Voici le dernier opus d’Elvis PRESLEY enregistré à Memphis. Cela n’a qu’une importance symbolique, mais quand on est à la tête d’une telle discographie, le symbole n’est pas vain. Les chansons ici présentes sont sensées être moins performantes que celles positionnées sur Good Times sorti peu de temps auparavant. Comme c’est souvent le cas des albums des seventies du king, on trouve certains aspects country, rock ou soul, mais l’ensemble s’apparente beaucoup plus à de la pop qu’au bon vieux rock des familles.

Avec toutefois une exception de taille puisque c’est un grand classique du rock’n’roll qui ouvre cet énième opus du King - on finit par perdre le décompte !-, le "Promised Land" de Chuck BERRY passé à la moulinette PRESLEY. Le résultat est à la hauteur : beaucoup de modernisme donne une seconde vie à la chanson, un traitement assez brut qui lui sied à merveille et permet à Elvis de la faire sienne. Elle compte aujourd’hui parmi les classiques immortels du king, et bien peu se souviennent qu’elle est avant tout issue du répertoire de BERRY.

Puis, nous avons quelques morceaux countrysants : "There's an Honky Tonk Angel" nous replonge dans les grandes influences country du natif de Tupelo. "Mr Songman" œuvre dans ce même registre très mainstream pour la terre de l’oncle Sam. En quelque sorte de la variété américaine. La reprise de Waylon Jennings, "You Asked Me Too", est une ballade country classique. Elle est agréable et sonne 'roots' jusqu’à ce que les chœurs féminins lui enlèvent tout intérêt. A nouveau, on déplore les orchestrations trop pompeuses de l’opus. Et cette quasi-permanence des chœurs. Dès les années 50, le colonel Parker a adjoint un ensemble vocal à son poulain, les Jordanaires, qui n’ont eu de cesse d’édulcorer ses chansons, puis ce sont les chœurs féminins qui ont pris le relais, avec beaucoup plus de mauvais goût que de bonheur. A titre personnel, je le déplore.

"Help Me" est une nouvelle tentative gospel hors des albums consacrés. Franchement mollassonne. "It’s Midnight" est vraiment sans intérêt, malgré les louanges qu’on trouve à son égard sur les sites du web. Je cherche avec toute la bonne volonté du monde une raison d’aimer ce Promised Land au titre prometteur. Pour l’instant, on est le bec dans l’eau ou les quatre fers en l’air, c’est comme on veut. "Your Love's Been a Long Time Coming" est à vomir. Certaines tentatives sirupeuses peuvent se révéler attachantes. Là, nous pataugeons dans la bouse fraîche.

L’aspect soul de "If You Talk In Your Sleep" réveille quelque peu les pulsions de vie d’un auditeur en train de s’enfoncer dans la vase des bayous de Louisiane ou du Mississipi. Mais l’œil se referme malgré les allumettes que vous aurez eu le bon sens de positionner entre vos paupières en aficionados avertis que vous êtes d’Orange Mécanique. "Thinkin About You" me réveille pour de bon, avec une ligne de chant inhabituelle d’Elvis, très à l’aise avec ce nouveau répertoire.
"Love Song of the Year" est une sorte de berceuse mainstream, trop molle pour emporter mon adhésion, malgré une ligne de chant originale.

Hormis le titre éponyme, l’opus regorge de morceaux peu attrayants. Beaucoup de 'filler' donc, ce qui dans le cas du King est rédhibitoire. Un des moins bons albums d’Elvis toutes époques confondues. C’est aussi un des derniers et à ce titre il apporte un certain lot de curiosités.
Dans l’absolu, il faut retenir "Promised Land", point barre !