Deuxième EP d'Hugues AUFRAY et totalement dans la lignée du premier, à s'y méprendre. Mis à part un détail de marque, la préface du disque au dos, élogieuse, écrite et signée de la main d'un ami, Charles AZNAVOUR. En plus d'une pochette séduisante, cela ne pousse pas les ventes pour autant, et comme beaucoup de chansons de l'époque, celles-ci ne se feront connaître vraiment qu'en étant réunies sur des compilations.

AUFRAY est toujours soutenu pas l'orchestre de Jean Bouchéty, mais avec plus de caractère, de force jazz insufflée à travers les arrangements. Tandis que la contrebasse, la batterie et le piano tiennent l'ensemble, les vents répondent au chanteur, que ce soit sur "Nuit d'hiver" et "La complainte de Mackie", textes imprégnés d'une certaine âpreté, tantôt contemplatifs, tantôt rudes (le morceau-titre parle de meurtre, de viol...).

"Nuit d'hiver" est une chanson donnée par Charles TRENET en personne, dont on apprécie le ton "smooth", chaleureux, doux. Autre nom connu, celui de Georges MOUSTAKI, affilié pour partie au "Jugement dernier", avec ses références bibliques, plutôt bien écrit mais qui peine à remporter les faveurs. Le solo de sax final, la mélodie exotique annoncent les futures années yéyé, contrairement à "La complainte de Mackie", totalement "rive gauche". La véritable transition se fait au cours de l'année suivante...

Reste d'ailleurs, et encore une fois en troisième position, le texte militaire et la musique qui va dans le même sens, choeurs, fanfare... Du jazz détendu avec les clarinettes qui citent le "Stars'n'Stripes", l'hymne américain pour introduction, mais côté paroles, le registre populaire rime ici avec mer. On ne sait pas encore combien elle va devenir si chère à Hugues AUFRAY, et pourtant, sous couvert d'intégrer la Marine, il le chante déjà. Pas de doute, au milieu de tout cela, c'est bien lui le meilleur. Sa voix – décrite comme si particulière par AZNAVOUR - est son point fort !