La bonne blague! Giorgio MORODER qui essaye de se recycler dans l’eurodance! Ayant miraculeusement survécu au tournant des années 1990 avec un To Be Number One somme toute honorable, Giorgio a tenté de remettre une pièce dans la machine et… a perdu.

Forever Dancing est sorti à un moment peu propice, le cul entre deux chaises. La musique électronique, dans son versant dansant, est alors écartelée entre des gimmicks eighties fânés et un courant trance encore balbutiant. D’une part, nous trouvons encore des presets bien caractéristiques des années 1980, parmi lesquels les fameux samples de voix éthérés du Fairlight CMI ("I Can See You Dancing", "Forever Dancing", "Boogie Oogie Oogie") ou certains sons cristallins du Roland D-50 ("So Long"). D’autre part, les rythmiques sont tout droit sorties des vieilles scies de l’eurodance d’époque, qui manquent singulièrement de punch. Giorgio MORODER aurait pu tenter quelque chose s’inspirant de la techno hardcore, comme l'a fait Doris NORTON la même année, ça aurait pu faire son effet. En l’état, les beats sont mollassons et ne cassent pas trois oreilles à un canard. Nous devons bien entendu subir des cuivres et pianos synthétiques, LES fameux faux pianos raides comme des piquets (allusion-free guaranteed), également caractéristiques de cette époque. À noter toutefois les orchestra hits qui brillent par leur absence. Il va sans dire que le tout est complètement plat du début à la fin, sans dynamique aucune, et sonne cruellement ringard quoique reste plus agréable que la majorité de l’électro mainstream actuelle (cf. Déjà Vu, 2015).

L’album est constitué de dix-neuf morceaux enchaînés, d’où son titre, en quelque sorte un retour aux grandes suites façon From Here To Eternity ou Philip Oakey & Giorgio Moroder. Mauvaise idée… Les instrumentations ultra-synthétiques et les mélodies qui se ressemblent les unes les autres, ainsi ressassées sur quarante minutes, en deviennent redoutablement indigestes. Rien de mémorable donc, sinon des ballonnements abdominaux, une pochette tout bonnement hideuse, un chant surjoué, des textes anodins et quelques morceaux d’un ridicule achevé, tels le variétoche "It’s A Crime", le simili gospel "It’s In The Book" complètement téléphoné, la reprise dénaturée du fameux "I Feel Love" de Donna SUMMER, ou encore "Shake Your Booty". Alors là, on en tient un beau. Allez, on twerke sur la piste, on fait bouger son cul-cul! "Shake Your Booty" est d’une anacribie crasse, le clou du ridicule étant enfoncé par un lead pétaradant et les Shake, shake, shake frénétiques des chœurs, à se péter de rire.

Ce disque, aussi mauvais soit-il, a au moins le mérite de faire marrer un bon coup, ce qui n’est pas le cas de son lointain successeur Déjà Vu.