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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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Ennio MORRICONE - Et Pour Quelques Dollars De Plus (1965)
Par MARCO STIVELL le 18 Janvier 2023          Consultée 2395 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Il y a tellement de BO's géniales, mais pas tant que l'on pourrait écouter les yeux fermés, dans sa tête, sans même que la musique joue sur disque, et tout en remettant à chaque fois tel moment entendu à telle scène qu'elle illustre. À ce niveau, je mettrai pour toujours Per Qualche Dollaro in Più/For a Few Dollars More/Et Pour Quelques Dollars de Plus (1965), deuxième grand oeuvre de Sergio Leone au sein de la fameuse Trilogie du Dollar.

Qu'Ennio MORRICONE reniât ses BO's western à cause de leurs thèmes les plus populaires, soit, mais à la réécoute, on y trouve tout ce qui fait l'essence de sa musique dans ses plus grandes disparités. Même dans ses penchants contemporains, bruitistes et minimalistes, avec notamment des thèmes comme "Mortimer & the Chest" suivi de "Discovered" (Aguacaliente, la nuit où le duo de protagonistes tente de dérober à l'Indien le magot de la banque, en vain), rondement menés par leurs tapis d'instruments, leurs cordes stridentes, leurs cors tâtonnants, les résonances quasi spectrales.

À la rigueur, seul "Slim Murdered" s'étend un peu trop sans parvenir à se hisser au même niveau de mélodie, d'ambiance géniale autant que glaçante, alors qu'on est dans la pure déconstruction musicale. Alors que "Prison Break", lancinant avec son couple célesta-marimbas, son balancement sur deux accords qui s'accélère quand l'Indien va être 'relâché', frôle la perfection en récompense à son économie. Sans oublier "The Wild One" en bandes inversées, avec la séquence du crime passé sur le personnage féminin le plus important du film, absent dans la forme mais pas dans le fond. Rien qu'avec des morceaux comme ceux-là, définitivement ancrés dans le film, MORRICONE pouvait être fier dans ce qu'il avait de plus exigeant.
De même, à l'inverse, pour le blues sensuel de "Poker" joué staccato sur un piano punaise quand le Manchot s'invite au saloon, la note unique (un la, comme sur un téléphone fixe) en point d'orgue qui accompagne la préparation au dernier jour de combat contre la bande de malfrats dans le village paisible.

On dit souvent qu'une suite ne peut être meilleure que le film original ; voici le contre-exemple parfait, et la troisième sera encore meilleure. Les quelques légèretés scénaristiques de Pour une Poignée de Dollars (1964) sont gommées pour donner place à plus de profondeur et un rythme bien mieux marqué (n'en déplaise à pas mal de critiques), la vendetta est remplacée par la vengeance. Le personnage du méchant à nouveau joué par Gian Marià Volontè, 'L'Indien' cette fois-ci, crève l'écran par sa folie, son instabilité, par opposition à Clint Eastwood, 'homme sans nom' ou bien le Manchot et as de la gâchette toujours aussi séduisant dans son demi-silence, son attitude de héros fantôme détaché, arrivant toujours là quand il faut, ou presque.

La vraie star de ce film, c'est Lee Van Cleef, alias colonel Douglas Mortimer, 'le tireur le plus formidable de la Caroline', lui aussi avec ses petits yeux de fer qui lui ont valu d'être engagé sans une seule audition par Leone, plongé dans l'urgence et l'indécision ; voyant son faciès en photo dans un catalogue d'acteurs américains, Sergio aurait dit d'instinct "c'est lui que je veux !" Et voilà Van Cleef, ancien second rôle de méchant régulier dans les westerns, propulsé comme star par un rôle qui figure au rang des meilleurs 'gentils' de l'histoire du cinéma ; hélas trop vite éclipsé par le méchant tout autant solide qu'il jouera dans le troisième volet de la Trilogie ! Mortimer est un homme mûr portant une armure légère sous son cache-poussière, employant le fusil Winchester. Un chasseur de primes empli de douceur paternelle pour son collègue Manchot qui n'apprécie guère de le voir marcher sur ses plates-bandes alors qu'il s'agit pour eux de tuer l'Indien, forte prime à la clef.

