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Richard THOMPSON - Rumor And Sigh (1991)
Par MARCO STIVELL le 23 Juin 2017          Consultée 1270 fois

Rumor and Sigh, ou l'apogée du style américain de Richard THOMPSON, un King tout ce qu'il y a de plus british. Même les FLEETWOOD MAC, majoritairement anglais, avaient tenu à garder le second "u" de leurs "rumours", car "rumor" est l'appellation donnée outre-Atlantique. THOMPSON l'emprunte à un poème d'Archibald MacLeish.

King Richard franchit le cap des années 90 et cela se ressent dans la durée globale, bien supérieure à celle d'un vinyle auparavant. La créativité semble moins canalisée que sur les albums au son FM 80's comme Daring Adventures (1986) et Amnesia (1988). Dès le premier titre, on entend cette intro quasi-tribale où les guitares bourdonnent, font monter la puissance, et ensuite des tempos country fort plaisants jusqu'au solo de Strat final, impeccable et passionnant.

Mitchell Froom y joue du Clavioline autant que de l'orgue, preuve de l'importance des claviers toujours aussi forte durant cette période dite américaine de THOMPSON. Avec Jerry Scheff à la basse, Mickey Curry abat un boulot formidable à la batterie, et l'on sent un plaisir infini des musiciens à jouer des bluettes comme "Keep Your Distance" et surtout "I Feel So Good". Sons de Clavioline qui amène des éléments folk britanniques modernes et riffs multiples de guitares complètent un single potentiel et fort efficace, avec un King Richard très appliqué, côté chant.

Sur "Psycho Street", l'artiste rapproche des rythmes jazz-fusion, des effets de voix perturbée et un texte horrifique, la folie étant un terme central de l'opus. Vraiment étonnant, et c'est un euphémisme. Le batteur Jim Keltner y est employé tout autrement que durant son expérience éphémère avec les TRAVELING WILBURYS, le supergroupe des années 88 à 90 composé de Roy ORBISON, George HARRISON, Bob DYLAN, Jeff LYNNE et Tom PETTY, excusez du peu. De même, sur "I Misunderstood", il joue sur les toms et souligne l'une des mélodies les plus fines de THOMPSON.

Ces expériences se laissent plus ou moins apprécier, notamment "Psycho Street" qui est un titre inhabituel et constitue une fin d'album bien bizarre. La quasi-totalité de l'album est égale niveau réussite, malgré une durée pas toujours justifiée, de facto. Au moins, King Richard donne l'impression de faire ce qu'il veut, et le planant "Why Must I Plead" ou le texte mordant de l'intimiste "God Loves the Drunk" à l'encontre de certaines sectes s'inscrivent dans un ensemble au succès plutôt inattendu pour cet artiste qui le mérite depuis longtemps.

La guitare swingue joliment sur "You Dream to Much", rempli de percussions et de claviers rétro. "Don't Sit on My Jimmy Shands" mise davantage sur les violons et rythmiques folk, avec la participation du fiddler Aly Bain et de l'accordéoniste John Kirkpatrick, tandis que "Backlash Love Affair" met en exergue les instruments à vent anciens de Philip Pickett. Rumor and Sigh est, en cela, un disque très familial. Autre pièce marquante, "Grey Walls", sur un lit somptueux de Chamberlain (le cousin du Mellotron), distille des mots plein de folie et de discours anti-Thatcher.

Loin des excès, y compris dans les arrangements, il est amusant de savoir qu'une ballade à la guitare acoustique seule se hisse au rang de tube, l'un des morceaux les plus connus de ce calibre. "1952 Vincent Black Lightning", c'est le nom d'une moto rare et culte, chevauchée ici par James, un voleur qui aborde une jeune femme, Red Molly, et l'amène faire un tour... Cette romance en mode road-movie, narrée à l'anglaise par la voix grave du King sur un rythme folk américain (picking de début XXème siècle selon Richard) est d'un charme incomparable et d'une simplicité désarmante. Si THOMPSON est une institution musicale, c'est en partie grâce à cette chanson, listée par le magazine hebdomadaire Time en 2011 parmi son Top 100 toutes époques confondues. Red Molly donne aussi son nom à un groupe féminin. La classe intégrale, et bien plus !

Impression clairement positive pour ce disque à la pochette bariolée, chaleureux malgré certains textes froids, en tous points excellent !

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   MARCO STIVELL

 
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- Richard Thompson (guitares, chant, mandoline, vielle à roue)
- Mitchell Froom (piano, orgues, chamberlain, célesta, etc)
- Jerry Scheff (basse)
- Jim Keltner, Mickey Curry (batterie)
- Alex Acuña (percussions)
- Simon Nicol (guitare)
- Aly Bain (fiddle)
- Philip Pickett (chalémie, cromorne, douçaine)
- John Kirkpatrick (accordéon, concertina, choeurs)
- Clive Gregson, Christine Collister (choeurs)


1. Read About Love
2. I Feel So Good
3. I Misunderstood
4. Grey Walls
5. You Dream Too Much
6. Why Must I Plead
7. Vincent Black Lightning
8. Backlash Love Affair
9. Mystery Wind
10. Don't Sit On My Jimmy Shands
11. Keep Your Distance
12. Mother Knows Best
13. God Loves A Drunk
14. Psycho Street



             



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