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Richard THOMPSON - Daring Adventures (1986)
Par MARCO STIVELL le 20 Septembre 2016          Consultée 1272 fois

Richard THOMPSON ne cesse pas de produire, et l'année 1986 permet de constater à quel point des changements peuvent survenir dans un temps réduit. Il ne s'agit pas encore de la maison de disques, mais ça ne saurait tarder. Polydor a produit le disque précédent qui n'a pas atteint les objectifs de vente, King Richard est donc sous pression lorsqu'il travaille sur Daring Adventures. Same old song, on connait le refrain...

Cet album qui se veut plus "commercial", THOMPSON l'enregistre aux Etats-Unis, à Los Angeles. Les prestigieux Sunset Sound Recorders ont abrité certaines des meilleures créations pour les films Disney (Mary Poppins, les 101 Dalmatiens), vu passer les BEACH BOYS pour leurs bruits d'animaux, les DOORS pour leurs deux premiers albums, les ROLLING STONES pour leur exil sur la grand rue et, deux ans plutôt, un petit prince qui chantait sous une pluie pourpre...

Richard THOMPSON se rassure avec la présence de musiciens britanniques (notamment son vieil ami John Kirkpatrick), mais pour le reste, il s'en remet à des requins de studio américains. Mickey Curry et Jim Keltner tiennent la batterie, et à la basse c'est Jerry Scheff, ancien bassiste du King Elvis PRESLEY et des DOORS. Surtout, notre guitariste démarre une longue collaboration (dix ans) avec Mitchell Froom, ancien producteur de CROWDED HOUSE, qui aura le temps d'agrandir son pédigrée par la suite (Suzanne VEGA, PEARL JAM, Paul McCARTNEY...).

C'est une période assez controversée parmi les fans du King THOMPSON, car beaucoup reprochent à Daring Adventures et aux quatre ou cinq disques suivants de sonner par trop américains. Il y a le pour et le contre. Face à un tel argument, on peut répondre aisément que la musique de THOMPSON a toujours révélé une influence américaine, depuis son premier album Henry the Human Fly, même avant avec FAIRPORT CONVENTION (qui vient juste de se reformer, en 1985). On le ressent ici avec « Valerie », un rock'n'roll des familles.

Justement, on en vient au "pour" de cet argument, l'idée qu'un morceau comme "Valerie" est taillé sur mesure pour plaire, avec un côté léger et direct que Richard a fort peu exploité jusque là. Un certain changement se fait ressentir dans les textes, que ce soit dans "Valerie" ou "Baby Talk", où il est beaucoup questions des filles de la nouvelle génération, de frivolité... Sans parler de la musique, esprit rock'n'roll passé aux années 80, rythmique d'acier sans synthé (l'orgue Hammond de Mitchell Froom est très présent). On pense à LOS LOBOS et leur reprise de "La Bamba", un an après. Ca fonctionne plus ou moins bien selon les moments mais, pour sûr, voilà qui est convivial !

En fait, Daring Aventures est assez fourre-tout. Alternant les tempos rapides et lents, THOMPSON enchaîne les répétitions de mots ("goo goo goo and coochie goo", "chi-chi", "semi-semi", "I'm wait-wait"...) sur tous les morceaux pour donner un effet accrocheur à ses chansons rock rétro/rockabilly, réussis sans être phénoménaux. D'autres part, il retrouve les misérables, le petit peuple anglais opprimé et ses vieux fantômes pour deux chansons magnifiques et que les fans retiennent beaucoup mieux.

La folk-song "How Will I Ever Be Simple Again", et surtout "Al Bowlly's in Heaven", dédiée au chanteur mozambicain et icône du jazz, sont de beaux exemples de nostalgie, évoquant les jours meilleurs et passés de ceux qui sont tombés en ruine. C'est un des titres les plus repris de THOMPSON par d'autres artistes. Il y a aussi la ballade country "Missie How You Let Me Down", et l'émouvant "Jennie", chanson sur un amour impossible. Les arrangements contiennent du thérémine, l'ancêtre du synthétiseur. La réalisation globale propose quelques détails de ce genre, auxquels viennent s'ajouter les chalémies/hautbois du reggae "A Bone Through Her Nose".

En tant que guitariste, THOMPSON est toujours au sommet, d'autant plus qu'avec le présence de Neil Dorfsman au mixage, on fait le parallèle avec Mark Knopfler (en pleine DIRE STRAITS mania). Simplement, on a l'impression qu'il s'est forcé à faire un album de 12 chansons sans être convaincu lui-même par l'efficacité de chacune. Il y a certes des pop-songs ("Nearly in Love", "Dead Man's Handle" et ses 12 cordes) et beaucoup d'idées prometteuses (le brumeux "Lovers' Lane" et ses cornemuses au clavier). En revanche, pas de quoi propulser Richard au sommet des hits-parades. C'est un disque bancal, et l'un des plus mauvais chiffres de ventes de sa carrière.

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   MARCO STIVELL

 
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- Richard Thompson (guitares, chant, mandoline, thérémine, hammered du)
- Mitchell Froom (claviers, thérémine)
- Jerry Scheff (basse, contrebasse)
- Mickey Curry (batterie)
- Jim Keltner (batterie sur 3, 6 et 12)
- Alex Acuña (percussions)
- Christine Collister, Clive Gregson (choeurs)
- John Kirkpatrick (accordéon, concertina)
- Philip Pickett (chalémie, cromorne, flûte à bec.)
- Chuck Fleming (fiddle)
- Brian Taylor, Tony Goddard (cornet)
- David Horn (cor d'harmonie)
- Ian Peters (euphonium)


1. A Bone Through Her Nose
2. Valerie
3. Missie How You Let Me Down
4. Dead Man's Handle
5. Long Dead Love
6. Lover's Lane
7. Nearly In Love
8. Jennie
9. Baby Talk
10. Cash Down, Never Never
11. How Will I Ever Be Simple Again
12. Al Bowlly's In Heaven



             



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