Recherche avancée       Liste groupes



      
ART ROCK  |  STUDIO

Commentaires (1)
Questions / Réponses (1 / 1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Membre : Van Der Graaf Generator, The Purple Helmets
- Style + Membre : Peter Hammill Et Gary Lucas

Peter HAMMILL - Nadir's Big Chance (1975)
Par ARP2600 le 24 Avril 2013          Consultée 5750 fois

Ah, le voilà donc, ce fameux Nadir's Big Chance... il ne s'agit peut-être pas de la toute meilleure publication de Peter Hammill, mais l'histoire fait que c'est la plus importante. Alors qu'il s'agit d'un album très logique de sa part, il s'agit tout autant de l'émergence du punk au Royaume-Uni, rien de moins. Qu'on n'aille pas essayer de nier, la chose est avérée et incontestable, et pourtant, les conséquences étaient bien imprévisibles...

Commençons au commencement. Il est ici question d'un adolescent de 16 ans, Rikki Nadir, rebelle et romantique tout à la fois, buté et naïf comme un ado peut l'être, comme Hammill l'avait peut-être été du côté de 1965 ? Il est important de préciser que ceci n'est pas un album concept mais un recueil d'anciennes chansons revisitées, semblable à Fool's Mate par bien des aspects. La plupart des titres ont été composés avant 1971. Combien de merveilles inédites a-t-il bien pu écrire avant même la publication du premier Van der Graaf Generator ? Impossible à dire mais, bien qu'il en ait déjà puisé un grand nombre pour ses albums précédents, le contenu de ce Nadir's Big Chance est une fois de plus remarquable.

Le livret de l'album renseigne beaucoup sur l'esprit dans lequel il a été réalisé, surtout dans la version CD de 2006 qui contient une auto-interview riche en informations. Hammill, né en 1948, a pu suivre toute l'évolution du rock et il jure que sa musique a toujours consisté en la recherche de la magie qui peut être créée en faisant résonner trois accords de guitare. C'est sa compréhension du rock et je pense qu'il a parfaitement raison, c'est ce qui explique que sa musique, quel que soit son génie d'écriture, est un rock authentique et intègre. Quant à Rikki Nadir, c'est un fil conducteur, un personnage qu'Hammill a créé et gardé dans un coin de sa tête en enregistrant l'album. Un rebelle donc, avec un nom bien négatif... le nadir est l'opposé du zénith et ce mot est employé en anglais pour désigner le fond du fond.

Ce qui nous amène au punk, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Le terme avait été utilisé aux États-Unis pour désigner la musique d'Iggy Pop dès 1971 mais sa première utilisation en Europe est ici : dans le texte de présentation, Hammill parle explicitement de «beefy punk songs» pour désigner les numéros les plus agressifs et binaires du lot. Ensuite, il suffit d'écouter... cette expression désigne la chanson-titre, «Nobody's business» et «Birthday special», trois chansons géniales, et tellement proches de ce que feront les Sex Pistols un peu plus tard qu'il y a presque plagiat de leur part. En fait non, parce que les Sex Pistols sont un charivari, un happening, et aussi une matérialisation de Rikki Nadir. Ceci n'est pas dit à la légère car John Lydon a publiquement affirmé son amour pour la musique de Hammill et a demandé la diffusion, lors d'une émission de radio, de «The Institute of mental health, burning» et «Nobody's business». Qu'on le veuille ou non, Peter Hammill y est pour beaucoup dans cette affaire... Pour autant, l'invention de ce type de chansons n'est certes pas son œuvre et il est le premier à l'affirmer. Comme dit plus haut, il connaît bien son rock et renvoie les musicologues en herbe «aux Beat Groups, aux Kingsmen, à Eddie Cochran, au R'n'b, à Muddy Waters».

Il est quand même trop modeste, une des raisons pour lesquelles il est resté si peu connu du grand public, bien que ce soient essentiellement la noirceur et la complexité de sa musique qui sont en cause. Malgré les chansons punk, la patte d'Hammill est indéniable. Ensuite, il n'y a pas que cela sur l'album... elles sont même nettement minoritaires. A côté des trois citées plus haut, «Open your eyes», «People you were going to» et le final «Two or three spectres» sont moyennement méchantes (et il serait dommage de ne pas citer le final jouissif avec la résonance et les bruits de public). Par contre, le centre de l'album est occupé par des ballades, les excellentes «Been alone so long», «Pompeii», «Shingle song» et «Airport», qui sont du même tonneau que celles de Fool's Mate.

Pour conclure, disons encore que cet album est contesté... certaines personnes font la fine bouche, voyez-vous. Sans doute auraient-ils préféré un album «normal» de Hammill, peut-être n'aiment-ils pas l'agencement, avec ces ballades groupées entre des blocs plus agressifs. La production est pourtant homogène, Hammill était devenu assez fort en la matière, et l'adaptation des anciennes chansons pour le présent dessein est remarquable, faisant de Nadir's Big Chance un formidable recueil, aux transitions moins choquantes à mon goût que sur In Camera. Certaines personnes sont sans doute gênées par le rôle de Hammill dans le punk, ou encore disent que ceci n'était qu'un échauffement avant la réunion imminente de VdGG. On peut d'ailleurs faire un parallèle entre la paire Pawn Hearts/Fool's Mate et la paire Nadir/Godbluff, toutes deux antinomiques et parfaitement complémentaires.

On pourrait à la limite contester la simplicité des chansons due à leur archaïsme, mais une personne objective devrait reconnaître que tout ceci est redoutablement bien conçu. Une bonne leçon de rock donnée au monde donc. Tel un dieu, Hammill a donné une certaine âme au prog et l'a reprise, bien involontairement, en tirant la goupille de la grenade punk... c'est en ça que l'art rock est plus général que le prog, la recherche y est bien plus globale, bien plus libre, sans a priori. L'art peut être tortueux comme il peut être tout simple, et Hammill a montré qu'il est capable de l'un comme de l'autre.

A lire aussi en ROCK par ARP2600 :


RUSH
Power Windows (1985)
Rush succombe-t-il au dieu argent ? certes non




PIXIES
Trompe Le Monde (1991)
Fin de leur première vie, punk et sombre


Marquez et partagez





 
   ARP2600

 
  N/A



- Peter Hammill (guitare, piano, basse, voix)
- Hugh Banton (basse, claviers)
- Guy Evans (batterie)
- David Jackson (saxophones, flûtes)


1. Nadir's Big Chance
2. The Institute Of Mental Health, Burning
3. Open Your Eyes (the Locarno Song)
4. Nobody's Business
5. Been Alone So Long
6. Pompeii
7. Shingle Song
8. Airport
9. People You Were Going To
10. Birthday Special
11. Two Or Three Spectres



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod