Vous parlez d’un cauchemar ! Je me suis réveillé haletant, ruisselant, pris de panique au beau milieu de la nuit. Dans mon rêve, j’imaginais qu’un gamin des générations futures consultait la base de données de référence en matière de musique qu’était devenu Forces Parallèles pour en apprendre un peu plus sur Michael SCHENKER. Se laissant guider par les meilleures notations dans la discographie du guitariste allemand, le jeune curieux tombait sur ce Save Yourself, qui plus est également plébiscité par nos confrères de l’autre côté du miroir, chez NIME. Pauvre gosse ! Le cauchemar, je vous dis.

Je n’avais plus pris de nouvelles de MSG depuis la prestation fade que la dernière mouture du groupe avait donnée en première partie de DEF LEPPARD à Bercy en 1988. À tort ou à raison, il se disait que le guitariste était clean et on en venait malicieusement à souhaiter qu’il recède à ses démons pour retrouver son génie d’antan. L’ange blond arborait à cette époque des extensions capillaires et sa musique était à l’avenant de sa coiffure : artificielle. Un an plus tard sortait ce second volet de la collaboration Schenker-McAuley. Je me souvenais vaguement de la ballade « Anytime » et c’est peut-être la chanson qui s’en tire le mieux de l’album, on sait ces ritournelles racoleuses et on fait paradoxalement preuve d’un peu d’indulgence. Mais pour le reste ! Des compos formatées sans âme, agrégats de plans déjà bien éculés en cette fin de décennie, pour plaire au public ricain et qui font de la peine pour qui a aimé le flamboyant guitariste d’UFO (les trois dernières sont tellement caricaturales qu’elles en sont risibles). On peut se moquer à loisir du hold-up opportuniste réalisé par David Coverdale (avec les clips putassiers et les permanentes « parce qu’ils le valent bien ») mais le 1987 de WHITESNAKE qui sert ici de modèle ne boxe pas dans la même catégorie. On avait trouvé incongru que le Schenk rejoigne peu de temps après RATT pour terminer une tournée en remplacement de Robin Crosby parti en cure de désintox mais pourquoi pas après tout, tant qu’à faire fausse route et jouer du Hard US, autant le faire dans un des groupes phares à l’origine du style.

Dans un rare éclair de lucidité, Michael SCHENKER confiait dans une interview qu’il s’était forcé plus jeune à limiter ses heures de pratique de l’instrument pour ne pas trop développer sa vitesse, à ses yeux stérile. L’interview date de 1988 où il fait bien sûr tout le contraire et rivalise avec les shredders pour la descente de manche la plus rapide. Je t’en conjure jeune curieux de mon rêve, obéis à l’injonction du titre de cet album, sauve-toi et plonge-toi dans la discographie d’UFO entre 73 et 79, tu y découvriras un guitariste prodige alliant phrasé unique, sens mélodique quasi lyrique et choix de notes singulier. Peut-être le plus grand guitariste de hard rock. Et laisse-moi dormir.