, mais pas désagréable, un thême aux relents presque James Bondesques.

Les destinées discographiques et commerciales de cet opus sont d’ailleurs bien meilleures que celles de Let’s Be Friends, puisqu’il atteint la 46eme place du billboard. Il est de bien meilleure qualité, c’est indéniable. Le 40ème album d’Elvis se révèle une sacrée surprise ! Mais avec le King, est-ce si étonnant?