Rendez-Vous est l’album événementiel de Jean-Michel JARRE. *gros soupir*

Inutile de réinventer l’eau froide et de dérouler une énième fois la genèse de cet album. Je préfère simplement dire que sa rapidité de réalisation n’est pas la seule raison du manque d’inspiration qu’il en émane. Rendez-Vous marque l’épuisement créatif de Jean-Michel JARRE. Tout sur ce disque pue la redite. Les nappes planantes du "Dernier Rendez-Vous"? Un pur décalque de "Oxygène I" et "Oxygène VI"! Le télescopage des trois parties du "Cinquième"? Trop "Oxygène V" pour être honnête, même type d'enchaînements (ballade puis thème séquencé), même position dans la tracklist. Les nappes au milieu de ce même "Cinquième"? Jolies au demeurant, mais déjà entendues et mieux mises en valeur par "Les Chants Magnétiques I". Le coup des inserts 'expérimentaux' (notez bien les guillemets) incongrus du milieu du "Cinquième"? Déjà fait avec le thème de "l’orchestre sous la pluie" au début de "Équinoxe VIII". Ce single stupide qu’est le "Quatrième"? Un héritier direct du déjà très douteux "Zoolookologie".

Passons rapidement sur la question des recyclages de Musique Pour Supermarché (1983) et des deux chansons de Gérard LENORMAN qui sont connues comme la blague de Paf le chien. Force est de reconnaître que les trois premiers "Rendez-Vous" forment un ensemble relativement cohérent et que l’intégration des deux vieux thèmes n’est aucunement problématique en soi − signalons au passage que JARRE a composé une troisième chanson pour LENORMAN, "La Fille Que J’Aime" en 1975. Enfin, Rendez-Vous a au moins le mérite de faire entendre le très bon "Musique Pour Supermarché III" dans une bonne qualité sonore. À ce sujet, même si Rendez-Vous est devenu le symbole de la ringardise eighties, sa production passe relativement bien, à l’exception bien sûr du gros tube tapageur susmentionné, qui ne préfigure que trop bien le terrible Space Opera (1987) de Didier MAROUANI.

Donc, il y a les "Premier", "Deuxième" et "Troisième Rendez-Vous" (je me sens un peu con en disant ça) qui forment une mini-suite de dix-sept minutes. Malheureusement, les thèmes de départ des "Deuxième" et "Troisième Rendez-Vous" ne cassent pas des briques et le reste n’est que déroulade pseudo-baroque boursoufflée. SYNERGY a déjà fait dix fois mieux en matière de néo-classique électronique, avec "Disruption In World Communications" (Cords, 1978). Surtout, Jean-Michel JARRE nous assène un pseudo-climax ridicule et insupportable à la fin du "Deuxième", avec la participation des chœurs de la Maîtrise de Radio-France (rien que ça). Boursoufflure quand tu nous tiens! La seconde face n’a aucune cohérence, et l’englobement des six morceaux sous forme de suite est totalement caduque. Enfin, le long solo de saxophone du "Dernier" n’est pas spécialement impressionnant ni très pertinent.

Même la pochette est du réchauffé! Le visage-planète de Michel Granger figurait déjà, dans une version légèrement différente, sur l’édition 1984 de la série de compilations Le Cadeau De La Vie*! Il a d’ailleurs réalisé quelques autres illustrations pour cette série à but caritatif.

Bref, ce disque est à mon sens l’un des plus surestimés que je connaisse.

*https://www.discogs.com/fr/release/4654570-Various-Le-Cadeau-De-La-Vie-10%C3%A8me-Anniversaire