C'est le troisième album que Hugues AUFRAY consacre à Bob DYLAN, moins de 15 ans après le dernier en date. On pourrait penser de prime abord que cela commence à faire beaucoup, mais d'une part il garde son rang de pionnier de la folk et son amour pour le Zim n'a jamais été ni modéré ni forcé. On se le remémore de plus belle en écoutant le premier titre qui donne son nom à l'album, "New Yorker". Des images de jeunesse encore dans les années 60, New York en 1962, Paris en 1963, Londres en 1966, la rencontre avec DYLAN (et aussi DONOVAN), sont contées avec émotion par notre cow-boy marin qui fête ses 80 ans en 2009.

Et en plus de la pochette où Hugues AUFRAY nous dévoile son choix pour le moins compréhensible de sculpture en bronze, à savoir la tête du Zim, c'est une formule assez différente qui nous est présentée ici. On connait déjà toutes les adaptations présentes sur l'album Trans Dylan de 1995 (pour les nouvelles seulement, sinon c'est Chante Dylan de 1965 bien sûr) mais la plupart du temps, il s'agit d'un album de duos.

ARNO et sa voix rauque de Belge buveur de bière sur "Au coeur de mon pays", bien placée dans un registre country, côtoient la fragile douceur de Laurent VOULZY sur "Mr l'homme orchestre", toujours pépère. Un peu plus loin, "L'homme dota d'un nom chaque animal" convient forcément à Alain SOUCHON, tandis que Francis CABREL se prête au jeu du picking "Dans le souffle du vent", sans trop de surprise.

Mieux encore : un Eddy MITCHELL très touchant et inattendu sur "La fille du Nord" (le dernier couplet en choeur avec AUFRAY particulièrement), réorchestré avec finesse et davantage de variations musicales. J'aime assez la voix teintée de soul de Bernard LAVILLIERS sur "Knock Knock...", de quoi apporter un bonus à cette chanson entendue au-delà de l'envi. Difficile toutefois d'égaler "Jeune pour toujours", promenade folk très plaisante en compagnie de Johnny HALLYDAY, les deux voix se complétant à merveille.

Après, même si le disque demeure intéressant, il comporte aussi des idées et interprétations moins convaincantes. L'influence negro-spiritual est joliment employée sur "Nous serons libres" avec l'aide du Sénégalais Wasis DIOP, au contraire de la présence de PEP'S qui a besoin de citer son propre tube "Liberta". Dider WAMPAS balance sa répartie punk à AUFRAY sur les situations cocasses de "Tout le monde un jour s'est planté" au milieu d'une fanfare New Orleans, mais le résultat n'est pas top. Les cuivres reviennent d'une autre manière sur la nouvelle version de "Tu dois servir quelqu'un", plus fidèle à l'originale de DYLAN, mais je leur préfère de loin celle de 95.

Déception encore et qui cette fois concerne les invitées, au féminin donc. Jane BIRKIN est gentille comme d'habitude sur "Tout comme une vraie femme". Et même si la fragilité de "N'y pense plus, tout est bien" reste palpable, Carla BRUNI fait ce qu'elle a toujours fait en chanson, telle qu'on pouvait ne pas l'apprécier bien avant son mariage présidentiel. C'est dommage car ce New Yorker aurait gagné mieux, en choix d'interprètes ou en habit musical. Certains réarrangements fonctionnent, mais il y a aussi ce son années 2000 qui manque de relief, à l'instar d'autres disques variété.