Qui aurait cru que Michael Schenker, 50 ans après ses débuts, parviendrait enfin à faire preuve de stabilité et de fidélité quant au line-up qui entoure son groupe TEMPLE OF ROCK ? Car, tenez-vous bien, cela fait près de cinq ans que la liste des musiciens qui gravitent autour du Mad Axeman n'a pas changé, une éternité selon les critères du guitariste qui change habituellement de collaborateurs comme de Flying V. Depuis cinq ans donc, la paire des vieux briscards de SCORPIONS, Herman Rarebell et Francis Buchholz, le fidèle homme de main Wayne Findley et celui qui fut un temps chanteur du groupe d'un autre grand caractériel (le RAINBOW de Ritchie Blackmore), Doogie White. Après 3 albums de belle facture, dont un Spirit on a Mission agressif et riche en riffs, le groupe a décidé d'immortaliser son concert à Madrid du 19 novembre 2015 pour donner une suite au DVD "Live in Europe" publié en 2012. Un livret peu fourni, peu de bonus, il est évident que cette nouvelle sortie ne doit pas être achetée pour ses à-côtés, mais uniquement pour le concert qui en constitue l'ossature. Un show d'excellente facture qui mêle les époques et les ambiances.

C'est par un véritable flashback que le concert débute, puisque "Doctor Doctor", habituellement joué pendant les rappels, est cette fois interprété d'entrée. Michael Schenker, tout sourire, tape dans les mains, harangue la foule, et semble, comme c'est le cas depuis la fin des années 2000, enfin heureux sur scène. La setlist, malgré cette sucrerie introductive, fait la part belle au répertoire récent du groupe, puisque "Live and Let Live", "Where The Wild Wind Blows" ou "Vigilante Man" ou "Before the Devil Knows You're Dead", issus des 3 derniers albums du groupe, côtoient les classiques "Lights Out", "Victim of Illusion" ou les reprises de SCORPION ("Coast to Coast", "Lovedrive"). Bien que ces titres figurent déjà, en partie, sur le précédent DVD, la setlist est suffisamment renouvelée pour que l'on redécouvre le TEMPLE OF ROCK avec un regard neuf. En intégrant dans son show quelques pépites de UFO ("Too Hot to Handle", "Natural Thing") et du MSG ("Attack of The Mad Axeman"), Michael Schenker propose en effet un show ultra-énergique, porté par une alchimie évidente entre les membres du groupe.

Une bonne dose de hard rock, exempt de toute ballade, donne à ce Live in Madrid un goût de manifeste, comme une preuve de vie, de Michael Schenker et ses acolytes qui, à 60 ans bien tassés (pour trois d'entre eux), restent porteurs d'une vitalité communicative. Volubile et sympathique, Doogie White fait le job sans forcer, se mettant le public dans la poche en quelques secondes. Et au final, le résultat s'impose comme un concert sans temps mort, sans fausse note, témoignage d'une grande vivacité de la part de ces vieux briscards du rock.