Trois traits de caractères différents auxquels il faut ajouter des seconds rôles marquants comme Niño (lieutenant 'maternaliste' de l'Indien, joué par Mario Brega), Groggy (ami électrique de l'Indien, joué par Luigi Pistilli) ou encore Wild le bossu, incarné par ce fou de Klaus Kinski. Et à cela, le désert andalou de Tabernas (tournage), les ruelles du Far West actives et les églises en ruines, les banques à délester de leurs coffres. Sans oublier la vengeance de Mortimer sur l'Indien, incarné par la petite boîte à musique dont la pureté du son fait l'identité de ce film autant que les sifflements d'Alessandro Alessandroni sur le thème principal. MORRICONE, plus encore que sur le premier volet, exprime tout le lyrisme dont il est capable.

Cette boîte à musique, ou "Watch Chimes" dans la B.O, incarnée par un célesta (clavier au son pur), elle définit les plus grandes tensions pendant les duels au revolver contre l'Indien, dans l'église d'abord avec les grands orgues mentionnant BACH et sa Fugue célébrissime au départ, mais aussi sa guitare nylon bourdonnante, parfumée de shamisen, des films de Kurosawa. Les idées se suivent et tirent tous sur la corde sensible. Quand MORRICONE reprend le thème à la toute fin pour remplacer l'orgue par la trompette, en écho au premier volet de la Trilogie, le résultat est trois fois plus beau. Notre compositeur se recycle lui-même et parvient toujours à étonner. Le plus fort, tandis que la boîte à musique résonne à jamais dans le coeur des convaincus, c'est que l'on en revient toujours néanmoins à la marque de fabrique des premières et dernières minutes de cette épopée.

Et dire qu'Ennio n'en (re)voulait pas, de ces sifflements, que son ami Sergio a dû insister ! Entre détente et lyrisme, rythme aux guimbardes, flûte à bec répondant à Alessandroni et à la guitare électrique, cloches tubulaires en fond, ce générique d'entrée et final, souvent cité au cours du film, surclasse à lui seul son glorieux prédécesseur, en richesse et en qualité. Le choeur d'hommes tribal détient ainsi son heure dès les premières minutes, tandis que les femmes s'illustrent sur celui des chevauchées, passant d'une séquence à l'autre après El Paso notamment.

Ce même dernier, ouvert par un riff de guitare délicat, est suivi par un cor anglais qui brode sur peu de notes, envolée modeste mais merveilleuse ajoutant à la gloire de MORRICONE dans ce qu'elle a de plus évidente. Pareil élément, pour conclure, s'entend sur "Goodbye Colonel", contemplation crépusculaire des plus poignantes, alors que tout est résolu, que les héros doivent se quitter (peut-être pour cela, en fait !). La montée du cor anglais, ce frère du hautbois, avec les cuivres militaires solennels et élégants, les cordes majestueuses, il y a là de quoi frissonner, verser une larme. Heureusement, les guimbardes reviennent vite pour redonner le sourire ! Tout comme le fait d'écrire ces lignes, de ne serait-ce que repenser à cette B.O et globalement ce film qu'elle suffit à raconter.

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   MARCO STIVELL

 
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- Ennio Morricone (compositions, arrangements)
- Alessandro Alessandroni (guitare, siffleur)
- I Cantori Moderni (chorale à 8 voix)
- Nicola Culasso (trompette)
- Franco De Gemini (harmonica)
- Bruno Nicolai (orgue)
- Edda Dell'orso (soprano)
- I Cantori Moderni Di Alessandroni (choeurs)


1. Main Theme
2. Watch Chimes (carillon's Theme)
3. Poker
4. Prison Break
5. Discovered
6. Chapel Shootout
7. Mortimer & The Chest
8. Slim Murdered
9. Indio & Nino
10. The Wild One
11. Indio's Flashback
12. To El Paso
13. Goodbye Colonel
14. Main Theme - Finale



             



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