AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

À la suite de Over The Top en 1987, Giorgio MORODER rempile l’année suivante avec les bandes originales de deux films, Mamba et Another Way. Œuvre du réalisateur italien Mario Orfini, Mamba, également connu sous le titre Fair Game, est un thiller en huis-clos mettant en scène un programmeur maniaque enfermant par jalousie sa compagne dans un loft avec un mamba, réputé plus dangereux serpent du monde.

Mamba, l’album, réitère la recette des bandes originales de Giorgio MORODER depuis 1983 (ainsi que Foxes) : un mélange de chansons et d’instrumentaux, avec quelquefois des compositions présentes en versions chantée et instrumentale. Au contraire des albums précités, les deux faces de Mamba sont nettement scindées entre les deux catégories de morceaux. Aucun double emploi de thème n’est à signaler, ce qui ne gage cependant pas de la réussite de l’album.

Et là… ça coince. Il ne reste plus rien de la fièvre disco ni des encore inventives expériences électroniques du début des années 1980; Giorgio MORODER a pour de bon versé dans une pop électronique digitale. Bien que j’apprécie les sonorités singulièrement cassantes et métalliques du synthétiseur Roland D-50, Giorgio MORODER ne les transcende pas le moins du monde, avec force sons d’usine prêts à l’emploi alignés sans inventivité ni même originalité. Cela vaut pour les chansons comme pour les instrumentaux. Nous pouvons certes nous raccrocher à quelques titres efficaces, tels le thème principal, "Chase", "Singing To The Sky" avec Edie Lehmann ou encore "One On One" avec Joe Pizzulo.

Le seul titre véritablement digne de notre attention est un autre instrumental, "Suspense", où Giorgio MORODER parvient à faire monter la tension, en entretenant une harmonie anxiogène et en plaçant judicieusement les effets sonores, un bon exemple des belles ambiances électroniques froides de l’époque. Le reste n’est guère intéressant, le reggaeoïde "Heaven Now" est un peu ridicule, et les trois ballades restantes sont affreusement lénifiantes et insipides – comme souvent dans ce genre de disque.

Rien de remarquable à l’exception d’un morceau. Il n’est guère trop la peine de s’attarder sur ce disque. Nous sommes bien loin de la réussite de Scarface, Flashdance et Metropolis. Le savoir-faire de Giorgio MORODER lui permet tout juste de survivre, mais son génie s’est bel et bien envolé.