J'entends encore le cri de Rob Halford sur les dernières notes de "Giants In The Sky", morceau de clôture (et sans doute un des meilleurs) du dix-neuvième album de la légende britannique, et j'ai l'impression du devoir accompli. Je dois faire partie de ceux qui ont fraîchement intégré la sectes des adorateurs de Judas dont le groupe de Rob Halford s'est fait le prêtre. C'est bien le formidable Firepower qui m'a mis le pied à l'étrier de canasson que je ne suivais alors que de loin et qui, comble du luxe à notre époque, m'a permis de découvrir ou redécouvrir une discographie variée dont le définitif Painkiller reste pour moi le champion.

Invincible Shield est un manifeste Heavy Metal qui plaira en premier lieu à ceux qui, comme moi, aiment le JUDAS 'bombastic' de 1990. Porté par un gros son, l'album se fait, c'est volontaire, un peu bas du front et, sur sa première partie, va au plus direct. Sans être 'génériques', les riffs déployés par le groupe émulent l'époque "Painkiller" sans l'égaler, et on a l'impression que dès que l'impérial Rob Halford se tait, il ne se passe pas grand-chose. Faux, tout faux, et la multiplication des écoutes nous confirme plutôt le contraire. L'énergie de Richie Faulkner, qui charbonne pour deux tandis que Glenn Tipton, diminué, n'a que peu participé aux enregistrements, est une bouée sur une mer déchaînée, et donne naissance à quelques pépites de haute volée : le riche et foisonnant "The Serpent and the King" en tête, même si les longues interventions des guitares sur le morceau-titre "Invincible Shield" valent le détour.

Solide sur ses appuis, JUDAS PRIEST balance son Heavy Metal sans se soucier des éclaboussures, l'explosif "As God Is My Witness" et son tempo rapide étant particulièrement savoureux entre les mains de ces vieux briscards qui semblent imperméables à la cruauté du temps qui passe.
Lorsque le groupe se fait plus rock'n'roll ("Gates of Hell") ou propose des sonorités plus mélodiques, avec un "Crown of Horns" qui n'est pas sans rappeler l'époque Defenders of the Faith, il se fait tout autant convaincant et savoureux.

La deuxième moitié de l'album n'échappe pas à quelques redites ("Escape From Reality" sur lequel Rob Halford singe le phrasé d'Ozzy Osbourne), mais offre également son lot de grands moments à l'image de "Giants in the Sky", dont le break acoustique est une des forces, le morceau se révélant au fil des écoutes pour s'imposer comme la conclusion idéale d'un album qui, comme Firepower il y a 6 ans déjà, fait de JUDAS PRIEST le groupe de pré-retraités le plus intéressant actuellement. Well done, lads.